Lutte pour l’Alternance au Togo : Tikpi Atchadam « Si le peuple est debout et déterminé, il n’y a aucun problème pour arriver à notre résultat »

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Tikpi Atchadam, le président du Parti National Panafricain (PNP) qui a lancé la contestation au Togo, répond aux questions de TV5MONDE ce vendredi 25 août 2017, journée « Togo mort ».

Lutte pour l’Alternance au Togo : Tikpi Atchadam « Si le peuple est debout et déterminé, il n’y a aucun problème pour arriver à notre résultat »

Le Parti national panafricain (PNP) et d’autres forces d’opposition avaient appelé les Togolais à rester chez eux ce vendredi 25 août 2017 pour protester contre le régime du président Faure Gnassingbé, six jours après que des manifestations ont été violemment réprimées.

TV5MONDE : Où êtes-vous actuellement ?

Tikpi Atchadam : Je suis dans un endroit sûr, je me suis fait un peu discret. Je suis parti pour le moment.

Êtes-vous entré en clandestinité ?

Pas tout à fait. Je me suis fait discret, vu l’évolution des événements. Vous savez que le secrétaire général du parti a été arrêté. Ils continuent de s’en prendre violemment à nos militants dans les maisons, où ils entrent.

Vous sentez-vous en insécurité aujourd’hui ?

Tout à fait. Je crains pour ma vie.

Le gouvernement togolais vous reproche de tenir des discours haineux à raisonnance ethnique, et de mobiliser votre communauté d’origine, les Tems. Que répondez-vous à cela ?

Je renvoie tout simplement ceux qui tiennent de tels propos à mes discours. Tous les discours que j’ai tenus. Que l’on me réécoute. Et les discours que nous tenons à notre siège chaque samedi. Les renseignements sont à nos réunions, ils sont à nos meetings, ils nous enregistrent. Je renvoie ceux qui tiennent ces discours à mes discours. Tout simplement.

Quelle suite allez-vous donner à votre action ?

Aujourd’hui, la suite de l’action n’est plus une action du seul PNP. C’est une action qui va être décidée, menée et conduite jusqu’au bout par le peuple togolais. Et vous voyez qu’aujourd’hui l’ensemble de l’opposition se retrouve pour la suite à donner. Oui, l’avenir sera clair sur les actions à mener par l’ensemble de l’opposition.

Je reviens sur cette question ethnique. Avez-vous jamais rencontré un panafricaniste ethniciste ? Cela n’existe pas ! Je vois même des montages dans les journaux. Des montages grossiers, où vous voyez quelqu’un en rouge qui tient une arme, soi-disant arme arrachée par un militant du PNP des mains de la gendarmerie. C’est archi-faux, c’est un montage grossier. Si j’avais le temps je pourrais détailler les défauts de ce montage.

Il vous est tout de même reproché d’utiliser votre base à Sokodé et d’agiter les frustrations ethniques. Vous vous inscrivez en faux à ce sujet ?

Moi je suis adepte de Cheikh Anta Diop. Le parti s’appelle Parti national panafricain. Avez-vous jamais rencontré un panafricaniste tribaliste ? Et puis il faut réécouter mes discours ! Je les renvoie à mes discours. A chacun de mes discours. Qu’ils les décryptent, mot à mot. A Kara il y a eu du monde. A Lomé il y a eu du monde. Il n’y a pas que les Tems au Togo ! Nous avons manifesté dans cinq villes du pays et dans la diaspora. Est-ce qu’on est en train de me dire que dans les cinq villes du pays le peuplement c’est les Tems ? Et que toute la diaspora est tem ?

Pour vous, aujourd’hui, la contestation dépasse la communauté tem ?

Cela n’a jamais été une question de la communauté tem ! Nous avons créé un parti panafricain ! Qui va s’intéresser à une ethnie ? Alors que dans le même parti on enseigne aux Togolais que tous les Africains viennent tous du Nil ? Alors nous créons un parti panafricaniste pour traiter des questions ethniques ? Ce serait rétrograde ! Si les Etats-nations n’ont pas fonctionné, ce sont les Etats-ethnies qui vont fonctionner ?

Est-ce que le reste de l’opposition vous suit dans votre combat ?

Aujourd’hui cela n’est plus notre démarche. C’est une démarche commune. On ne peut même pas dire : « Est-ce que les autres suivent ? » Non ! Nous nous sommes dessaisis de l’action, et c’est une action commune à l’opposition aujourd’hui. Ce n’est plus une affaire du PNP. C’est une affaire des Togolais, gérée et pilotée par l’ensemble des partis d’opposition qui sont en train de se battre pour la liberté dans notre pays.

Jean-Pierre Fabre, le chef de file de l’opposition, vous a-t-il appelé depuis le début des événements ?

L’avenir sera plus clair sur cette question que vous posez. En tout cas, nous sommes ensemble. Il y a une synergie d’ensemble au sein de l’opposition aujourd’hui. C’est ça qui est important.

Est-ce que Jean-Pierre Fabre vous a appelé depuis les événements ?

Nous échangeons, nous échangeons, nous échangeons… Et l’avenir répondra plus clairement à cette question. De toute façon nous sommes ensemble. Jean-Pierre et moi, nous sommes ensemble en tout cas. Avec les autres aussi de l’opposition, pas que nous deux.

Jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?

Si le peuple est prêt, il n’y a pas d’objectif que nous ne puissions atteindre. Si le peuple est debout et déterminé, il n’y a aucun problème pour arriver à notre résultat, c’est-à-dire la Constitution de 1992, et le droit de vote de la diaspora ! Ou alors, il faudra que ce régime parte s’ils ne sont pas prêts à accepter ces revendications somme toute légitimes !

Propos recueillis par Emmanuelle Sodji et Ilhame Taoufiqi

Source : TV5MONDE

27Avril.com