Lutte pour l’alternance au Togo : La question de la transition politique

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30 ans de lutte politique face à un clan qui s’est accaparé de tout dans le pays depuis 50 ans. Malgré les nombreuses tentatives, parfois au prix du sacrifice ultime, l’alternance reste chimérique. Face à cette situation, certains acteurs et autres observateurs proposent une transition politique. Après tant de nuits obscures, cette solution peut-elle constituer un succès collectif qui illumine l’histoire togolaise d’une lumière nouvelle ? Analyse !

60 ans après son indépendance, le Togo reste sur l’orbite d’un pays sous tension politique quasi permanente. Seul pays à n’avoir jamais connu d’alternance politique, pacifique et démocratique en Afrique de l’Ouest, le Togo a une histoire politique particulière. Mais ce n’est faute d’avoir essayé. Plusieurs enquêtes d’opinion ont clairement montré que le peuple togolais a soif d’alternance. De 1991 à 2017 en passant par 2005, toutes les tentatives pour l’avènement de l’alternance ont échoué. Malgré tout, les forces vives du pays cherchent toujours la bonne formule pour une transition démocratique réussie.

La solution transitionnelle…

En juin 2018, après le Forum des forces vives tenu le 15 juin 2018, le Front citoyen Togo debout (FCTD) a remis un mémorandum à la Représentation de la CEDEAO au Togo. Une mémorandum qui insiste sur la nécessité d’une transition politique qui pour cette organisation « constitue une étape de rupture et de réconciliation » devant « marquer la fin des turbulences sociopolitiques générées par la mal gouvernance et ouvrir la voie à une ère caractérisée par plus de liberté, de démocratie et de responsabilité ».

Deux ans plus tard, le FCTD persiste. Pour Togo debout, cette solution qui a fait ses preuves dans d’autres pays, «s’impose désormais comme la seule alternative crédible, pacifique et durable pour mettre fin à la crise, aux bouleversements politiques que connaît notre pays le Togo, avec comme conséquences, entre autres, le cycle infernale de violences et de violations répétées des droits de l’homme ».

Le Mouvement dirigé par le Professeur David Dosseh n’est pas le seul à prêcher cette solution. En Effet, d’autres organisations comme le Collectif pour la vérité des urnes-diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA) vante aussi cette solution. Ce collectif propose lui aussi « une période de transition dans laquelle le peuple togolais pourrait trouver son intérêt et soutenir un projet de société commun, transition conduite par des personnalités indépendantes du pouvoir actuel qui a privé la grande majorité des togolais et togolaises du droit au bonheur sur la terre des aïeux, ce dans son propre pays ».

Des partis politiques soutiennent aussi cette option. En février dernier, dans un communiqué où il réfute les résultats de l’élection présidentielle du 22 février 2020, le Parti des Togolais a indiqué qu’il demeure convaincu que le Togo a besoin de jouir d’une période de transition afin que tous les Togolais contribuent à la construction des fondements d’une communauté nationale pour un vivre-ensemble harmonieux. Une solution très tôt défendue par le Parti national panafricain de Salfou Tikpi Atchadam et d’autres acteurs comme Djimon Ore patron du Front des patriotes pour la démocratie (Fpd).

A la lumière de ce qui précède, la transition politique est la panacée identifiée à ce jour pour sortir le Togo de l’impasse dans lequel il s’est englué depuis des lustres. Mais cette solution ne plaît pas à tout le monde.

Des réserves sur la transition politique…

En effet, selon certains observateurs de la scène politique togolaise, la transition politique n’aurait pas toutes les chances d’aboutir. Et pour cause, pour qu’une transition politique soit une réussite, « elle doit instaurer une rupture avec le passé », explique un observateur. « On a l’habitude, par exemple, de dire que la transition est un processus de réforme. Mais il ne faut pas oublier que sous certains aspects, ce processus entraîne des ruptures », laisse -t-il entendre. A l’en croire, à l’état actuel, certains caciques, des « jusqu’au-boutiste » du pouvoir sont contre « toute rupture ».

Autre obstacle, les manœuvres dilatoires du pouvoir togolais. En effet, le régime de Faure Gnassingbé s’est spécialisé sur « des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient ». Plusieurs accords signés par le passé sont devenus « caduques », selon les hauts cadres du pouvoir.

Selon Me Jean Degli, la transition ne se décrète pas. «Le problème c’est que vous ne pouvez pas demander à un régime qui se sent fort, qui se sent conforter (…) de faire une transition. Dans tous les pays où il y a transition, c’est qu’à un moment donné ceux qui sont au pouvoir ont été sécoué», a-t-il dit. Pour lui, parler actuellement de transition est tout simplement une «utopie».

Pour un autre observateur, la réminiscence de certaines pratiques du passé serait aussi un sérieux handicap à la bonne marche de la transition. Ils pointent notamment du doigt le recours aux dessous de table qui régi la vie politique du pays.

Tout compte fait, la transition, pour être démocratique, doit reposer sur un consensus et des garanties d’applications des accords autres que de simples volontés affichées. Compte tenu de l’absence de crédibilité du régime de Faure Gnassingbé sur le respect des engagements précédents, un contrôle sera indispensable afin d’éviter de tomber dans la technique du « gagner du temps », si chère au système en place depuis plus de 50 ans. Ceci pour éviter une transition permanente et interminable.

Source : Fraternité [ fraternitenews.info ]

Source : 27Avril.com