Des milliers de partisans du dirigeant de l’opposition kényane Raila Odinga se sont rassemblés, mardi 30 janvier à Nairobi, pour une cérémonie d' »investiture » trois mois après l’élection présidentielle où Odinga affirme que la victoire lui a été volée.
L’annonce de la cérémonie d’investiture du « président alternatif » avait fait craindre des violences, la police ayant averti qu’elle l’empêcherait. Mais les forces de l’ordre gardaient leurs distances, alors des milliers de personnes étaient réunis dans la matinée dans le parc Uhuru de Nairobi. Des policiers patrouillaient à cheval à distance du rassemblement et, selon des sources policières, les autorités ont décidé d’éviter une confrontation.
Les principales chaînes d’information du pays, qui devaient couvrir l’évènement, ont annoncé que leurs émetteurs avaient été coupés sur décision du gouvernement.
Raila Odinga, 72 ans, est un vétéran de l’opposition. Il affirme que des fraudes électorales l’ont privé de la victoire à la présidentielle à trois reprises et refuse d’accepter la réélection l’an dernier du président sortant, Uhuru Kenyatta, après des mois de troubles où, selon des défenseurs des droits de l’Homme, 92 personnes ont été tuées.
Un premier tour avait eu lieu le 8 août, remporté par ce dernier, mais le résultat avait été annulé par une décision historique de la Cour suprême et un nouveau scrutin avait été organisé le 26 octobre. Affirmant que l’élection ne serait pas honnête, Raila Odinga avait boycotté le vote et Uhuru Kenyatta l’a emporté avec 98 % des voix.
« Un évènement pacifique en total respect de la Constitution et de la loi »
« Nous voulons organiser un évènement pacifique en total respect de la Constitution et de la loi », a affirmé un communiqué de la coalition d’opposition, la Nasa. Elle a toutefois averti les autorités qu’elle irait de l’avant, « quoi qu’il advienne ».
Le procureur général Githu Muigai avait pourtant averti le mois dernier que toute « investiture » équivaudrait à une trahison, soulevant la possibilité d’une arrestation de Raila Odinga à haut risque.
Depuis son boycottage de l’élection d’octobre, la Nasa a eu pour stratégie de contester la légitimité du président Kenyatta en cherchant à créer des structures de gouvernement parallèles. Des « assemblées du peuple » se sont réunies dans certains comtés et l’investiture de Raila Odinga comme « président du peuple » doit marquer l’apogée du processus.
Source : www.cameroonweb.com