Libérer les Prisonniers Combattants de la Liberté et de la Démocratie : Mettre Fin à l’Autocratie et à l’Inhumanité du Système Gnassingbé au Togo

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Communiqué du 24 décembre 2021 adressé au Peuple Togolais
Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et
Collectif pour la Vérité des Urnes – Togo – Diaspora (CVU-Togo-Diaspora)
Contact : [email protected] qui transmettra.

De père en fils[1], ce depuis 1967, le trait commun du système Gnassingbé, outre le fait de bénéficier de l’appui de la France politique et d’un patronat françafricain, repose sur la gouvernance de l’arbitraire, l’intimidation et le silence imposé aux voix de contestation du système. Les résultats se déclinent en nombre de morts, de blessés, de prisonniers, politiques ou pas, avec ou sans jugement, et surtout un renforcement nauséabond des privations des libertés et des droits des citoyens.

1. Togo : Privation des libertés et violation des droits sous couvert du covid-19

Depuis le dernier soulèvement populaire du 19 août 2017, le régime dictatorial cinquantenaire des Gnassingbé ne cesse de se durcir en véritable Etat de terreur. Il multiplie les arrestations et détentions arbitraires de citoyens de tous bords. Sous le couvert d’une lutte contre la pandémie du coronavirus Covid19 et ses variants-mutants, le système Gnassingbé a trouvé une nouvelle justification pour renforcer sa politique de « l’omerta » des voies critiques. Il interdit systématiquement depuis deux ans tout rassemblement et toute manifestation pacifique, neutralise les voies de contestations judiciaires, tant au plan national qu’au plan régional et international grâce à l’influence prépondérante des réseaux ésotériques et à l’argent de la corruption. Autrement dit, les voies d’expression de la vérité et de jouissance des libertés au Togo relèvent d’un parcours de combattant, ce depuis 1967.

A la date du 20 décembre 2021 et sur 8,6 (8.617.130) millions d’habitants[2], 598.949 tests de laboratoire ont été effectués sur toute l’étendue du territoire national, soit 6,95 % de la population.

Le même jour, le Togo enregistrait son 245e décès liés au COVID-19 et à des co-morbidités, soit 0,0028 % de la population, loin des 70 % requis pour atteindre un semblant d’immunité collective. Le nombre total de personnes testées positives[3] au Togo est estimé à 26.678, soit 0,31 % de la population. Ce n’est donc pas la politique sanitaire suivie par Faure Gnassingbé qui préserve l’immense majorité population togolaise des dégâts du COVID-19, mais bien le recours à la pharmacopée africaine qui augmente substantiellement l’immunité individuelle et reste à la portée de populations à pouvoir d’achat faible ou vivant en dessous du seuil de pauvreté. Pourtant, depuis deux ans c’est sur la base de la lutte-anti-COVID 19 que la plupart des violations des libertés et des abus de droits et de pouvoir sont commis, souvent en plein jour, par des agents en civil ou en uniforme du système Gnassingbé.

Les citoyens innocents sont embastillés d’office par l’Etat Gnassingbé, conduits sans jugements, dans « les prisons togolaises, dont le taux de surpopulation carcérale qui était déjà de 164 % en 2016 », dépasse aujourd’hui les 300 % en 2021, dans des locaux vétustes et insalubres, occasionnant de « nombreux décès liés au manque d’accès aux soins de santé et aux carences alimentaires ». Décès dus également aux mauvais traitements et/ou à la torture comme l’ont souligné à plusieurs reprises plusieurs associations membres d’un réseau mondial de lutte contre la torture et autres violations des Droits de l’Homme, comme l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT)[4].

Ces méthodes d’un autre âge qui concourent à augmenter de manière exponentielle le nombre des prisonniers politiques sont désormais les armes qu’utilise le régime avec l’objectif de tuer toute velléité d’expression d’opinion ou de contestation de la part des populations ou pire de toute personne qui oserait porter une quelconque critique à l’encontre de la politique désastreuse du pouvoir.

Il ne faut d’ailleurs pas s’étonner que de nombreux Togolais et Togolaises conscients de l’impasse quant à leur avenir au Togo sous la gouvernance de Faure Gnassingbé, aillent rejoindre le flot des migrants. La migration nette cette année au Togo s’est élevée à plus de 2.367 personnes qui ont quitté le Togo pour d’autres cieux. Tant que la France d’Emmanuel Macron, mais aussi tous les tenants de l’immigration « Zéro » en France ou ailleurs continueront à soutenir des régimes militaro-civils fondés sur le coup d’Etat constitutionnel légitimé sur la base de la contrevérité des urnes, les pays occidentaux ne pourront que continuer à mentir à leurs peuples sur les véritables causes des migrations vers les pays faussement considérés comme des « eldorado » dans l’imaginaire de nombreux candidats à l’émigration.

2. Le droit Gnassingbé ou le droit de « faire taire » manu militari et par kidnapping

A la veille de l’année 2022, le régime Gnassingbé, au pouvoir usurpé, avec le concours et l’appui d’une justice sclérosée et corrompue, kidnappe, emprisonne, torture à tour de bras des citoyens innocents, des militants de partis politiques, des activistes, handicapés ou pas, et même des journalistes, censés être protégés par le code de la presse dépénalisé depuis 2004.

Non seulement la privation de liberté de ces vaillants togolais combattants de la démocratie est une violation des droits, mais l’intimidation qui s’en suit pour « forcer » ceux qui sont libérés à se « taire » relève de la tyrannie clanique. Faure Gnassingbé a transformé la pensée unique, qui caractérisait le fondement idéologique de l’ex-parti politique Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) de son père, en un véritable droit de « faire taire » que promeut aujourd’hui le parti de Faure Gnassingbé, UNIR. En fait UNIR ne signifie pas unifier la nation mais une caste au pouvoir. Cela constitue le seul moyen d’unir un clan constitué de ses partisans et des militaires autour de sa personne et son système. Certains partis politiques de l’opposition, certaines associations et même des citoyens zélés y compris dans la Diaspora finissent, volontairement ou par désillusion, par en accepter les principes, non sans en attendre des retours, parfois de type alimentaire.

De ce fait, le niveau de délation au Togo est l’une des plus importantes en Afrique au point de promouvoir l’application des « anti-valeurs » comme mode de gouvernance. Et la communauté occidentale, -dite internationale- s’en accommode dès lors que ses intérêts sont sauvegardés et que le Togo s’abstient ou vote en faveur des positions occidentales dans les différents organes des Nations Unies.

En effet, dès lors que le Togo paye ses cotisations, voire beaucoup plus, alors il n’est plus question de « déranger » sérieusement ce régime et son système. Autrement dit, il n’est pas plus question de condamner le Togo même en cas de violations graves des droits humains fondamentaux défendus en principe par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), la principale organisation des Nations Unies ; en principe chargée de promouvoir et de protéger les droits de l’homme pour tous, sauf quand il s’agit des opposants aux régimes autocratiques issus de la contrevérité des urnes en Afrique.

Selon l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), l’usage délibéré de la torture par les agents de l’État ont été documentés sous le principe : « Un pas en avant, deux pas en arrière[5] ». Il y est question de « l’usage excessif de la force par les agents de l’État lors des violentes répressions des manifestations au Togo, en utilisant parfois des balles réelles ». A ce titre, un des bras droits pour les basses besognes de Faure Gnassingbé filmé en 2018 avec un véhicule « militaire » immatriculé et un fusil en joue tirant sur une foule lors d’une manifestation n’a jamais été identifié, ni jugé, ni condamné. Il a été vu par plusieurs témoins en train de tirer, avec pour conséquence, la mort par balle d’un enfant de 11 ans, le jeune Moufidou Idrissou, qui ne participait pas à la manifestation. Cet assassin aurait « été » mis à la retraite et circulerait librement au Togo. La famille endeuillée est condamnée au silence des cimetières, une nouvelle preuve de la « gouvernance du « faire taire » de Faure Gnassingbé. De nombreux autres cas sont documentés et repris par les médias togolais[6].

3. Influence du peuple togolais sur l’election présidentielle française de 2022

Il en est de même dès lors que Faure Gnassingbé fournit des soldats aux forces dites de l’ONU comme au Sahel paradoxalement souvent sous commandement de responsables français. Il n’est d’ailleurs plus question de démocratie, de respect des droits humains, ou de rejet de coup d’Etat constitutionnel. Seuls les coups d’Etat militaires semblent trouver grâce si le nouveau « challenger » sied à la France, comme ce fut le cas au Tchad en 2021. Mais comment la France d’Emmanuel Macron, lui qui voulait faire « bouger les lignes », est-elle tombée si bas dans l’estime des peuples africains, notamment en zone franc ?

Étonnamment, cela pourrait conduire certains lobbies financiers à « changer » de cheval[7] lors des prochaines élections françaises prévues en Avril/mai 2022 tant l’image de la France en Afrique s’est détériorée grâce à l’attitude du Président français et de son ministre des affaires étrangères, ex-ministre de la Défense. La conséquence est que la non-compétitivité des entreprises françaises en Afrique est de plus en plus remarquée, et génère une forme d’import-substitution des produits français par des produits étrangers, essentiellement chinois, et bientôt turcs. Alors le patronat néocolonial doute de l’autorité de Macron au cours d’un second mandat.

Aussi, la non-résolution du cas « Togo », autrement dit, la préservation d’un président illégal et anticonstitutionnel, pourrait conduire le patronat français à « lâcher » Emmanuel Macron pour un autre candidat. Mais si Emmanuel Macron se décide entre temps de mettre fin au « droit de « faire taire » manu militari et par kidnapping » au Togo, alors il aura effectivement fait bouger les lignes au Togo. A défaut, la majorité du Peuple togolais fera le nécessaire pour ne pas subir « la loi » de celui qui les fait souffrir en « changeant les lignes » pour que tout demeure comme avant, la liberté et les respects des droits humains en moins.
4. CORROMPUS ET/OU CORRUPTEURS : FAIRE TREMBLER LE REGIME GNASSINGBE DEPUIS PARIS

Au Togo, sauf pour ceux qui sont tombés en disgrâce, il n’y a pas de prisonniers politiques issus des rangs du parti ou des Gouvernements de Faure Gnassingbé ou de son père, pourtant, c’est dans ce milieu que le parquet de Paris a pu identifier des noms qui ont permis à la justice d’établir le constat et qualifier la « corruption active d’un agent public étranger », et « l’abus de confiance », ainsi qu’identifier les véritables bénéficiaires à la tête de l’Etat togolais, en attendant les révélations fracassantes sur les noms des autres agents corrompus ou corrupteurs ou les deux au Togo[8], qui devraient faire l’objet d’un procès devant le Tribunal correctionnel, offrant ainsi l’occasion aux parties civiles togolaises de se manifester, et de corriger l’injustice et le manque à gagner pour le Peuple togolais, qu’a occasionné l’attribution des concessions portuaires à l’entreprise multinationale Bolloré S.E. et ses multiples démembrements, donc sans transparence, ni compétition effective.

La magistrate, Mme Prévost-Desprez a notamment argué que Vincent Bolloré, « président d’un groupe de réputation mondiale et représentant l’image de la France à l’étranger (…) porte gravement atteinte à l’ordre public économique [car ils ont] porté préjudice à la souveraineté de l’Etat togolais en altérant le fonctionnement régulier de ses institutions[9] ». Vincent Bolloré est notamment mis en cause pour avoir financé, par l’intermédiaire d’une filiale de son groupe, une mission de conseil et de communication auprès du président togolais, Faure Gnassingbé, dans le cadre de la campagne pour sa réélection à la présidence, en mars 2010. En contrepartie, le Tribunal correctionnel devra clarifier si c’est Faure Gnassingbé ou les membres de sa famille, forte de près de 50 frères et sœurs et autres parentés[10], ou encore ses représentants qui ont permis, sous forme de « don-contre-don », au groupe Bolloré mais aussi aux principaux responsables de cette entreprise multinationale, de se voir attribuer, sans véritable compétition, l’exploitation des concessions portuaires de la capitale, Lomé. Les bénéficiaires dérivés de ce réseau d’affaires pourraient être inquiétés lors de l’ouverture des scellés et gagneraient à convaincre Faure Gnassingbé à « plaider coupable » et prendre sur lui, l’ensemble de la responsabilité devant le tribunal correctionnel, vraisemblablement en 2022, de ce qui semble évoluer, passant de l’infraction au délit, puis éventuellement au crime économique.

Du fait de la lâcheté et de la complicité des autorités judiciaires togolaises avec le pouvoir des Gnassingbé, les corrompus ou les corrupteurs constituent les deux faces d’une pièce de monnaie coloniale que constitue le Franc CFA. Pourtant, en France, le phénomène a failli se reproduire tant les responsables de Bolloré S.E. et leurs avocats croyaient avoir balisé le terrain pour une justice négociée à des tarifs préférentiellement bas. La justice française s’est honorée grâce à la perspicacité de Mme Prévost-Desprez, l’une des nombreuses magistrates, encore une « femme ». Celle-ci a préféré rappeler que la justice française est basée sur des valeurs en refusant par la même occasion de tomber dans le piège des arrangements entre les tenants des anti-valeurs. Qu’elle soit remerciée à la hauteur de la forte portée symbolique de son geste de la part de la partie du Peuple togolais qui lutte avec détermination pour construire la démocratie au Togo. Peut-être sa perspicacité pourrait ouvrir la porte à une « contagion » positive au sein de la justice togolaise, voire même de la Cour de Justice de la CEDEAO, toutes deux, pour le moment encore trop sous influences des pouvoirs fondés sur les « anti-valeurs ». Peut-être la justice française pourra-t-elle contribuer à l’amorçage du mouvement pour mettre fin à l’autocratie du système Gnassingbé au Togo.

5. Violation des droits humains et des peuples au Togo

La vérité est que la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples est systématiquement violée par Faure Gnassingbé et ses agents au Togo.

Le nombre de prisonniers détenus sans jugements, dont certains kidnappés en plein jour par des agents du pouvoir qui cagoulent des citoyens innocents, dépasse l’entendement. Cela relève du gangstérisme.

Selon l’article 6 de la CADHP, « Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des motifs et dans des conditions préalablement déterminées par la loi ; en particulier nul ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement ».

Or au Togo, il y a d’après les informations des organisations togolaises de la société civile, plus de 1000 prisonniers défenseurs de leurs libertés et de la démocratie qui seraient arrêtés et détenus arbitrairement. Le problème est que les statistiques fournies par l’Etat togolais ne sont pas crédibles. Il y a au Togo des prisonniers « officiels », « officieux », « clandestins » et informels. Seul un recensement par des experts indépendants pourrait permettre de rétablir la vérité des comptes sur la réalité du nombre des prisonniers sans jugement au Togo. Ils et elles le sont sous des accusations annoncées plusieurs heures, voire plusieurs jours, après un kidnapping en plein jour et une arrestation manu militari, perpétrées par des policiers ou gendarmes en uniforme ou civil. Le Peuple togolais, excédé, n’hésite plus à qualifier les auteurs de ces violations de « lâches » car abusant du rapport de forces et des pouvoirs régaliens de l’Etat contre les citoyens togolais innocents, des violations qui se commuent parfois en crimes suite à des tortures inacceptables comme celles infligées à un citoyen européen/irlandais, M. Abdoul Aziz Goma[11] et ses co-accusés. Mais que dire du sort des nombreux prisonniers qui n’ont pas la chance d’être connus et d’avoir un ministère irlandais qui n’hésite plus à porter l’affaire devant les responsables de l’Union européenne afin d’obtenir des sanctions contre le Togo des Gnassingbé.

6. Violation du droit a la présomption d’innocence et du droit à l’information

Selon l’article 7 de la CADHP, « 1. Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend : a / le droit de saisir les juridictions nationales compétentes de tout acte violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus et garantis par les conventions, les lois, règlements et coutumes en vigueur ; b / le droit à la présomption d’innocence, jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction compétente ; c / le droit à la défense, y compris celui de se faire assister par un défenseur de son choix ; d / le droit d’être jugé dans un délai raisonnable par une juridiction impartiale. 2. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui ne constituait pas, au moment où elle a eu lieu, une infraction légalement punissable. Aucune peine ne peut être infligée si elle n’a pas été prévue au moment où l’infraction a été commise. La peine est personnelle et ne peut frapper que le délinquant ».

Or, au Togo, Faure Gnassingbé et ses services zélés, protégés par une situation d’impunité organisée, violent régulièrement le droit à la présomption d’innocence. Ni les tribunaux togolais, ni à fortiori ceux supranationaux sont à même de faciliter la condamnation de ceux qui, pour l’essentiel, les contrôlent sous diverses formes, confinant la justice du Togo à l’état de chimère, quand le juge et certains avocats ne jouent pas carrément le jeu du pouvoir en place. Quelle honte pour les juges togolais, pris collectivement ! Et ces juges sont censés dire le droit ? Mais de quel droit s’agit-il quand c’est le droit du plus fort, du plus violent qui triomphe avant même qu’un procès en bonne et due forme ne commence dans un cadre transparent… Bref, les organisations comme l’Union européenne ou les Nations Unies qui ont financé des projets pour l’amélioration du cadre juridique au Togo devraient commencer par faire un véritable « mea culpa ». Les fonds alloués n’ont en fait servi qu’à renforcer la perversité du système judiciaire togolais, n’ont pas permis de dénoncer la partialité, l’opacité et la non-transparence.

L’arrestation et l’incarcération de MM. Ferdinand Ayité, Directeur de publication du journal L’Alternative et de Joël Egah, Directeur de publication du journal Fraternité, suite à des allégations mensongères de l’Etat togolais relèvent d’une provocation liberticide de Faure Gnassingbé et de sa justice. Un journaliste au Togo est protégé par la Loi et ne peut se voir emprisonné pour des motifs sans preuves, ne constituant pas un délit de presse. En effet, si les deux ministres qui sont censés avoir porté plainte connaissaient le droit togolais, ils auraient demandé un droit de réponse qui aurait été publié en 1e page de ces journaux, si les faits reprochés constituaient de fausses allégations.

Ce n’est assurément pas le cas puisque le problème posé par les journalistes demeure : est-ce qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre la fonction de ministre d’un gouvernement et celui d’un responsable d’une congrégation religieuse, puisque le mélange du genre de type ministre-pasteur peut poser dans la pratique d’énormes conflits d’intérêts. En effet, les liens d’intérêts d’un représentant de l’Etat togolais avec des groupes de pression religieux ne peuvent qu’immanquablement entrer en conflit avec leur impératif d’agir pour le bien commun de la population. Au lieu de remercier les deux journalistes pour avoir relevé cette ambiguïté et la corriger, l’Etat togolais embastille au mépris de toutes les règles de forme, de procédure et de fond en droit.

Ce point est d’autant plus scandaleux que le délit de presse au Togo est encadré et ne peut, en aucun cas, donner lieu à un emprisonnement. Il s’agit donc d’une opération punitive de Faure Gnassingbé et de tous ceux qui se sentent visés par le travail des courageux lanceurs d’alerte togolais. Pourtant l’article 18 de la Constitution togolaise maintes fois modifiée unilatéralement par Faure Gnassingbé, stipule dans son article 18 que « Tout prévenu ou accusé est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite d’un procès qui lui offre les garanties indispensables à sa défense ». Rien ne s’oppose à la libération de ces deux journalistes ainsi que de tous les lanceurs d’alerte au Togo.

Selon l’article 9 de la CADHP, « 1. Toute personne a droit à l’information. 2. Toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et Règlements[12] ». En vertu de la présomption d’innocence inscrite dans la Constitution togolaise et dans la CADHP, la libération immédiate des deux journalistes s’impose et l’opération punitive de Faure Gnassingbé et ses agents zélés autant qu’ignorants du droit, doit s’arrêter. Il y a de fait, une violation du droit à l’information de la part de l’Etat togolais, du fait de l’arrestation arbitraire de journalistes accrédités et dans l’exercice de leur fonction. Les deux ministres ou ceux qui se cachent derrière ces deux ministres devraient savoir qu’ils peuvent déposer une plainte en diffamation auprès des tribunaux togolais et on verra bien s’ils gagneront leur procès. Mais « punir » en mettant en prison témoigne du niveau de barbarie atteint par ceux qui ne jurent que par l’urgent besoin de punir et de « faire taire » …

7. Opération punitive contre un handicapé, membre de Nubueke, mouvement citoyen

Là où Faure Gnassingbé et ses agents ignorants du droit témoignent de leur animalité et de leur inhumanité, c’est lorsqu’ils incarcèrent un activiste, handicapé de surcroit, militant du Mouvement citoyen Nubueké, à savoir M. Fovi Katakou. Comment une personne handicapée, qui ne bénéficie d’aucune aide de l’Etat togolais, peut être « accusé d’apologie de crime, de crime et délits, d’incitation à la révolte contre l’autorité de l’Etat » le 11 décembre 2021 ? Mais la honte et le déshonneur se conjuguant à l’ignominie du procédé, Faure Gnassingbé a fini par retrouver un brin de « chrétienté », peut être par peur d’être précipité dans la « géhenne avant l’heure» lors de son prochain voyage au Vatican, et a choisi de libérer M. Fovi Katakou le 20 décembre 2021 tout en le plaçant sous contrôle judiciaire par le procureur de la République[13].

Les opérations punitives ne se limitent pas à des personnes sans défense. Faure Gnassingbé a déjà sévi. Il suffit de rappeler le sort réservé à un activiste, membre de la Diaspora togolaise, accessoirement « Ambassadeur du Gouvernement d’Agbéyomé Kodjo en exil » qui de passage au Togo pour des raisons familiales, fut kidnappé et emprisonné en toute violation des droits du pays. Il s’agit de Jean-Paul Oumolou[14] dont la santé serait en train de se dégrader fortement suite aux traitements infligés par les sbires de Faure Gnassingbé. Un chef de parti politique, Djimon Oré, est aussi embastillé alors que rien n’empêche une procédure juridique de se poursuivre avec la personne en liberté jouissant de tous ses droits, en particulier celui de pouvoir organiser sa défense dans les meilleures conditions. Certains connus, d’autres de moindre notoriété, ils sont nombreux comme cela à subir l’abus de droit quand ils ne sont pas contraints à l’exil forcé.

Même une décision de la Cour de Justice de la CEDEAO exigeant sa libération immédiate au motif d’une procédure qualifiée d’abusive et injustifiée, n’a pas permis à Kpatcha Gnassingbé, demi-frère de Faure Gnassingbé, de retrouver sa liberté. Le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a également considéré que Kpatcha Gnassingbé et ses co-détenus étaient victimes de détention arbitraire, et que cette violation de leurs droits devait cesser. Cela en dit long sur le mépris que Faure Gnassingbé a pour les décisions de justice, au niveau national comme au niveau supranational. La déshumanisation du régime est à son comble et le Peuple togolais ne tardera pas à sortir de sa patience légendaire.

Les initiatives ou les manifestations au Togo pour demander la libération des prisonniers-innocents sont quasiment interdites et les responsables sous intimidation. Quelques initiatives se font à l’extérieur du Togo, au rang desquelles celles de la Coalition de la Diaspora pour l’Alternance et la Démocratie (CODITOGO)[15] basée à Paris.

8. Recommandations de RCDTI et CVU-Togo-Diaspora : libérer tous les prisonniers arbitrairement arrêtés et toujours detenus

S’il planifie en cette fin d’année et dans la période de Noël, de se faire « pardonner » ses péchés avec l’argent des contribuables togolais auprès du Pape François à Rome, Faure Gnassingbé devrait peut-être commencer par libérer tous les prisonniers politiques et s’acquitter d’une compensation pour violation de la Constitution togolaise, de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples.

Personne ne doit céder aux tenants des « anti-valeurs » et nul ne doit accepter le recul des droits et de la démocratie ou tout ce qui contribue à entraver son affermissement au Togo ou ailleurs dans le monde.

Dans son allocution à la séance d’ouverture du Sommet pour la démocratie aux Etats-Unis, dans les locaux du Département d’Etat à la Maison Blanche, le 9 décembre 2021, le président américain, Joe Biden a fait une annonce intéressante pour la défense des libertés et des journalistes indépendants[16].

RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA invitent tous les journalistes togolais à créer une organisation commune indépendante de Faure Gnassingbé pour défendre la liberté de la presse. Une fois cette structure créée qui pourra s’élargir à toutes associations et mouvements citoyens indépendants du système de Faure Gnassingbé, de soumettre une proposition sur les « fonds d’amorçage multilatéral pour les médias d’intérêt public » que les Etats-Unis sont en train de mettre en place pour soutenir les médias indépendants dans le monde entier.

Le Togo devra servir d’expérience pilote. Ce fonds a pour objet la « défense des journalistes contre la diffamation » et « la protection des journalistes d’investigation contre les poursuites futiles et injustifiées de l’Etat » illégal et illégitime qui visent à les empêcher de faire leur travail vital pour la vérité des urnes, la vérité des comptes publics, la vérité tout court.

Le 24 décembre 2021.

La Direction du :

Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et du Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA) en partenariat avec toutes personnalités ou structures de la société civile indépendantes.

Signataires : RCDTI, CVU-Togo-Diaspora, partenaires et sympathisants :

Yves Ekoué AMAÏZO, Dr.
Jean-Pierre Akoété BALIKPO
Ernesto D’ALMEIDA, Dr.
Mathieu D’ALMEIDA
Koffi DEKU, Ing.
François FABREGAT
Geneviève MOUTON
Antoine RANDOLPH, Dr.

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© RCDTI & CVU-Togo-Diaspora

Notes / Références : CVU-Togo-diaspora

Source : 27Avril.com