Lettre ouverte de personalités et amis du Togo pour l’avenir du Togo

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Adressée à L’exécutif togolais, aux partis politiques togolais, à la Diaspora togolaise, à la société civile togolaise, à la CEDEAO, à l’Union africaine, à l’Organisation Internationale de la Francophonie, à la Communauté internationale, aux Nations Unies, etc.

Pour retrouver le RESPECT DE LA SOUVERAINETÉ DU PEUPE TOGOLAIS

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, avons pris connaissance de la volonté du Gouvernement togolais, de maintenir la candidature de Faure Gnassingbé à la tête de l’Etat togolais au cours du mandat actuel 2015-2020 considéré comme usurpé par la grande majorité du Peuple togolais et sa Diaspora.

En effet, sur la base d’un vice de procédure constitutionnel, la Constitution originelle togolaise de 1992 fut unilatéralement modifiée par un pouvoir militaro-civil dirigé par la famille Gnassingbé et le parti présidentiel Union pour la République (UNIR), prolongement de l’ex-parti unique d’Etienne Eyadema Gnassingbé, le père de l’actuel Président du Togo, le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT).

C’est ainsi que malgré 27 « dialogues » entre l’inamovible pouvoir militaro-clanique et une partie de l’opposition, actuellement regroupée autour de 14 partis politiques dits « la Coalition des 14 », force est de constater qu’il n’a jamais été question de mettre en œuvre les recommandations des précédents consensus politiques, notamment les réformes constitutionnelles, électorales, institutionnelles et économiques. La conséquence est une augmentation constante des inégalités. Elles sont caractérisées par une concentration des richesses dans les mains de ceux qui acceptent la politique ségrégationniste du pouvoir actuel et une servitude volontaire pour justifier un niveau d’endettement du pays, dépassant les 80 % de la richesse nationale (produit intérieur brut (PIB) en 2018), sans contreparties en termes d’amélioration du bien-être des populations. Aussi, la grogne sociale et la colère qui s’amplifient ne sont maîtrisées qu’avec l’abus de pouvoir et l’abus de droit par le pouvoir présidentiel.

Paradoxalement et au moment de la parution de cette Lettre ouverte en début juin 2018, les populations togolaises souffrent de plus en plus de l’insécurité, de la recrudescence de la terreur de proximité par des milices affiliées au pouvoir en place, de la violence, de kidnappings notamment la nuit. Certains subissent des emprisonnements arbitraires par des éléments pas toujours identifiables et se présentant comme des représentants des forces armées togolaises.

Face à cette situation et l’alignement de certains partis politiques locaux, y compris de l’opposition, sur les exigences du pouvoir en matière de gouvernance politique et économique, le Peuple togolais a retrouvé un nouvel élan pour maintenir vivante sa longue lutte vers la démocratie au moyen de la vérité des urnes. Le marathon démocratique a repris ses droits, ce grâce à un sursaut du Président du Parti National Panafricain (PNP), M. Tikpi Atchadam qui, le 19 août 2017, a pu cristalliser des décennies de mécontentements face à l’arbitraire, l’impunité, la corruption et la contre-vérité des urnes.

Aussi, suite à 27 « dialogues » entre le pouvoir militaro-civil de la dynastie des Gnassingbé et du pouvoir hégémonique du parti politique présidentiel RPT/UNIR, il y a des échecs qu’il convient de ne plus répéter. Les Togolais et Togolaises ne peuvent être pris au piège d’initiatives dont l’efficacité reste aléatoire. D’autres alternatives doivent voir le jour. Le Peuple togolais ne fait que réclamer son droit à l’alternance politique et économique. Mais encore faut-il que des alternatives existent et lui soient offertes pour lui permettre de choisir. La liberté, c’est aussi le choix. L’indépendance, c’est le droit de choisir parmi des alternatives crédibles. Des simulacres de « dialogues » démarrés le 19 février 2018 sous l’égide du Président ghanéen, Nana Akufo-Addo, n’ont abouti qu’à trois séances effectives (19 février, 23 février et 23 mars) où seule, la Coalition des 14 partis a fait des concessions majeures et temporaires.

Le retour au respect de la Constitution de 1992 milite en faveur d’une transition sans Faure Gnassingbé et à fortiori à sa non-candidature en 2020 et au-delà.

Des personnalités libres de la Diaspora togolaise plurielle indépendante souhaitent, par une approche participative, offrir un nouveau contrat de confiance avec le Peuple et refonder la relation entre le Peuple souverain, ses représentants et ses institutions démocratiques et républicaines.
Pour ce faire, il importe de mettre fin à la non-séparation des pouvoirs entre les militaires et les civils dans la gestion de l’Etat. L’intégration des militaires togolais en politique a plutôt conduit à la neutralisation des partis politiques de l’alternance et au musèlement des organisations de la société civile, notamment dans la Diaspora. Les conséquences négatives sur l’économie togolaise sont multiples avec une impossibilité de procéder à des audits et de rétablir la possibilité de rendre des comptes des fruits de la croissance aux populations.

Comment vivre pacifiquement ensemble sur un territoire de 56 785 km2 avec au moins 9 millions de citoyens dont 2 millions dans la Diaspora qui n’ont jamais été recensés et auxquels le pouvoir togolais refuse le droit de vote ? La réponse tient dans la prise de conscience de la construction en commun de l’avenir de ce pays qu’est le Togo. Pour ce faire, il y a lieu de prendre conscience des responsabilités partagées, notamment avec les acteurs publics de ladite « communauté internationale », mais de plus en plus avec des acteurs privés issus des forces du marché et fondant leur politique sur l’achat des consciences.

Sur la base d’une liste longue et non exhaustive des pratiques autocratiques du pouvoir militaro-civil de Faure Gnassingbé caractérisé par au moins un coup d’État constitutionnel, des vices de procédure dans le choix du Président avec comme conséquence l’illégitimité du Président élu sur la base de la contre-vérité des urnes, il n’est plus possible d’accepter et de taire les abus divers de droits humains.

Selon la Constitution originelle de la 4e République du Togo adoptée par Référendum le 27 septembre 1992 et promulguée le 14 octobre 1992, ce coup d’Etat aurait d’ailleurs dû être considéré comme un crime imprescriptible selon l’article 150, alinéa 3 de la Constitution originelle de 1992, pour rendre inéligible Faure Gnassingbé aux élections présidentielles entachées de fraudes.

Toutes les « révisions constitutionnelles » unilatérales effectuées par la suite sont entachées de vice de procédure pour n’avoir pas été modifiées en respectant le parallélisme des formes juridiques. Il aurait fallu au moins un référendum pour crédibiliser les nouvelles révisions. Aussi, suivre la logique de l’exécutif togolais et du parti présidentiel à vouloir exiger un référendum pour une nouvelle Constitution amendée et entachée de vice de procédure serait une forfaiture. Les personnalités indépendantes du Togo et de la Diaspora ainsi que les amis du Togo ne peuvent être complices de tels agissements dolosifs.

Selon l’Article 59 de la Constitution originelle de 1992, « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats ». Selon l’Article 60 alinéa 1 « L’élection du Président de la République a lieu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours ».

Comme peut le témoigner d’ailleurs le rapport de la mission des Nations Unies publié le 26 septembre 2005, qui établit clairement la véracité des violences et des graves violations des droits de l’homme avant, pendant et après l’élection présidentielle du 24 avril 2005.

Les brutalités constatées contre le Peuple togolais y compris sa Diaspora sont trop souvent fondées sur l’abus de pouvoir et l’abus de droit, relevant de fait d’un système mafieux. Pourtant, en référence à la Constitution originelle de 1992 adoptée par référendum populaire à 97,6 % en 1992, ce Peuple pacifique ne fait que manifester pacifiquement et régulièrement pour demander le départ pacifique de Faure Gnassingbé.

Malgré les marches pacifiques, la population n’arrive pas encore à faire pencher la balance du rapport de force dans le bon sens, celui de la démission de Faure Gnassingbé et son système militaro-civil fondé sur l’arbitraire et l’abus de pouvoir. Parmi les causes, il importe de signaler la prégnance des appuis extérieurs au Togo, notamment dans le cadre de l’axe sécuritaire, qui, pour la communauté internationale, prime aujourd’hui sur la démocratie, la liberté et l’autodétermination des peuples au Togo.

Aussi, il est question pour Faure Gnassingbé de s’éterniser au pouvoir avec une partie de l’armée non républicaine du Togo, en continuant d’engager le pays dans un endettement sans retour sur investissement, des contrats sécuritaires iniques et des investissements dont la rentabilité est incertaine, pour ne pas dire douteuse.

Le Togo est le seul pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) où le nombre de mandats présidentiels n’est pas limité, ce malgré le protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie adopté par la quasi-totalité des chefs d’Etat de cette zone. Ce protocole limite à deux le nombre de mandats présidentiels. La Constitution togolaise originelle de 1992 l’avait mis en exergue.

Le départ immédiat et pacifique de Faure Gnassingbé est devenu un point incontournable de la solution au problème togolais en dehors duquel toute perspective de résolution sur le fond de la crise politique est illusoire. En effet, les chances d’assister à une transition apaisée sont pratiquement nulles si cette période de transition devait se faire sous le contrôle de Faure Gnassingbé et la perpétuation de son système. Croire à cette hypothèse a été le lot de tous les précédents gouvernements avec les résultats extrêmement décevants sur le plan de la transparence des institutions, de l’amélioration des droits humains et de la sécurité, de la création de richesses et surtout de la redistribution des fruits de la croissance pour améliorer le quotidien du citoyen togolais. Maintenir Faure Gnassingbé et son Gouvernement dans ces conditions jusqu’en 2020 est la marque du fait accompli et à fortiori au-delà de 2020 relève de la provocation du Peuple togolais.

En définitive, la destitution de Faure Gnassingbé et son système militaro-civil ne peut être considérée comme anticonstitutionnelle au regard de la Constitution originelle de 1992. Aussi, il sera demandé lors des activités de « lobbying » de la RCDTI que les décideurs au niveau de la CEDEAO, de l’Union africaine, des gouvernements amis du Togo, puissent considérer cette alternative dans le cadre d’un changement pacifique au Togo.
Cela ne peut se faire sans concéder plus de place aux femmes togolaises en politique surtout si ensemble, le Peuple togolais, avec sa Diaspora, souhaite parvenir à la ligne d’arrivée du marathon démocratique entamé depuis 1967, ligne systématiquement repoussée et modifiée par le pouvoir en place au gré de ses intérêts et de certaines des entreprises multinationales installées au Togo et le soutenant.

Pour ce faire, Nous, personnalités de la Diaspora togolaise libre et indépendante et amis du Togo, – sur la base d’une approche participative permettant de recueillir le maximum d’adhésion du Peuple togolais -, proposons d’élaborer un nouveau contrat de confiance portant sur l’avenir du Togo, tant sur le court terme pour une transition politique apaisée et sur le moyen et long-terme pour une création de richesse partagée. L’objectif est d’offrir une perspective éthique et d’amélioration du quotidien, avec des opportunités d’avenir pour tous les citoyens du Togo, notamment pour les jeunes.

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise libre et indépendante et amis du Togo, proposerons ainsi une voie alternative, y compris en termes de gouvernance politique et socio-économique avec des personnalités éprises d’éthique et dotées d’expériences managériales afin d’offrir une alternative crédible au Peuple togolais, mais aussi aux dirigeants africains, européens, américains et asiatiques qui se considèrent comme des « amis » du Peuple togolais dans son ensemble.

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise libre et indépendante et amis du Togo, invitons toutes celles et tous ceux qui n’ont pas pu être contactés, mais souhaitant résolument la paix, la prospérité partagée et surtout la fin de l’injustice et de l’arbitraire au Togo, de nous rejoindre pour construire ensemble, une nouvelle alternative, celle de vivre ensemble pacifiquement et sans peurs.

L’identification de quelques personnalités de la Diaspora sera élargie à toutes personnes susceptibles d’épouser la nouvelle perspective d’inversion des rapports de force et d’influence au Togo, ce de manière pacifique et convaincante.

Une fois les bases du Programme pour l’Avenir du Togo élaborées, l’ensemble de la population togolaise, mais aussi des bailleurs de fonds du Togo, seront conviés à en préciser les détails et à financer la mise en œuvre.

Offrir une perspective crédible au Peuple togolais devient la seule véritable solution à la crise togolaise.

Ceux des chefs d’Etat africains qui ont cru à la seule option militaro-civile proposée par Faure Gnassingbé et son système autocratique, gagneraient à prendre connaissance de l’intérêt pour le Togo que représentaient des nombreuses alternatives manquées, du fait justement de l’intransigeance des militaires non-républicains qui ont pris le système togolais de Faure Gnassingbé en otage.

Le réseau de coordination de la Diaspora togolaise indépendante (RCDTI) ne peut être complice de stratégies qui finissent par légitimer le système en place. La prise de conscience de tous est indispensable.

Car comment peut-on croire qu’un dialogue dit « intertogolais » sans la Diaspora togolaise puisse réussir sous la houlette de la CEDEAO, dont le président en exercice est Faure Gnassingbé et, jusqu’en mars 2018, le Président de la Commission de cette même CEDEAO un beau-frère de Faure Gnassingbé ? Le Président togolais qui ne daigne pas assister à ces vrais « faux » dialogues inter-togolais s’est retrouvé juge et partie.
Il faut donc louer le retour au bon sens de certains dirigeants politiques de la sous-région d’Afrique de l’Ouest. Il importe d’espérer que sous la Présidence du Président Muhammadu Buhari, la CEDEAO va enfin prendre en compte, respecter et considérer l’ensemble des protagonistes de ce dossier, y compris la Diaspora, la société civile et d’autres partis politiques non alignés sur la mouvance présidentielle et non membres de la Coalition des 14 partis. La CEDEAO gagnerait en crédibilité et en respectabilité en ne laissant plus au seul pouvoir en place au Togo, l’entière et seule responsabilité, de l’avancement à vitesse d’escargot de véritables négociations intertogolaises.

Le Peuple togolais engagé doit rester vigilant en s’assurant que la responsabilité du gouvernement togolais pour l’avancement des travaux est effectivement revenue à la CEDEAO. L’ensemble des forces de l’alternative doivent en profiter pour faire des propositions crédibles à la CEDEAO et à l’Union africaine. La sécurité de tous les protagonistes doit être reconsidérée. Il n’y a pas d’un côté des « citoyens togolais » à part entière qui peuvent participer à des négociations sur l’avenir du Togo et les modalités de l’alternance du pouvoir sur la base de la Constitution de 1992, et de l’autre, des « citoyens togolais » entièrement mis à part, comme certains obligés de choisir la clandestinité, d’autres la migration ou l’exil définitif.

Mais alors, comment avancer si la première des revendications de la partie de l’opposition togolaise représentée par la Coalition des 14 partis politiques, consistant à libérer tous les prisonniers politiques, les indemniser et ne pas les remplacer par d’autres, n’est pas respectée. La crédibilité de la CEDEAO sera jugée sur le respect de cette première revendication. Les stratégies de la mouvance présidentielle visant à aller vers une forme de « concertation nationale », dans le but de limiter les marges de manœuvre éventuelles de la CEDEAO, doivent être déjouées. Le pouvoir excelle dans sa capacité de résilience pour neutraliser toutes les formes d’actions y compris l’insurrection populaire, en usant subtilement des moyens mis à disposition pour financer certaines « campagnes de mobilisation », qui s’apparentent de plus en plus à des « pré-campagnes électorales ». Cette stratégie du pouvoir lui permet de prendre à revers un « dialogue non sollicité » à l’issue duquel la Coalition des 14 partis politiques ne pourrait qu’être conduite à des compromis qui ne satisfont pas le Peuple togolais.

L’avenir du Togo ne peut être celui tracé par le pouvoir cinquantenaire d’un système militaro-civil qui a systématiquement joué et abusé de la patience du Peuple togolais. Les citoyens togolais indépendants ne sont plus prêts à faire des concessions inutiles et à croire que l’avenir du Togo sera nécessairement meilleur avec ceux du système militaro-civil de la mouvance présidentielle qui les ont conduits vers la paupérisation, l’absence de dignité humaine et la soumission volontaire.

Oui, le Togo est vivant. Le Peuple togolais et sa Diaspora plurielle et indépendante aussi comme au demeurant le Dieu qui soutient sa cause !
Rappelons utilement à certaines chancelleries occidentales, en mal de publicité, qu’en préambule de la Constitution togolaise originelle de 1992, le Peuple togolais a choisi l’espérance, la vérité et la justice en rappelant ceci :
« Nous, Peuple togolais, nous plaçant sous la protection de Dieu… proclamons solennellement notre ferme volonté de combattre tout régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice ».

Dieu ne peut choisir le camp d’un régime bafouant les droits du Peuple de Dieu avec une démocratie sans vérité des urnes.
IL est donc demandé à l’ensemble des récipiendaires de cette Lettre ouverte et plus particulièrement à la CEDEAO sous la présidence tournante du Président nigérian, Muhammadu Buhari et de l’Union africaine sous la présidence tournante de Paul Kagamé, d’opter pour une véritable conférence inter-togolaise qui n’exclut ni la Diaspora, ni la société civile, ni les dirigeants de certains partis politiques indépendants. Tous doivent pouvoir bénéficier d’une sécurité rapprochée et le droit d’expression et de réunion pour réussir une Conférence fondant le retour de la confiance au Togo.

Les marches pacifiques et populaires doivent nécessairement reprendre et se poursuivre jusqu’à la victoire finale afin que le Peuple togolaise retrouve sa souveraineté et son droit à choisir ses dirigeants et son programme d’avenir.

SIGNATAIRES :
LES PERSONNALITES LIBRES DU RÉSEAU DE COORDINATION DE LA DIASPORA TOGOLAISE PLURIELLE INDEPENDANTE ET LES AMIS DU TOGO (voir ci-après).

Lettre ouverte de personalités et amis du Togo pour l'avenir du Togo

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Source : www.icilome.com