Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur Essozimna Faure GNASSINGBÉ

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LETTRE OUVERTE
à

Son Excellence Monsieur Essozimna Faure GNASSINGBÉ
Président de la République togolaise

Monsieur le Président,
J’ai lu avec une consternation certaine le discours que vous auriez adressé le 18 octobre 2017, au peuple togolais en souffrance et qui circule sur les réseaux sociaux. Dans ce discours, vous auriez dit notamment, vous adressant à vos compatriotes : « …vous prenant à témoins, je voudrais affirmer ma pleine volonté de me retirer à la fin de mon mandat en 2020… » ou encore un peu plus loin : « …je présente mes condoléances à toutes les familles qui ont été victimes de ces actes ignobles… » . Et vous auriez même ajouté sans honte : « …plus jamais ça dans le pays de nos aïeux… »

Monsieur le Président,
Que valent vos engagements ? Que vaut votre parole ?
Souvenez-vous des conditions dans lesquelles vous êtes arrivé au pouvoir : vous avez tout bonnement posé votre fauteuil sur les corps de 1100 Togolais que vous avez ordonné à vos milices d’assassiner pour l’exemple ! Vous en souvenez-vous ?
Souvenez-vous que vous avez apposé votre signature au bas du texte des accords de l’APG âprement négocié à Ouagadougou, sous la houlette de S.E.M. Blaise Compaoré alors Président du Faso.
Qu’en avez-vous fait ?
Souvenez-vous de l’assassinat par votre police de 2 collégiens à Dapaong, lors d’une manifestation pour réclamer le retour de leurs maîtres.
Vous en souvenez-vous ?
Souvenez-vous des massacres par vos soldats des paisibles paysans de Mango qui vous demandaient juste de les informer de votre décision autoritaire et unilatérale de confisquer leurs terres pour les attribuer à la faune sauvage.
Vous en souvenez-vous ?
Souvenez-vous des bastonnades répétées et des brimades indécentes que vous avez ordonnées sur les étudiants des universités de Lomé et de Kara.
Vous en souvenez-vous ?
Souvenez-vous des incendies criminels des marchés de Kara et de Lomé par vos agents, et de la répression féroce que vous avez laissé s’abattre sur l’opposition faussement et injustement accusée.
Vous en souvenez-vous ?
Souvenez-vous de ces dilapidations de l’argent public pour construire vos châteaux à Lomé, Kara, Agou, Dapaong, Kpalimé…etc ainsi que pour acquérir votre appartement grandiose dans le chic 16e arrondissement de Paris, comme si l’empilement si convulsif de briques les unes sur les autres pouvait nourrir un peuple qui a faim.
Vous en souvenez-vous ?
Non sûrement, vous ne vous souvenez de RIEN !
Sinon, comment osez-vous dire « …plus jamais ça dans le pays de nos aïeux… », alors qu’au moment même où j’écris cette lettre, plus particulièrement depuis 2 semaines, la violence est devenue insupportable pour la population : abus de pouvoir, menaces, intimidations, expéditions punitives, tabassages, agressions sur les populations…les exactions perpétrées par vos miliciens toujours à leur œuvre de malheur à Lomé, à Sokodé, à Bafilo, à Anié…etc ?
Comment osez-vous prétendre être le Président de tous les Togolais alors que vous recrutez des miliciens de plus en plus crapuleux, y compris depuis l’étranger alors que déjà des milliers de Togolais ont pris le chemin de l’exil ?
Comment osez-vous demander au peuple togolais, après tant de vos crimes crapuleux contre lui, de croire en une parole que vous n’avez pas, que vous n’avez jamais eue, que vous n’aurez jamais, et de vous accorder encore 2 années de mandat ? Et que pensez-vous pouvoir faire de plus pour notre pays pendant ces 2 années et que vous n’avez pas réussi à faire pendant les 13 longues années qu’a duré votre règne ? Où sont passés les fameux 20 plus de Faure, un président jeune pour un pays neuf…

Monsieur le Président,
Non, vous nous avez trop massacrés, trop menti, trop violés, trop volé ! Comme me disait votre père pour qui j’étais « …mon petit frère », en me désignant un jour la brochette de collaborateurs civils et militaires avachis dans les salons de Lomé2 : « …regarde-les bien tous, petit frère : tous des flatteurs, tous des menteurs, tous des voleurs ! Je ne leur fais aucune confiance, ni individuellement ni ensemble… »

Monsieur le Président,
Vous nous avez prouvé que vous êtes le premier de cordée de cette brochette-là ! Sinon, expliquez-moi comment je pourrais être le « petit frère » de votre géniteur alors que vous me déniez à moi, mais pas à lui, la nationalité togolaise ? Forfaiture et haute trahison !

Monsieur le Président,
Pour toutes ces raisons et aussi pour votre incompétence et votre inconsistance, vous ne méritez pas ce peuple et encore moins sa confiance. Alors il vous dit :
PARTEZ SUR-LE-CHAMP !

Laissez-nous vous montrer, de votre vivant et comme témoin privilégié car nous ne vous voulons aucun mal ni avant, ni après le changement, comment on gouverne un pays et son peuple dans la paix et la concorde, pour les mener vers le développement des hommes, de l’économie, de la société et de la nature.

Monsieur le Président,
Savez-vous pourquoi nous avons créé SURSAUT TOGO ? Savez-vous seulement comment est né ce Mouvement patriotique, populaire et démocratique qui vous fait tant peur? D’une révolte de citoyens, un certain 6 février 2005 : le jour où, au lendemain de la mort du Général-Président, l’armée a décidé de vous « donner le job », comme vous le dites si bien vous-même dans « Jeune Afrique ».
Le Mouvement SURSAUT TOGO est né pour crier haut et fort que le peuple togolais, sorti ruiné, affamé et agonisant de 38 ans de tyrannie du père, ne pouvait plus accepter la survivance d’un tel régime de la part du fils. Nous avions appelé le peuple togolais à un SURSAUT de courage, un SURSAUT de fierté, un SURSAUT de dignité, un SURSAUT d’orgueil même, pour sauver son identité alors bafouée. Le peuple togolais a répondu à l’appel et s’est révolté contre votre forfaiture lorsque vous avez de surcroît volé sans vergogne un scrutin que vous aviez lamentablement perdu face à Bob Akitani, un inconnu! Ah ! Cette triste image d’un militaire togolais s’enfuyant avec une urne sous le bras…image qui a fait le tour du monde et aussi notre honte pour toujours !
Pour toute réponse, vous avez sorti votre armée et vos milices pour massacrer hommes, femmes et enfants et faire fuir des dizaines de milliers de Togolais vers l’étranger…nous en avons rencontré partout, au Ghana, au Burkina, en Amérique, en Europe, en Asie et plus de 40 000 rien que dans des camps de réfugiés au Bénin, à qui nous avons apporté réconfort, vivres et médicaments…

Monsieur le Président,
NON ! Ça suffit ! Partez ! Vous serez protégé et vous bénéficierez d’un statut ad hoc pour le reste de votre vie, le statut d’Ancien Président que nous mettrons immédiatement en place pour vous ! Personne d’entre nous ne vous veut de mal !
Mais nous attendons que pour une fois, vous écoutiez votre peuple :

VOTRE DÉMISSION IMMÉDIATE

Pour SURSAUT TOGO.
Le Président

Kofi Yamgnane

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