L’esclavage des enfants au marché de Cotonou [Enquête]

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La récente révélation de ventes de migrants africains à Tripoli n’est pas un cas isolé : plusieurs millions de personnes dans le monde, dont un quart d’enfants, sont actuellement réduits en esclavage, selon une étude menée en 2016 et révélée par l’agence France presse.

Toujours en Afrique, pour ceux qui ne le savent pas encore, le Bénin est connu pour être un pays où se pratique à grande échelle un phénomène unanimement dénoncé : la traite des enfants.

Des ONG internationales et certaines autorités locales engagent d’importants moyens financiers et humains pour lutter contre ce qu’elles estiment être un véritable fléau. Mais, sur le terrain, l’on n’a jamais enregistré de résultat positif.

Il faudra poser sa valise au Bénin pour découvrir cette pratique de basse besogne. La tradition béninoise de placer des enfants dans des familles d’accueil pour leur donner une meilleure éducation s’est transformée en esclavage moderne.

Au Bénin, il était de coutume que les familles nanties prennent en charge des enfants de leurs parents afin de leur assurer une bonne éducation. Ce qui était un devoir avec des obligations de résultat, de nos jours est devenu un fonds de commerce pour beaucoup, aussi bien pour les professionnels du «placement des enfants» ou encore les trafiquants que pour ceux qui les utilisent à des fins diverses.

Bien qu’étant un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, le Bénin a encore un très long chemin à parcourir en matière de protection des droits de l’enfant. Ce pays doit notamment réaliser de grands progrès en matière de droit à la vie, à la santé, à l’éducation, à l’identité…

Les difficultés économiques de ces dernières années ont eu pour conséquence l’émergence de l’utilisation de la main d’œuvre infantile systématique.

Les enfants esclaves sont des « vidomégons », des enfants maltraités. Ces enfants travaillent du matin jusqu’au soir. Ils travaillent 18 heures par jour. Ils sont battus s’ils ne ramènent pas l’argent des ventes de leurs marchandises. Ces enfants ne vont pas à l’école. Ils font du ménage. Les garçons sont des « apprentis » dans un garage et ils ne gagnent que 20 centimes par jour, juste de quoi manger.

D’où proviennent ces enfants esclaves ?

Il arrive que les enfants des milieux ruraux soient confiés à des familles éloignées habitant en ville et promettant une bonne éducation et notamment l’accès à la scolarité. Malheureusement, bon nombre de ces enfants sont ensuite exploités et contraints à travailler dans des conditions dramatiques. Certains d’entre eux deviennent aussi les tristes victimes d’abus de toutes sortes.

Les conditions de vie précaires existant dans les familles rurales incitent parfois les enfants en quête de moyens de survie à se lancer eux-mêmes dans l’activité de vidomégon. « Une telle situation favorise le trafic des enfants esclave en direction de certains pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.

Jusqu’à une certaine époque récente, la Côte-d’Ivoire, le Gabon et le Nigéria étaient des pays de prédilection des promoteurs de ce commerce ignoble », indique à un confrère du Courrier des Afriques, un militant de la défense et de la protection des enfants de la rue à Cotonou.

Selon le même confrère, pour un montant de 100 000 à 500 000 francs de CFA (entre 655 et 325 €), qu’ils versent à des parents démunis, des individus sans foi ni loi leur arrachent leurs enfants, qu’ils destinent au trafic entre le Bénin et l’étranger.

Les enfants esclaves sont entièrement livrés à leurs « propriétaires », qui les forcent à travailler dans les plantations, le commerce ou les services, exactement comme cela se passait à l’époque de la traite des Noirs.

Selon l’ONG Espoirs d’Enfants, cette pratique du travail des enfants s’est aujourd’hui muée en une traite moderne des enfants avec un recrutement qui s’est organisé, alors que trafiquants et agents écument les zones rurales du centre et Nord Bénin, en faisant des offres aux parents.

Les promesses faites par les trafiquants, d’une éducation formelle ou d’une formation professionnelle, d’un apprentissage ou d’un emploi dans une maison sont quelques-unes des raisons qui expliquent pourquoi les parents laissent partir leurs enfants; des familles qui pratiquent une agriculture de subsistance et n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école.

La majorité de ces enfants travaillent majoritairement dans des familles qui n’ont aucun lien avec la leur et qui sont considérablement éloignées de leur domicile. Des enfants qui se retrouvent très souvent confrontés à des sévices sexuels…

La pauvreté est la cause majeure et omniprésente de la traite des enfants, dans des familles qui pour 82 % d’entre elles ont plus de 5 enfants.

Plus de 90 % de ces enfants ne sont pas alphabétisés. (1)

Depuis un an, l’association Espoirs d’Enfants œuvre avec ses partenaires pour la cause de ces enfants du marché de Cotonou en mettant en place un vaste programme d’actions pour essayer de faire « bouger les lignes » et leur venir en aide.

En dépit du renforcement des contrôles des forces de sécurité, les autorités béninoises en charge de la lutte contre ce fléau des temps modernes ont encore fort à faire. Et pour cause : la misère s’acharne sur les populations des zones rurales et la cupidité des trafiquants laissent penser que ce phénomène a de beaux jours devant lui. Du pain sur la planche…

Source : www.cameroonweb.com