Les Trois Mythes mensongers à l’origine de l’absence d’une véritable Politique de Défense nationale et de Sécurité collective au TOGO.

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Par K. Kofi FOLIKPO [1]

Prologue.

L’incompétence indéniable et avérée étalée par les Forces Armées Togolaises (FAT) et l’ensemble des Forces de Défense et de Sécurité du TOGO face à la montée prévisible des agressions terroristes depuis quelques temps oblige de poser de nouveau la Problématique des causes lointaines et immédiates de leur inefficacité pour faire un Diagnostic sans complaisance et baliser sainement la voie vers la Définition d’une Politique de Défense et Sécurité cohérente dotée d’une Doctrine militaire cohérente.

Les causes lointaines de cette inefficacité indéniable proviennent de certains Mythes qui constituent des «péchés originels» pour les Forces Armées Togolaises (FAT).

Trois Mythes notoirement mensongers ont marqué jusqu’aujourd’hui l’Histoire militaire et sécuritaire de la Nation Togolaise depuis sa naissance à l’issue du scrutin historique du 27 Avril 1958 suivi de sa proclamation officielle le 27 Avril 1960.

Le premier Mythe mensonger souvent entretenu par des jongleurs politiques aimant se targuer d’être les seuls Héritiers de l’«Ablɔɖe» fait croire fallacieusement que le Père de la Nation Togolaise S.E. Sylvanus Olympio serait hostile à la création d’une Armée Nationale pour le TOGO fraîchement indépendant et rêverait de faire du Togo un «Pays neutre comme la Suisse» (sic!) qui ne disposerait pas d’une Armée Nationale.

Le deuxième Mythe mensonger entretenu par des individus volontairement incultes et refusant de se ressourcer objectivement dans l’Histoire des Peuples Africains fait croire fallacieusement que les Peuples du Togo méridional n’aimaient pas embrasser le Métier des Armes durant l’époque coloniale car il n’y aurait pas une Culture militaire dans leurs Us et Coutumes ancestraux, contrairement aux Populations du Togo septentrional qui seraient les seuls «peuples guerriers du Togo» (sic!) et seraient ainsi les seuls prédestinés à être enrôlés systématiquement dans l’armée coloniale. C’est pour justifier maladroitement ce deuxième Mythe mensonger que ses tenants aiment s’appuyer sur le dicton Eʋe selon lequel un Fils du Terroir ne devient pas (de coeur joie) un bouvierAʄevi me kplɔna Nyi o») qui est un dicton qu’ils tirent maladroitement de son contexte socio-historique.

Le troisième Mythe mensonger entretenu par des individus sans scrupules ayant fait de l’Armée Togolaise leur vache à lait en entretenant un obscurantisme clanique et un clientélisme inhibiteur fait croire que l’Armée Togolaise est une création d’Étienne Eyadema Gnassingbé depuis son irruption violente en grand inconnu sur la scène socio-politique dès le 13 Janvier 1963.

L’incongruité du premier Mythe mensonger.

La première Vérité qui contredit le premier Mythe mensonger vient du fait que Sylvanus Olympio était plutôt celui-là même qui envoya la première Promotion des (futurs) jeunes Officiers togolais à être formés à l’École militaire française de Saint-Cyr et à être formés en Allemagne pour revenir bâtir une véritable Armée Nationale et Républicaine pour le TOGO fraîchement indépendant. Cette première Promotion est celle de Feu Colonel Koffi KONGO revenu de Saint-Cyr et servant avec le Grade de Lieutenant au sein de l’Armée embryonnaire du TOGO au moment de l’assassinat de Sylvanus Olympio le 13 Janvier 1963 dans des conditions obscures.

Conscient du Danger de Déstabilisation que représentait l’Armée coloniale française pour les jeunes États africains fraîchement indépendants, Sylvanus Olympio voulait bâtir une Armée Nationale en se débarrassant doucement de la tutelle militaire française pilotée par les réseaux obscurs du Général de Gaulle, du Général Jacques Massu, du Général Raoul Salan, de Jacques Foccard et d’autres barbouzes français.

Voilà pourquoi il avait refusé de signer le fameux «accord militaire de défense et de coopération» que la horde du Général de Gaulle avait imposé avec le pistolet sur la tempe à tous les pays africains francophones devenus nominalement indépendants.

Le modèle d’Armée envisagé par le Père de la Nation Togolaise Sylvanus Olympio s’opposait en plusieurs points au modèle français qui est celui d’une Armée de Métier dans laquelle des Militaires professionnels encadrent de façon ponctuelle des Conscrits.

Sa vision portait plutôt sur une Armée de Milice telle qu’on la connaît jusqu’aujourd’hui en Suisse et qui est d’ailleurs plus adaptée aux réalités socio-historiques et socio-culturelles des Peuples du TOGO, comme cela sera développé plus loin en détail.

Une Armée de Milice est une Armée dans laquelle tous les Civils aptes sont militairement formés pour accomplir en tout moment des missions militaires au service de la Patrie et de la Communauté, en plus de leurs formations professionnelles et en plus de leurs activités socio-économiques régulières. Cela veut dire concrètement que tout Citoyen ayant atteint l’âge majeur et reconnu apte sur le plan physique et psychique est astreint à faire l’École des Recrues dès 18 ans et à faire le Service militaire obligatoire chaque année jusqu’à l’âge de 34 ans (et même au-delà s’il y obtient un Grade d’Officier!).

Contrairement à une fausse idée largement répandue au sein des Masses Africaines généralement non informées, la Neutralité politique de la Suisse n’est pas synonyme de l’absence d’une Armée Nationale. La Confédération Suisse a une Armée redoutable qui compte parmi l’une des plus performantes au monde et est classée en 2022 au 32e Rang mondial selon les critères objectifs de l’Organisation «Global Fire Power» (voir sous le lien www.globalfirepower.com ), loin devant la Belgique, le Danemark, l’Autriche, les Pays-Bas et bien d’autres pays!

Et contrairement à une fausse connotation attachée aujourd’hui en Afrique à la notion de «Milice» à laquelle on associe automatiquement l’idée d’une «association subversive et criminelle», le terme «Milice» (venant du Latin «militia») désigne en Suisse un Mode légal d’organisation sociale et politique basée sur la Confiance mutuelle entre les Citoyens tant au niveau de la Commune qu’au niveau de la Confédération en passant par le niveau supra-communal qu’est le Canton.

La deuxième Vérité qui contredit le Mythe mensonger d’un TOGO sans Armée faussement attribué à Sylvanus Olympio est démontrée par le Conflit territorial l’ayant vivement opposé à Kwame Nkrumah du Ghana voisin au sujet du «Togo Britannique». En effet, ce dernier avait souvent déclaré publiquement et de façon provocatrice que le seul pays faisant frontière avec «son» Ghana du côté Est serait le Dahomey. El il n’a jamais caché ses intentions hégémoniques d’invasion militaire spontanée du TOGO par les Forces Armées Ghanéennes créées déjà dès 1956/1957 à partir du Gold Coast Regiment de l’époque coloniale britannique.

Kwame Nkrumah faisait cette cette provocation idiote et suicidaire en se référant indirectement à l’invasion du «Togoland» allemand organisée par les Troupes franco-britanniques (voir en Annexe les Cartographies de l’Agression franco-britannique contre le «Togoland» allemand en 1914), mais il oubliait peut-être qu’il s’agissait d’un Conflit entre des Puissances coloniales hégémoniques européennes en Terre africaine, et non d’un Conflit entre des Peuples Africains qui se battraient pour leur Survie ou pour leur Souveraineté, comme ce fut le cas de la Victoire héroïque des Confédérations Eʋe sur les Troupes Asante numériquement écrasantes mais systématiquement décimées durant la Guerre de 1869 à 1873 menée par la Confédération Asante contre ses voisins…

Il est clair dans ces conditions qu’en attendant la mise en place d’une Armée Nationale solide et redoutable pour contenir les velléités hégémoniques de Kwame Nkrumah, le Président Sylvanus Olympio et ses compagnons de Lutte ne pouvaient qu’encourager les initiatives hardies d’Auto-Défense citoyenne existant dans les Terroirs respectifs. D’autre part, ils ne pouvaient que mettre en place aussi des Structures citoyennes modestes d’encadrement de la Jeunesse en distillant des Formations paramilitaires modulaires. C’était donc dans ce contexte historique et socio-politique que deux Structures citoyennes importantes se firent remarquer:

  • le Mouvement des «Ablɔɖe Sodza»
  • le Mouvement de la «Jeunesse Pionnière Agricole» (JPA).

Contrairement aux Mensonges grossiers et éhontés du régime criminel d’Étienne Eyadéma Gnassingbé, le Mouvement paramilitaire des «Ablɔɖe Sodza» n’était pas une création de Sylvanus Olympio! Son origine remonte aux années 1930, lorsque les Populations du TOGO méridional déjà traumatisées profondément par les conséquences dramatiques de la Première Guerre Mondiale suivie de la Crise économique de 1929 commençaient à s’organiser pour s’opposer énergiquement au partage du «Togoland» allemand en deux Territoires administrés respectivement par les envahisseurs coloniaux britanniques et français dont la Violence inouïe dépassait de loin ce que ces Populations avaient subi jusque là sous le joug colonial allemand.

C’est seulement après la mutation du «Comité de l’Unité Togolaise» (le CUT, créé au départ par le Gouverneur français Michel Lucien Montagné en 1936 comme une simple association citoyenne d’amitié franco-togolaise) pour devenir progressivement un Parti politique à partir des années 1946/1947 que le Mouvement des «Ablɔɖe Sodza» prend progressivement la Vocation d’une Organisation de Maintien d’Ordre aux côtés des Nationalistes du CUT qui subissaient non seulement les violences meurtrières de la Soldatesque coloniale, mais aussi les harcèlements violents des Partisans du Colonialisme français qui s’étaient regroupés au sein du «Parti Togolais du Progrès» (PTP) que le colon français leur avait créé.

L’une des Défaillances du Mouvement des «Ablɔɖe Sodza» était l’absence d’un Organigramme bien structuré et centralisé, quoique chaque Cellule locale recevait des entraînements pour une Discipline paramilitaire rigoureuse et quoique les Membres des différentes Cellules dans une Région étaient en contact les uns avec les autres.

C’est sans doute l’absence d’un Organigramme rigoureux et centralisé au sein de ce Mouvement, ajouté aux Représailles vindicatives et chaotiques que certains de ses Membres avaient commis sur les Pro-Colonialistes du PTP jadis très violents dans leur zèle au service du colon français, qui découragea le Gouvernement de Sylvanus Olympio d’en faire une Unité militaire régulière qu’on pouvait incorporer dans l’Armée coloniale héritée des Français et connaissant doucement une Mutation pour devenir une Armée Nationale et Républicaine.

En ce qui concerne le Mouvement de la «Jeunesse Pionnière Agricole» (JPA), il a vu le jour sur l’initiative propre du Régime de Sylvanus Olympio en s’inspirant du Mouvement Scout, mais en l’orientant essentiellement vers la Formation professionnelle des Jeunes pour des Professions liées au Monde Rural. Ce Mouvement de la Jeunesse qui donnait des Formations paramilitaires à ses Membres en plus des Formations professionnelles dans des Centres de Formation spécifiques disséminés un peu partout (Glidji, Aledjo-Kadara, etc.) avait pour Vocation de former de façon polyvalente les Jeunes susceptibles d’être intégrés au sein de l’Armée Nationale embryonnaire en gestation.

L’initiative a connu une fin brutale avec le Coup d’État sanglant du 13 Janvier 1963.

Au regard de ces deux exemples, on peut en conclure que le Pacifisme attribué au Régime de Sylvanus Olympio n’était pas synonyme du Refus d’instaurer une Institution militaire et de définir une Politique de Défense et de Sécurité cohérente en symbiose avec l’esprit du Peuple Togolais. Ces deux exemples illustrent également qu’un esprit martial a toujours animé les Togolais au temps fort de la Lutte anti-coloniale.

Ce que Sylvanus Olympio et ses compagnons de Lutte ne voulaient pas dans le domaine militaire et sécuritaire, c’est de reprendre intégralement et sans discernement l’Armée coloniale française (avec ses mentalités de «casse-nègre» au profit du colon français) afin d’en faire une Armée Nationale pour le TOGO nouvellement indépendant, sans en redéfinir ses Missions régaliennes en symbiose avec les Forces Vives de la Nation, car ils étaient conscients du Danger de Déstabilisation sécuritaire et politique que représentaient ces serviles anciens Combattants au profit de la France coloniale pour laquelle ils se sont battus contre les Peuples en Lutte face à l’oppression coloniale française! Et c’est justement sur ce point que beaucoup de personne continuent d’entretenir un grave Quiproquo, car le refus de reprendre et d’incorporer des Éléments pro-français dangereux dans l’Armée Nationale en gestation n’est nullement synonyme du refus de bâtir une véritable Armée Nationale!

L’incongruité du deuxième Mythe mensonger.

Pour ce qui concerne le deuxième Mythe mensonger qui a fallacieusement postulé l’absence d’une Culture militaire chez les Peuples du TOGO méridional, il est contredit par une première Vérité évidente donnée par l’existence de Divinités guerrières chez ces Peuples dans l’Histoire de leurs Migrations successives et de leur organisation socio-politique pré-coloniale. Les Eʋe, les Adja, les Waci, les Ana-Ifɛ, les Gɛn (Guin), les χwla, les χweɖa, les Fɔn et tous les autres Peuples parentés ont toujours rendu des Cultes à des Divinités guerrières telles que (plus particulièrement Aʋa-Gú et Gú-Kɔku), Aɖabatram, Tuleatadzi, Zakadzá (ou Sonyí) et bien d’autres, non pas pour se divertir, mais plutôt pour se défendre légitimement en cas d’agression.

La deuxième Vérité qui contredit ce Déni de Culture militaire chez ces Peuples est illustrée par l’existence de Danses guerrières et de Musiques guerrières dans leur Patrimoine musical et chorégraphique. Les Rythmes guerriers tels que Agbekɔ (ou Atsiagbekɔ), Agbadza, Atrikpui et Kalɛnʋu entre autres n’étaient pas jadis exécutés pour célébrer un mariage ou la naissance d’un enfant, mais plutôt pour conditionner spirituellement les Guerriers avant de les lancer à l’assaut contre l’Ennemi!

La troisième Vérité contredisant ce Mythe mensonger est l’existence d’un Rite guerrier spécifique autour de ce qui est appelé un «Trône de Guerre» (Aʋa-Zikpui) chez les Eʋe et chez les autres Peuples parentés, en l’honneur à d’illustres Chefs de Guerre défunts (Aʋafia).

La quatrième Vérité qui contredit aussi cette Assertion mythique et mensongère est démontrée par le fait que tous ces Peuples du TOGO méridional avaient fondé jadis des Royaumes ou des Confédérations, ou étaient des composantes sociales incontournables dans la vie socio-politique de ces Royaumes ou de ces Confédérations dont l’existence et la survie dépendaient des activités de Défense assumées par un Corps Militaire appelé «Asrafo» (ou «Asaɖafo») en Eʋègbe et encadré par des Chefs militaires appelés «Asafo» en Eʋègbe.

Les esprits incultes ou manipulateurs ayant propagé ce Mythe mensonger durant tout le règne violent et sanglant de Gnassingbé-père-et-fils se sont appuyés maladroitement très souvent sur l’adage populaire Eʋe selon lequel un Fils du Terroir ne devient pas volontiers un bouvier («Aʄevi me kplɔna Nyi o»). Or cet adage signifie simplement le dédain de beaucoup de personnes pour le Métier des Armes sous le commandement du colon européen dont l’habileté consistait à transformer un «Soldat indigène» sous son emprise en un véritable laquais pour toutes sortes de basses besognes. Ces esprits incultes ou manipulateurs poussent aujourd’hui le bouchon plus à fond en affirmant de façon mensongère que la prédominance de certains groupes ethniques au sein des Forces Armées Togolaises s’expliquerait par leur «supériorité intellectuelle» (sic!) et par leur «tradition guerrière» (sic!). Or, la vérité historique est que le recrutement massif des membres de ces groupes ethniques pour le Métier des Armes depuis l’époque coloniale allemande était une solution envisagée par le colonisateur européen pour juguler les problèmes inquiétants liés à l’explosion démographique galopante dans le Terroir de ces groupes ethniques, ajoutée à la pénurie cruciale des terres cultivables dans ce Terroir (particulièrement en Pays Kabiyè)!

L’incongruité du troisième Mythe mensonger.

Le troisième Mythe mensonger et révisionniste qu’on tente maladroitement de faire admettre comme «LA Vérité historique» postule que les Forces Armées Togolaises sont une «création» d’Étienne Eyadema Gnassingbé. Les promoteurs de ce Mensonge grossier avaient même forgé le slogan selon lequel «Les Forces Armées Togolaises ont été bâties à l’image de leur Chef Suprême, le Timonier national» (sic!). Ce Mensonge éhonté heurte très violemment le bon Sens de toute personne qui s‘est intéressée d’une manière ou d’une autre à l’Histoire militaire de la période coloniale et postcoloniale en Afrique. En effet, les Faits historiques très têtus et infalsifiables sur l’émergence des Forces Armées Togolaises (FAT) prouvent abondamment que l’Ancêtre proche de ces dernières était le «Bataillon Autonome du Dahomey» créé par les Français en 1952 au moment où Etienne Eyadéma (devenu Gnassingbé plus tard) était encore un Tirailleur nègre sous le Drapeau français en Indochine (Vietnam) puis en Algérie. Ce «Bataillon Autonome du Dahomey» avait détaché sur Lomé une petite Compagnie de 152 Hommes (basé au sein de l’actuel Camp RIT récemment rebaptisé «Camp Général Eyadema»). Cette Compagnie dépendait donc du point de vue hiérarchique, opérationnel et historique du «Bataillon Autonome du Dahomey» basé principalement à Ouidah durant l’époque coloniale française.

À partir de 1960, le Gouvernement de Sylvanus Olympio (qui avait habilement évité de signer l’accord de coopération militaire que la France néocoloniale tentait de lui imposer) a décidé d’«africaniser» l’Institution militaire qui était principalement encadrée jusque là par des Officiers et des Sous-Officiers français ayant reçu à partir de 1960 le Statut de «Coopérant militaire» français en vue de pouvoir continuer de travailler sur Contrat pour la République Togolaise nouvellement indépendante, en plus de quelques rares Officiers togolais très expérimentés tels que le Colonel Kléber Dadjo. Dans le souci de remplacer progressivement ces Officiers et Sous-Officiers français par de jeunes Officiers togolais formés à l’étranger, leur Contrat n’était plus automatiquement renouvelé à son échéance.

La France néocoloniale ayant essuyé dès 1961 un revers militaire et politique cuisant durant de la Guerre d’Algérie a décidé de changer sa stratégie d’hégémonie militaire en Afrique en réduisant sa visibilité militaire, tout en cherchant à utiliser ses anciens Combattants comme Cheval de Troie afin de déstabiliser tant sur le plan sécuritaire que politique et économique les pays africains devenus officiellement indépendants. C’est ainsi qu’elle démobilisa massivement les Militaires africains qui combattaient dans ses guerres coloniales et les fit retourner dans leur pays d’origine sans leur avoir payé l’intégralité de leur solde! L’Histoire sur la Mutinerie au sein du Camp Thiaroye au Sénégal pour non-paiement de Solde aux Soldats démobilisés est une preuve évidente de cette supercherie. Et c’est ainsi qu’un groupe de plus de 500 Anciens Combattants togolais comprenant entre autres Robert Adewui, Emmanuel Bodjollé, Etienne Eyadéma et James Yaovi Assila rencontrèrent Sylavnus Olympio à leur retour au bercail pour solliciter leur recrutement au sein de la petite Compagnie de 152 Hommes qui était en pleine Restructuration afin de donner naissance à une véritable Armée Nationale débarrassée des scories coloniales.

Conscient de leur haute Dangerosité pour déstabiliser le pays au profit des Néo-colons français, Sylvanus Olympio leur opposa une fin de non-recevoir en avançant le prétexte de difficultés budgétaires pour le jeune TOGO fraîchement indépendant et leur proposa une reconversion professionnelle qu’ils refusèrent.

On comprend donc aisément qu’il est invraisemblable qu’Étienne Eyadéma qui n’était pas sous le Drapeau togolais en Janvier 1963 puisse prétendre avoir fait un Coup d’État au Président Sylvanus Olympio avec ses anciens compagnons, puisqu’ils n’avaient plus facilement accès à des armes et seule une Complicité au sein de la petite Compagnie en Restructuration pouvait leur fournir des Armes en vue d’assassiner Sylvanus Olympio devenu trop gênant pour les Français et faire porter le chapeau de ce Crime à ces Anciens Combattants pour rester cyniquement dans la logique manipulatrice de «Déstabilisation» des Gouvernements africains par des Anciens Combattants africains, donc donner l’apparence d’un problème entre les nègres eux-mêmes sans que les vrais commanditaires français ne soient connus du grand Public.

Et on comprend qu’il était illogique qu’une horde d’Anciens Combattants n’ayant pas servi sous le Drapeau français au TOGO et ne servant pas sous le Drapeau togolais depuis leur retour au bercail pouvait former de façon spontanée un «Comité insurrectionnel» (sic!) avec des Militaires togolais en activité au sein de l’Armée embryonnaire en gestation, alors que ces Militaires togolais servant sous le Drapeau togolais n’avaient préalablement formulé aucune Revendication restée non-satisfaite.

La plus grande maladresse typiquement française dans cette cabale grotesque était la façon dont tout le lot des Anciens Combattants revenus au bercail avait été spontanément intégré sans autre forme de procès dans l’Armée Togolaise embryonnaire, avec des promotions fantaisistes en Grade pour occuper rapidement des Postes de façon indue. C’est ainsi que l’ancien Sergent-Chef Étienne Eyadema était devenu subitement un Lieutenant-Colonel en un temps record pour être nommé comme Chef d’État-Major Général de l’Armée, au grand dam de nombreux Militaires qui étaient plus gradés, plus anciens et même plus compétents que lui dans tout ce lot.

Une fois ces 500 Barbouzes nègres précipitamment intégrés par les commanditaires français dans l’Armée Togolaise embryonnaire entre Janvier et Avril 1963, le Gouvernement togolais fantoche issu du Coup d’État sanglant du 13 Janvier 1963 a été forcé par les Français de signer rapidement le 10 Juillet 1963 le fameux «accord militaire de coopération et d’assistance» que Sylvanus Olympio avait toujours refusé de signer.

A partir des années 1970 les recrutements massifs ayant suivi cette intégration en vrac de ces Anciens Combattants se faisaient désormais «sur instruction personnelle» (sic!) d’Eyadema en se basant essentiellement sur deux critères:

  • l’appartenance ethnique (avec la primauté accordée à l’ethnie Kabiyè)
  • le clientélisme (basé sur un lien de parenté ou d’amitié avec une personne servant déjà au sein de l’Armée Togolaise).

On peut retenir de tout ce qui précède que les Forces Armées Togolaises avaient vu le jour bien avant l’irruption brutale, violente et sanglante d’Étienne Eyadema (devenu Gnassingbé) sur la scène socio-politique togolaise et que la tâche (plutôt néfaste) de ce dernier n’a consisté qu’à récupérer brutalement l’Institution militaire pour en faire une vulgaire armée néocoloniale d’occupation bourrée seulement de Supplétifs sans Formation militaire adéquate et prompte à être au service des intérêts obscurs occidentaux et particulièrement français.

On comprend donc pourquoi les Militaires togolais on conservé la mentalité coloniale consistant à considérer la Population civile (vivant dans son propre pays) comme une Communauté hostile qu’il faut nécessairement réduire au silence ou assujettir par la violence inouïe comme au temps colonial et par la force des armes.

Et on comprend par ailleurs pourquoi la très grande majorité de la Population ne voit pas dans les Forces Armées Togolaises son Armée Nationale incarnant des Valeurs républicaines communes et méritant dignement la Confiance populaire.

Épilogue.

Le lecteur attentif peur retenir en résumé de tout ce qui est dit dans les paragraphes précédents que les Forces Armées Togolaises (FAT) qui sont mondialement réputées pour être mal formées et l’ensemble des Corps Habillés togolais en général n’incarnent pas des Valeurs patriotiques et sociétales susceptibles de refléter la Cohésion Nationale pour toutes les Composantes sociales du Peuple Togolais, car elles ont conservé la mentalité archaïque d’une Armée coloniale d’occupation.

Au-delà même de leur incompétence indiscutable et lamentable pour pouvoir défendre vaillamment la Population Togolaise en cas d’agression, pour pouvoir secourir cette Population en cas de Catastrophes naturelles ou pour pouvoir défendre vaillamment l’Intégrité territoriale du TOGO, les Forces Armées Togolaises (FAT) sont le reflet de l’inexistence d’une véritable Politique cohérente de Défense et de Sécurité qui pourrait exprimer les Aspirations patriotiques profondes des Forces Vives de la Nation Togolaise. La déroute lamentable et les graves bavures meurtrières qu’elles étalent au grand jour depuis Mai 2022 face aux agitations de quelques groupuscules terroristes relevant de la haute Criminalité classique et du grand Banditisme ordinaire démontrent à suffisance ce qui vient d’être dit. Si l’on ajoute à ce tableau affligeant les conditions épouvantables dans lesquelles travaillent les Sous-Officiers et les Militaires de Rang, pendant qu’une bonne partie des Officiers Supérieurs et des Officiers Généraux formant une Bourgeoisie militaire compradore se vautre dans un luxe insolent acquis à travers la Corruption endémique et à travers les Trafics mafieux de tous genres gangrenant dangereusement l’Institution Militaire, il y a toutes les raisons pour les Togolaises et les Togolais d’exiger la Refondation d’une véritable Armée Nationale républicaine et vertueuse, en puisant intelligemment dans la Culture Militaire de tous les Terroirs en vue jeter les bases solides d’une Cohésion Nationale à travers l’Institution Militaire.

Contrairement à l’auto-flagellation absurde pratiquée par certains Togolais incultes méconnaissant lamentablement l’Histoire pré-coloniale et coloniale de leurs Terroirs respectifs, toutes les différentes Composantes ethniques du Peuple Togolais ne sont nullement des «populations de fuyards» (sic!) ou des «populations traditionnellement pacifistes et non-violentes» (sic!). Les hauts Faits d’Armes qui sont à l’actif des Peuples de l’actuel TOGO méridional et central quand les puissantes Armées du Royaume de Dan-Home à l’Est et de la Confédération Asante à l’Ouest ont été proprement laminées et mises en déroute entre le 18e siècle et le début du 20e siècle, afin que l’actuel Territoire du TOGO ne devienne jamais une partie intégrante dudit Royaume et de ladite Confédération, témoignent à suffisance du tempérament certes non-belliciste mais notoirement guerrier, profondément libertaire et foncièrement égalitaire de ces Peuples.

Si l’on ajoute à tout cela les farouches Résistances guerrières que tous ces Peuples du Sud au Nord ont héroïquement opposé à la violente invasion coloniale allemande de la fin du 19e siècle au début du 20e siècle (voir plus loin la Cartographie des Foyers de Résistance face à l’invasion coloniale allemande), on est en droit de dire que toutes les Composantes ethniques du Peuple Togolais ont en commun une Culture militaire ancestrale axée sur le modèle d’une Armée de Milice.

Ce modèle d’Armée de Milice demande que tous les Citoyens adultes et aptes (sur le plan physique et psychique) doivent être impérativement entraînés militairement (et spirituellement) pour défendre vaillamment la Communauté en cas d’agression, pendant que toutes les Citoyennes adultes ou non-adultes qui sont aptes sur le plan physique et psychique doivent contribuer à l’effort de guerre en cas d’agression. Cette contribution féminine à l’effort de guerre au sein d’une Armée de Milice peut aller des activités de Renseignements aux activités de Ravitaillement (en vivres et en d’autres produits nécessaires) en passant par l’Assistance psychologique.

Mais il n’était pas rare dans les temps anciens en Pays Adja, en Pays Eʋe, en Pays Gɛn (Guin) ou en Pays Waci (Ouatchi) entre autres que certaines Citoyennes fortement masculinisées ou issues de certaines Collectivités ayant de longues Traditions cultuelles autour de certaines Divinités guerrières (Aʋa-Gú, Gú-Kɔku, Dzàglì, Aɖabatram, Zákadzá etc.) ou autour d’un Trône de Guerre (Aʋa-Zikpui) préfèrent aller au front avec l’Arme dans la main aux côtés des Combattants!

De telles Guerrières exceptionnelles avaient reçu le Titre et Grade de «Aʋa-Dada» (signifiant littéralement «Mère de la Guerre»). Ce Titre et Grade exprimant une Bravoure exceptionnelle et un Patriotisme hors-pair a fini par être transposé sur les Combattants (donc de sexe masculin) qui, eux, portaient habituellement des Titres et Grades militaires tels que «Aʋa-Fia», «Asafo» et «Asafogã». De ce fait, le terme «Aʋa-Dada» est souvent traduit en Français avec le mot «Maréchal», tandis que le terme «Aʋa-Fia» est traduit en Français avec le mot «Général», le terme «Asafo» est traduit en Français avec le mot «Capitaine» et le terme «Asafo-Hene» (ou «Asafogã») est traduit en Français avec le mot «Commandant».

On peut donc affirmer en conclusion que la Renaissance de la Nation Togolaise passe indubitablement par le Renouement avec ces Valeurs endogènes d’Amour inconditionnel pour la Patrie. Elle passe par l’abnégation de toutes et de tous pour la Défense héroïque de celle-ci et elle passe par la Culture citoyenne d’être au service de sa Communauté nationale ou territoriale sans attendre forcément en retour des avantages matériels, économiques ou carriéristes à titre personnel.

ANNEXE

Foyers de Résistances guerrières dans différents Terroirs togolais face à l’Invasion coloniale allemande.

(Crédit: Nicoué Lodjou Gayibor / Pierre Ali-Napo)

Cartographie illustrant l’invasion franco-britannique du «Togoland» allemand en Août 1914

(Crédit: Brigadier General Morbeley / www.kaiserscross.com )

Cartographie illustrant l’invasion franco-britannique du «Togoland» allemand en Août 1914

(Crédit: www.wikipedia.org )

Officiers et Sous-Officiers togolais Membres du «Comité insurrectionnel» ayant endossé l’Assassinat de Sylvanus Olympio le 13 Janvier 1963.

(Crédit: www.ufctogo.com )

On reconnaît à gauche le Lieutenant Koffi Kongo, au milieu (en Tenue claire le Colonel Kléber Dadjo et à droite le Lieutenant Alidou Djafalo).

Un Défilé militaire en 1964 après l’Intégration massive des Anciens Combattants togolais, Auteurs officiels de l’Assassinat du Président Sylvanus Olympio en Janvier 1963.

(Crédit: Archives RFI)

Références bibliographiques:

  1. BATCHANA, Essohanam: Ablodé, Ablodé Gbadja! Symbole d’une Indépendance manquée au Togo? L’exemple du Cercle de Klouto, Chef-lieu Kpalimé. In: Presses Universitaires de Rennes, 2013, pages 231 – 251 (accessible en ligne sous le lien: https://books.openedition.org/pur/112274 )
  1. BRYANT, Frederick Carkeel (Lieutenant Colonel): Gold Coast Regiment and the Short Campaign in Togo, August 11 to 26, 1914.
  1. CHERBONNIER, Pauline: Le renforcement des forces armées togolaises (FAT). Conséquence de la déflation du dispositif militaire français en Afrique (1964 – 1965). In: Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, 2020/1, N° 51, pages 27 – 38 (Accessible en ligne sous le lien https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierre-renouvin-2020-1-page-27.htm ).
  1. DAMOME, Etienne: Togo, Le Peuple non-violent? In: Outre-Terre, 2005/2, N° 11, pages 377-388 (Accessible sous le lien https://www.cairn.info/revue-outre-terre-2005-2-page377.htm )
  1. FOLIKPO, Komdedzi Kofi: le juteux Commerce de la Chair à canon togolaise sous Gnassingbé-père-et-fils (Article publié le 12 Mars 2017 sur www.academia.edu et accessible sous le lien:

https://www.academia.edu/31831824/Le_juteux_Commerce_de_la_Chair_à_Canon_togolaise_sous_Gnassingbé_père_et_fils ).

  1. FOLIKPO, Komdedzi Kofi: L’intrusion brutale allemande. (Publié en 2021 sur www.kebo-toe.net sous le lien www.kebo-toe.net/?page_id=1205 )
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  1. MORBELEY, Frederick James (Brigadier General): Official History, Military Opreations, Togoland & The Cameroons 1914 – 1916. H.M. Stationery Office, 1931 (Version digitalisée accessible sur le site de l’University of Michigan).
  1. SEBALD, Peter: Die deutsche Kolonie Togo 1884 1914. Auswirkungen einer Fremdherrschaft. Ch. Links Verlag, 2013.
  1. SEELY, Jennifer C. / DECALO, Samuel: Historical Dictionary of TOGO (Fourth Edition), London: Rowman & Littlefield, 2021.

Lenzburg (SUISSE), le 22 Juillet 2022.

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