Les souvenirs de la prison civile de Lomé

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Son engagement pour de meilleures conditions de vie des étudiants à l’université de Lomé lui a valu la prison en plus d’une exclusion de la part de l’administration de Dodzi Kokoroko. Foly Satchivi, se remémore ses jours d’enfer à la prison civile de Lomé et en appelle au soutien des prisonniers politiques, un texte franc, sec mais très parlant. Lire !

Libérez-les et arrêtez celui qui a tué nos frères et fait disparaitre mon oncle !

Il est 5H du matin, les geôliers viennent ouvrir le portail de cette maudite prison et les portes de ces fours crématoires au creux desquels 60 personnes ont dormis telles des sardines, certains assis, les pieds joints, d’autres couchés sur un seul côté de façon symétrique.

Mais, déjà quelques minutes avant, le plus vieux criminel de la cellule, c’est à dire le chef bâtiment (CB) comme on les appelle là-bas, vous réveille pour vous dicter la conduite à suivre pendant toute la journée.

Certains sont, à cet effet responsabilisés pour aller jeter, à la plage, au niveau du Wharf, les CACAS et les urines que les autres prisonniers ont fait dans le sceau, appelé NATOTO durant toute la nuit.

D’autres sont appelés à balayer cette puante cellule dans laquelle tueurs, infanticides, voleurs, escrocs, dealers, violeurs et innocents ont dormi.

C’est donc dans cette ambiance que toutes les personnes injustement arrêtés, y compris mes amis Joseph EZA et Messenth KOKODOKO se sont encore réveillés aujourd’hui.

J’ai fait la prison civile de Lomé et je sais ce que vivent mes amis dans cette ignoble prison et le sentiment qui les anime actuellement contre ce régime assassin et criminel.

Ce sentiment de haine et d’indignation s’accroît beaucoup plus quand de vrais criminels et de vrais délinquants arrêtés pour avoir tué ou volé vous dictent leurs lois inhumaines et vous traitent de façon inhumaine. Il s’accroît encore plus quand vous êtes obligé de manger les vilaines et détestables nourritures animaliers qu’on vous sert et quand vous devez vous doucher nu devant tout le monde.

En prison, les lois de la République ne s’appliquent plus. Seule la loi des plus forts et des plus vieux prisonniers s’appliquent.

Ce qui fait la joie d’un prisonnier de conscience, c’est de savoir que les autres continuent le combat pour lequel on a été arrêté et qu’une personne lui rendra visite dans la journée.

Êtes-vous déjà allés leurs rendre visite ?
Combien d’entre vous se souviennent encore d’eux ?
Vous êtes-vous souvenu d’eux le 01 janvier ?
Savez-vous ce qu’ils ont mangé aujourd’hui ?

Ce qui doit plus leur faire mal ce n’est pas l’oppression qu’ils subissent mais votre indifférence et votre résignation.

Source : www.icilome.com