Les songes et les illusions topologiques de Faure GNASSINGBE

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Les songes et les illusions topologiques de Faure GNASSINGBE


« L’aliénation est une situation dans laquelle l’homme est perdu ». Dans son œuvre, La Pensée de Karl MARX, Jean-Yves CALVES dépeint le seuil intolérable de la dépendance qui phagocyte le jugement et rend l’esprit exclusivement esclave d’une dépossession du bon sens.

Si le sujet que je suis est entamé dans son intériorité, je perds aisément le discernement, la lucidité, la créativité libératrice des valeurs, le sens de la vertu, mon horizon humain parce que je suis dévoré de l’intérieur. Les ambitions creuses doublées d’une volonté de puissance liquident promptement l’appartenance au monde de la réalité. Le sujet qui se laisse tomber dans le puits de ses ambitions se noie de perversités en ce qu’il rompt avec toutes les catégories du jugement et les normes des valeurs.

L’absence de vertu dans l’ambition est une légèreté qui se traduit dans la gravité comportementale à travers des réflexes désadaptés, incongrus, violents.

Pour comprendre la crise togolaise, un regard psychanalytique sur la personnalité de l’héritier du trône suffit à décrypter l’agitation de dialogue dont il se couvre pour apparaître comme un esprit flexible, transcendant sur sa propre histoire. La compulsion à la répétition, à la violence est le seul principe par lequel il peut garder son trône dont il avait déclaré que sous aucun prétexte, il ne peut le laisser choir comme son père, du reste, le lui a appris avant sa mort.

Le leadership dont le « Timoniertricule » est fasciné est celui de son père : un cocktail d’effractions, de transgressions autoritaires, de violences, de répressions barbares, d’emprisonnements, de dérèglements forcés de l’appareil judiciaire, de simulacres de faiseur de pays…De son enfance jusqu’à la prise volcanique du pouvoir, le moule de la formation du prince héritier est un confinement à la licence, à la transgression. Cet embrigadement a travesti l’âme de sa gouvernance avec une aggravation libertine qui donne le quitus à la prédation des ressources nationales par une minorité « fauriste ».

Les crimes fondateurs d’un règne ont toujours leurs rebonds dans la volonté princière de prolonger son séjour au trône. Les scandales électoraux se succèdent dans le théâtre du faux, de la menace, de la violence. Cette résurgence de la rapine électorale est l’aliénation dont le régime ne peut se départir sans s’écrouler. Le prince réfractaire à la transparence s’est mis dans la conjecture du dialogue avec le secret désir d’endormir la contestation frontale et se donner un souffle pour une autre boucherie électorale.

Les époques, les circonstances sont-elles les mêmes dans notre pays pour que les élections s’organisent unilatéralement par le régime RPT/UNIR ?

Comment Faure peut-il appeler au dialogue qui inclut la question électorale au Togo et se passer de l’aboutissement de ce dialogue ?

La résolution de la crise confiée à la CEDEAO n’échappe-t-elle pas à Faure pour se hasarder à mépriser l’instance régionale ?

1) De la licence à l’insulte

Le mépris, l’irrévérence, la condescendance dont le « Timoniertricule » écrase les Togolais autant la facilitation désignée par la CEDEAO pour dégager les moyens de résolution de la crise et juguler la perturbation de la zone communautaire transparaissent très franchement dans le choix unilatéral de Faure de prétendre tenir tous les délais constitutionnels de consultations électorales et d’ordonner son référendum. Dans son discours, le jour de la Souveraineté nationale, il utilise un symbole communiquant pour affirmer la rupture avec une prétendue communauté régionale ou internationale. Il défie quiconque se risquerait à contrarier son ambition maladive à triompher de la communauté nationale et internationale. Il trouve accessoires et subsidiaires les volontés du peuple dans sa majorité expressive et écrasante autant que l’intrusion de la CEDEAO dans cette crise. Dans son subconscient, jamais il n’a envisagé la présence d’un tiers, encore moins d’une autorité internationale dans la recherche de solution dans la crise togolaise. Sa distance et sa distanciation vis-à-vis du facilitateur ne sont que des présages, dès l’ouverture de ce dialogue, des épines jetées sur la trajectoire d’une évolution impossible. Le traitement dont il s’autorise des mesures d’apaisement est un indicateur du grand brouillard entretenu pour en faire un marchepied. Mango, Bafilo, Sokodé et même Dapaong et Kara sont en état de siège. La facilitation ne dispose d’aucun moyen de coercition pour faire respecter les points d’accord et les principes acquis en vue de permettre l’ouverture du dialogue.

L’homme qui marchait sur les rotules pour quémander le dialogue a cru retrouver le souffle autoritaire et la licence de l’action dès que la tempête s’est calmée pour donner place aux discussions. Les alibis les plus farfelus font leur émergence pour densifier la répression et les violations les plus ignominieuses contre les enfants du Togo. La gradation des audaces et de la volonté de puissance d’un prince malade du pouvoir sont saillantes dans ce discours qui, nul doute, se moque de l’insurrection de la conscience nationale, des facilitateurs Nana Akufo-Addo et Alpha Condé. Cette perversité politique est la fonctionnalité du « Petit Eyadéma » à une époque autre en ces termes. C’est cette même fonctionnalité gonflée de superflu qui motive le chef absolu à chiffonier l’Accord Politique Global (APG), les recommandations de la Cvjr.

Combien de temps Faure mettra-t-il à comprendre que l’autoritarisme ne fait jamais l’autorité? A voir le seuil des adversités et des grondements sociaux toujours brûlants malgré les teintures de solutions, on comprend que l’exécutif a perdu quelque chose d’essentiel dans la conduite des affaires publiques: la confiance et l’autorité. Partout dans le pays, il y a une sorte de non-coopération, de boycott actif, de l’autorité qui participent de la résistance civile. Où sont les carnets de l’éducation civique et morale que le gouvernement diffuse à tour de bras dans nos établissements scolaires proprement vacants depuis des mois, des années? Seuls l’exemplarité et les modèles ont une ascendance sur les jeunes et les peuples

Nous sommes à un effondrement de l’autorité et de la gouvernance à travers la confusion dans la régence du pouvoir. Les simulacres, les parjures, le manque de respect de la parole donnée ont phagocyté la dynastie des malheurs. « Aussitôt qu’un roi se relâche sur ce qu’il a commandé, l’autorité périt, et le repos avec elle » nous apprend Louis XIV dans ses Mémoires. Les politiques, les syndicats, le prélat, toute la population togolaise font l’amère expérience d’un règne du parjure, des transgressions, de la rapine et du faux.

Aujourd’hui, les principes faux ont pris une dimension par-delà nos frontières. La Cour communautaire d’Abuja avait déjà goûté à nos échantillons écervelés en matière de violation de la loi par notre Cour Constitutionnelle et surtout dans l’affaire des neuf députés ANC. Dans les palais de nos voisins, nous portons les mêmes mépris de la personne humaine. Cette aplasie du sens de responsabilité est caractérielle du régime togolais. Nous sommes tout heureux dans la mise à l’écart des facilitateurs par Faure parce que le monde découvre davantage ce que nous endurons à l’échelle nationale de la résistance à laquelle le peuple adhère et donne sa vie sans faiblir

2) Le solennel discours d’adieu de Faure

Ne nous trompons pas sur les intentions claires de Faure. Il annonce le 27 avril dernier qu’il sort définitivement au dialogue parrainé par la CEDEAO. Il a voulu tendre un traquenard à l’opposition par le jeu du dialogue dont les conclusions ne le concernent pas, mais l’ampleur et le sérieux des discussions le mettent à l’étroit dans ses rêves. Il sent son propre piège se refermer sur lui et d’un brigandage politique, il botte en touche la Cedeao, la facilitation et tout ordre transcendant qui contrarieraient son horizon de prédilection: Les simulacres et les parodies de légitimation d’un règne d’éternité

Emmanuel BERL nous éclaire sur la manière dont les hommes se trahissent par le langage, confirmant toute la dimension de la psychanalyse freudienne sur les actes manqués et le lapsus. Dans la Fin de la IIIe République BERL écrit: « Le langage peut se servir de nous quand nous pensons nous servir de lui »

La provocation de Faure et le défi qu’il lance aux Togolais, à la Communauté régionale et internationale est d’un cran et, par là-même, il nous prévient qu’il est prêt à en assumer les implications et les conséquences. Voilà le contenu latent de son message. L’esprit d’inimitié et le solipsisme qu’il affiche dans son discours signifient qu’il fait son monde à part et qu’il n’a besoin de personne pour construire son rêve, poursuivre sa trajectoire

Cette obscure assurance dont il se flatte l’orgueil n’est surtout pas une grandeur, mais une prison de l’aliénation aux parjures, qui, en réalité, ne produit aucun résultat, parce que, qui n’a pas l’esprit de sa responsabilité, de sa responsabilité à tous les malheurs. L’imagination ivre de défis est l’éternelle faiblesse de ceux qui sont dévorés par l’ambition. Ils n’ont ni contenance à persuader même leurs résidus de soutien, parce que les princes font plus d’hypocrites au de dévots. Quand sonne l’heure de vérité dans le cours de l’histoire, on sait très bien comment s’effilochent les remparts en dentelles.

La crédulité des peuples fait la science et le succès du tyran. Dans l’ordre actuel de l’éveil de la conscience nationale, l’espérance collective pour laquelle les togolais acceptent de mourir ne saurait dépérir.

D’un autre côté, le niveau d’implication de la Cedeao dans la crise togolaise est d’une gradation que l’instance sous-régionale ne peut plus se dessaisir sans perdre toute sa crédibilité surtout que l’antécédent récent du cas Yahya JAMMEH inspire toute la collectivité nationale et internationale

Par conséquent, Faure ne peut qu’échouer dans sa provocation inutile de passer outre le dialogue et de ne faire qu’à sa tête, parce pour réussir, il faut une intelligence d’interprétation de son époque, du temps et du contexte régional. MONTESQUIEU a tôt fait de nous apprendre dans son œuvre Mes Pensées: « J’ai toujours vu que pour réussir, il fallait avoir l’air fou et être sage »

Le « Timonierticule » a bien l’air ivre de liberté mais il lui manque cruellement la sagesse. Il est encore dans la caverne de l’aliénation aux parjures, à l’effraction en ignorant le principe de réalité. Les artifices et le superflu dont il croit ruser sont trop fragiles pour lui servir de perches ou d’escalateurs. L’outrecuidance l’a définitivement logé dans la galerie sombre des chutes aux éclats. Il est dans la sentence imparable de l’histoire.

Source : www.icilome.com