Les réalités du Fonds national de la finance inclusive

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Assih Mazamaesso, Secrétaire d'Etat chargée du FNFI

3,275 milliards
après collectif budgétaire en 2019, 2,969 millards pour 2020…

. Que fera-t-on
des remboursements et où est l’inclusivité au final ?

Il est possible que Liberté ne parle pas
une fois encore de cette structure censée aider les populations togolaises à
lutter contre la pauvreté, si nous n’avions pas découvert une fois encore des
incongruités qui indignent. Malgré la chasse aux mauvais payeurs ayant
bénéficié des fonds de la finance inclusive, malgré les années de décaissement
en faveur de cette structure, bien que les bénéficiaires remboursent avec des
intérêts, pour la énième fois, le Secrétariat chargé du Fonds national de la
finance inclusive (FNFI) a encore eu droit à une dotation budgétaire
conséquente, mais incompréhensible. Le FNFI avale les dotations sans rien
devoir au Trésor public. Une situation très anormale.

La ruée vers le FNFI et ses ailes
marchantes s’est estompée depuis son avènement en avril 2014. En ce moment,
l’élection présidentielle commandait au pouvoir de trouver une parade pour
faire croire qu’il était soucieux du bien-être des plus pauvres. Et au fil des
années, l’APSEF (Accès des pauvres aux services financiers), l’AJSEF (pour les
jeunes), l’AGRISEF (à l’endroit des agriculteurs), l’expression
« revolving » ont vu le jour. Mais les quelques poches de réussite
doivent-elles occulter une réalité qui indigne ?

Si la Secrétaire d’Etat devrait être sincère,
elle devrait dire avec exactitude d’abord le montant qui dort dans les comptes
du FNFI et ensuite à quoi serviront in fine tous les remboursements avec les
intérêts. Mais il est peu certain qu’elle se plie à cet exercice. Parce que
beaucoup de questions risquent de la mettre très mal à l’aise, bien qu’elle
soit connue pour avoir le verbe facile.

Dans des médias proches du pouvoir, on a
commencé depuis un moment à utiliser l’argent du FNFI pour mettre en avant des
poches de réussite chez quelques bénéficiaires. Sous forme de programme, comme
si c’était l’essentiel. Mais on omet de dire les contours réels de ce fonds.

Sur tout capital consenti à tout
bénéficiaire, il existe des intérêts à payer et une épargne à constituer. 5% et
8% d’intérêts selon les produits. Idem pour l’épargne. De façon pratique, en
considérant par exemple que la FNFI prête 1 milliard FCFA aux bénéficiaires, ce
montant doit générer après 6 mois d’activité 50 millions d’intérêts et 50
millions d’épargne. Pour ceux qui sont sous le régime des produits générant 5%
d’intérêt et 5% d’épargne.

Pour le budget 2020, au 30 septembre
2019, soit à trois mois de la fin de l’exercice, 821,777 millions FCFA de
dépenses totales avaient été réalisées. Mais quand un collectif budgétaire
était passé devant « notre chère Assemblée nationale », la nouvelle
dotation a été revue à…3,275.938 milliards FCFA ! On vous laisse le
choix d’effectuer le « saut qualitatif » à réaliser en 3 mois !
De façon plus pointilleuse, il ressort que le collectif budgétaire a permis de
faire passer les dépenses en capital qui étaient de 274,617 millions après 9
mois d’activité, à 2,638.026 milliards. Et pendant ce temps, les transferts
courants pour lesquels le FNFI a été « inventé »
stagnent à 500 millions FCFA. Et pour 2020 encore, il est prévu des transferts
courants pour 500 millions. ENCORE !!!

La dernière fois que dame Assih Mazamaesso
et sa structure s’étaient pliées à l’exercice de reddition de comptes, au
minimum 30 milliards auraient été décaissés du Trésor public aux fins de prêts
aux bénéficiaires. Sans compter les prêts de la Banque Mondiale. Faites les
calculs pour dégager les intérêts générés sur le dos des pauvres bénéficiaires.

Les
remboursements retourneront-ils un jour au Trésor public ?

Le FNFI serait-il devenu une banque
virtuelle qui ne dit pas son nom ? Parce que l’inclusivité à l’endroit des
pauvres, c’est de faire en sorte que ceux-ci sortent progressivement de la
précarité. Mais si non seulement ils doivent rembourser le capital, mais aussi
payer des intérêts dessus, alors on doit désormais parler d’une inclusivité
« à la togolaise ».

La croissance inclusive parle de
redistribution de la richesse nationale. Un système de transferts monétaires a
été mis en place et des familles bénéficient de fonds non remboursables pour un
soutien. Ce transfert s’inscrit dans les mêmes lignes budgétaires que les
transferts courant au FNFI : aucune trace de remboursement n’apparaît dans
les comptes du Trésor. Des structures aux contours juridiques bizarres (SOTRAL)
bénéficient de transferts courants non remboursables. Et donc au nom de quelle
logique des Togolais identifiés comme « pauvres » devraient-ils, eux, rembourser des transferts
courants qui n’atterissent pas dans les caisses du Trésor public ?

Le bon sens, pour un gouvernement qui
rebat les oreilles des populations avec un « mandat social difficilement identifiable », aurait été que les
prêts consentis aux bénéficiaires soient assortis de clauses de réussite pour
tous. Contre une garantie de non remboursement. Ce n’est qu’à ce prix que le
mandat social fera sens.

Après les premiers prêts, on parle de
« revolving », un système
qui permet au FNFI de s’auto-suffire et d’octroyer d’autres crédits. Soit. Mais
à terme, tous les milliards décaissés dans les budgets successifs depuis 2014
et qui continuent retourneront-ils au Trésor public ??? Là est toute
l’interrogation.

Des gens se disent « élus du peuple », mais n’ont jamais
le temps de s’intéresser aux décaissements budgétaires en profondeur. Et c’est
lors des élections, surtout présidentielles que les populations découvrent que
leurs « élus » n’ont que
faire du contrôle de l’action gouvernementale. Pour eux, c’est comment faire
pour être bien vus par le pouvoir central. Et être « renommés » aux
prochaines législatives.

Godson K.

source : Liberté

Source : TogoActu24.com