Difficile pour les populations de ces localités de faire la traversée du lac pour se rendre à l’autre rive pour leurs échanges commerciaux et autres activités quotidienne. Les forces de l’ordre, dans leur course effrénée contre les vendeurs du carburant illicite, n’épargnent pas ces honnêtes populations qui se retrouvent, lors de la traversée en plein milieu du lac, entre les tirs de grenades lacrymogènes.
Cela fait plusieurs années que la situation perdure au nez et à la barbe des autorités togolaises. Vendredi dernier, la même situation s’est présentée dans ces localités, où un bébé, des femmes revendeuses qui se rendaient au marché de Vogan par la traversée et autres passagers à bord de pirogues (qui n’ont rien à voir avec les dealers d’essence illicite) ont été surpris par les tirs de grenades lacrymogènes.
Certains passagers à bord des pirogues, ne pouvant plus supporter la fumée piquante des gaz lacrymogènes, se sont jetés dans le lac. Selon les informations, il y a eu des noyades (ce qui reste à vérifier). Le bébé était tombé évanoui par suffocation. Ce n’est que le soir qu’il a retrouvé ses esprits.
Cette zone réputée être le nid des contrebandiers de ce carburant, les forces de l’ordre y patrouillent régulièrement. Mais ce qui est ahurissant, c’est que dans leurs guets-apens, ces forces de sécurité ne mettent pas la différence entre les trafiquants, la population et autres passagers qui traversent le lac à bord des pirogues. Elles tirent les gaz lacrymogènes le long du lac, sur tout ce qui bouge, même dans les maisons.
« Hier (Ndlr, vendredi 11 août), les forces de l’ordre lançaient des gaz n’importe comment. Ils les lançaient aussi dans les maisons qui sont proches du lac. Ils tiraient aussi des balles blanches qui ont blessé beaucoup de jeunes. Ils ont arrêté deux jeunes garçons qui ont été relâchés plus tard après avoir versé une somme de 15 000 FCFA chacun. Souvent, ces éléments des forces de l’ordre font des descentes dans les maisons la nuit, armés de machettes et de bâtons. Ils viennent entre 1 heure et 3 heures du matin », a confié Kankoé Olivier, un natif de Badougbé rencontré dans le village.
Malheureusement, les désagréments que peuvent avoir les populations importent peu à ces forces de sécurité et à leurs patrons. Durant toute la journée du vendredi 11 août, Badougbé, village situé à l’autre rive de Sewatikopé, a été le théâtre de ce spectacle désolant. Certains piroguiers ont dû rebrousser chemin pour sauver des vies. Or ces hommes et femmes se rendaient dans leurs diverses activités, surtout au marché de Vogan, pour avoir de quoi nourrir leur famille le soir. Cela a donc ralenti les activités économiques dans la zone.
« On n’a pas de travail dans notre milieu. C’est l’argent de tontine que les jeunes prennent pour faire ce commerce de carburant. Mais les forces de l’ordre viennent prendre ce que nos jeunes font, en faisant des victimes avec les grenades lacrymogènes. Il n’y a d’ailleurs pas de station d’essence sur la route. C’est chez les jeunes que les usagers s’approvisionnent lors des voyages. C’est triste ce que nous vivons ici à Badougbé et Sewatikopé », a déploré un autre villageois, Gbogla Adoyoyo.
Dans un communiqué rendu public mardi, le Mouvement Martin Luther King (MMLK) a déploré « cette méthode qui continue de nuire à la vie des citoyens ». Il a appelé les autorités concernées à « procéder autrement pour préserver la quiétude et les droits de ceux qui ne sont pas impliqués dans le commerce et la vente du carburant ».
I.K
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