« Aux âmes bien nées la valeur n´attend point le nombre des années.»
Il n´a pas assisté au soulèvement du 05 Octobre 1990, n´a pas connu les manifestations violentes contre la dictature d´Éyadéma en 1990, 1991 et les répressions qui s´en étaient suivi. Il s´est fait plus tard raconter les massacres de la lagune de Bè, de Fréau-jardin, la Conférence Nationale Souveraine de Juillet-Août 1991, la stratégie de la terreur initiée par Éyadéma, l´assassinat de Tavio Amorin et de beaucoup d´autres opposants. Bref, il est très jeune pour avoir connu l´âge d´or des marches ou motions de soutien à la dictature et tout son corrollaire de bêtise humaine. Il n´a pas vécu cette période de discrimination et d´injustice au service des bourses et stages, où les bourses, pour aller étudier dans de bonnes universités à l´étranger, étaient réservées à une certaine catégorie de togolais.
Pourtant, Naboudja Bouraima, puisque c´est de lui qu´il s´agit, est un homme révolté. Révolté contre les injustices de toutes sortes, et surtout contre la dictature cinquantenaire dont les retombées néfastes sur les populations n´ont fait que s´empirer. Il ne se cache pas pour l´exprimer et ne jure que par un combat non violent aux côtés de l´opposition pour libérer son pays. L´activisme d´un tel combattant à la « Gandhi » sur les réseaux sociaux ne peut se confiner dans les frontières togolaises.
C´est ainsi que grâce à une invitation du parti de la Gauche, « die Linke », soutenue bien sûr par des togolais de la diaspora de la ville de Hambourg, l´occasion fut donnée à notre compatriote de venir en Allemagne raconter son combat, le combat de l´opposition et du peuple togolais. Les trois semaines de séjour au pays de Johann Wolfgang von Goethe n´ont pas été de tout repos pour Naboudja, il s´est agi plutôt d´un parcours de combattant.
À peine descendu d´avion, il fut accueilli par un groupe de parlementaires de l´état de Hambourg qui n´entendaient pas manquer l´occasion d´être les tout premiers à l´entendre et lui parler.
Donc, que ce soit à Hambourg ou devant les parlementaires du Bundestag (parlement allemand) à Berlin, à la direction des affaires africaines au ministère des affaires étrangères, l´opposant et activiste togolais avait eu à parler avec brio des derniers développements de la situation politique au Togo. Et partout où il a passé, les parlementaires, la plupart de l´opposition allemande, cherchaient à en savoir plus pour pouvoir faire pression sur le gouvernement d´Angela Merkel afin qu´il aide les togolais à se libérer. Naboudja Bouraima, comme tous les leaders de l´opposition togolaise qui sont venus avant lui, n´avait pas manqué de souligner les efforts de la coaltion des 14, du peuple togolais pour une alternance politique, de la répression du pouvoir, du dialogue en cours et de la mauvaise foi légendaire du régime Gnassingbé.
Voulant faire d´une pierre deux coups, Naboudja Bouraima fit un crochet en Suisse pour y rencontrer la diaspora togolaise et visiter le siège des Nations Unies à Genève. Revenu en Allemagne, le professeur de philo aura le privilège d´animer une conférence-débat dans le Kaisersaal (salle de conférence) au siège du gouvernement de Hambourg devant beaucoup d´allemands et de togolais de la diaspora. L´activiste et opposant Naboudja a clôturé ses rencontres avec ses compatriotes de la diaspora à Cologne samedi 14 Juillet 2018.
Partout, le natif de Bassar a été l´objet d´un accueil à la togolaise, toutes ethnies confondues; les togolais et les togolaises d´Allemagne, très engagés, n´avaient pas manqué l´occasion de transmettre au conférencier des messages de soutien aux populations togolaises, et surtout des propositions et des félicitations à l´endroit des 14 partis de la coalition.
Nous ne pouvons clore ces lignes sur le séjour de Naboudja Bouraima en Allemagne sans évoquer les déboires qui sont aujourd´hui les siens dès son retour au pays. En effet, le préfet de l´Oti, le Colonel Ouadja Gbandi, un bassar, cherche à lui créer des ennuis en faisant pression sur le proviseur et l´inspecteur pour qu´ils exigent du professeur Naboudja une lettre d´explication pour avoir voyagé sans autorisation. Naboudja Bouraima, selon ses dires, avait terminé son programme de l´année et avait été autorisé aussi bien par la directrice de l´enseignement du secondaire que par le Sécretaire Général du Ministre à l´absence de ce dernier. Nous avons réussi à entrer en contact avec l´intéressé et aux dernières nouvelles le Ministre de l´enseignement technique le prierait de venir le voir à Lomé jeudi 26 Juillet à 7 heures.
Un Colonel-préfet qui n´a rien à voir avec l´enseignement, mais qui s´en mêle pour nuire à un citoyen. Raison de plus pour que Naboudja Bouraima continue le combat qui est aujourd´hui le sien, afin que notre pays redevienne un pays normal, un pays civilisé, où l´homme ou la femme qu´il faut à la place qu´il faut, puisse s´occuper de ses oignons dans l´intérêt et surtout dans le respect des citoyens.
Samari Tchadjobo
Allemagne
27Avril.com