Avant de parler du « travail », pour éviter les malentendus, il est impératif de préciser de quel « travail » on parle.
Le « travail » dont nous parlons, ce n’est pas le « travail forcé » des esclaves, des colonisés, des prisonniers de guerre, des prisonniers des camps de concentration, des salariés exploités par le capitalisme sauvage.
Le « travail » dont nous parlons, c’est le « travail créateur », créateur de richesse, de prospérité, de liberté, de connaissance, de culture, de fierté, de patriotisme, c’est le « travail » qui a permis à l’Egypte Noire Africaine des pharaons de créer la plus riche civilisation spirituelle, culturelle, scientifique, et technologique de l’histoire de l’humanité et qui a posé tous les fondements de la civilisation dite moderne.
Le « travail » dont nous parlons, c’est le « travail libérateur » des énergies créatrices et des énergies de l’intelligence.
Le « travail » dont nous parlons, c’est le « travail transformateur » de « l’énergie potentielle » en « énergie cinétique », c’est-à-dire « énergie en mouvement ».
Le « travail » dont nous parlons, c’est le « travail par imitation de Dieu Créateur », pour achever avec lui la création qu’il a confiée à l’homme « créé à l’image de Dieu », donc « créateur et travailleur comme Dieu ». C’est pourquoi la devise des moines bénédictins, comme ceux de Dzogbegan, est « ora et labora », c’est-à-dire « prie et travaille », conformément à la tradition vénérable des premiers moines chrétiens africains en Egypte et dont les plus exemplaires étaient appelés « les pères du désert ».
A propos de la signification de la valeur « travail » dans l’histoire du Togo jusqu’à son indépendance, tous les togolais pétris de l’histoire du Togo savent que le « travail » est la première valeur positive et féconde que les « anciens » de chez nous, qui ont connu les Allemands au « Togo allemand » divisé plus tard en « Togo français » et « Togo britannique », ont gardé et transmis de leur bref contact de 30 ans de 1884 à 1914 avec les Allemands de « l’âge d’or » du chancelier Bismarck, du musicien Wagner, du philosophe Nietzsche.
C’est sans doute à cause de toutes les fonctions du « travail » qui viennent d’être évoquées et de la signification de la valeur « travail » dans l’histoire du Togo jusqu’à son indépendance que le Père de l’indépendance du Togo a choisi pour la devise du Togo « travail, liberté, patrie », en plaçant la valeur « travail » avant la valeur « liberté », « Ablode » en éwé, qui a pourtant servi de slogan très mobilisateur pour la victoire de la lutte populaire pour l’indépendance du Togo, et avant la valeur « patrie », « Denyigban » en éwé, qui a pourtant nourri le nationalisme du « mouvement Ablode » qui à mené la lutte populaire pour l’indépendance du Togo. Cette priorité donnée par le Père de l’indépendance togolaise à la valeur « travail » sur les valeurs « liberté » et « patrie » est logique, puisque revendiquer la « liberté » et la « patrie » sans les capacités d’action que donne le « travail » revient à nager en pleine l’illusion.
C’est pourquoi, dans son discours-programme devant l’Assemblée Nationale Togolaise le 27 avril 1960, le Père de l’Indépendance togolaise fera l’éloge en les termes vibrants suivants de la valeur « travail » : « Pour vous tous enfin, mes chers compatriotes, aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur, ce jour est avant tout un commencement, un départ. Certes, ce qui nous tenait à cœur, et qui était notre premier objectif, l’indépendance, est maintenant un fait accompli, une réalité tangible. Mais il nous appartient désormais, et à nous seuls, d’assumer la responsabilité de notre développement économique et social, d’imposer le respect de nos opinions et de nos droits, d’affirmer notre existence dans l’honneur et la dignité. Tout cela se fera, mais ne se fera qu’avec le concours de vous tous. Togolaises et Togolais, résolument unis, résolument décidés à travailler tous ensemble à l’œuvre commune. Nous ne disposons pas actuellement de ces énormes capitaux indispensables à tout progrès matériel, mais nous disposons de nos bras et de nos têtes qui peuvent en tenir lieu. Mettez-vous à l‘œuvre, que la tâche qui incombe à chacun soit accompli de la manière la plus parfaite et le reste nous sera donné par surcroît ».
C’est pourquoi le « Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO)», qui voudrait actualiser et porter à son achèvement la réalisation de ce discours-programme du Père d l’indépendance togolaise, consacre 3 points des 10 points de la synthèse de son programme de gouvernement à la valeur « travail », en proposant en ses points 3, 4 et 5 :
« 3) inaugurer et consolider le « changement dans la vie de tous et chacun », grâce au « travail rémunérateur pour tous et chacun », garanti par des mesures et des réformes révolutionnaires à prendre par l’état pour toutes les catégories de travailleurs potentiels, en particulier pour les agriculteurs avec la réforme révolutionnaire des « entreprises agricoles », pour les travailleurs citadins diplômés avec la révolution de « l’offshore informatique », et pour les travailleurs citadins non diplômés avec la révolution de « l’offshore industriel » dans la « zone franche industrielle » sur toute l’étendue du territoire national, et plus spécialement dans l’extension du port de Lomé, le seul port en eaux profondes de toute la côte ouest-africaine, à 200 km du plus grand marché national africain de 200 millions de consommateurs Nigérians.
4) « mettre en application avec passion et rigueur la devise togolaise : travail, liberté, patrie », « libérer, grâce à l’éducation et la formation adaptées, les énergies de travail, de créativité, de recherche, d’innovation, d’esprit d’entreprise, et de liberté d’entreprise de tous les talents et génies potentiels togolais », et « exploiter les gisements togolais de travail, d’intelligence et d’économie du savoir »,
5) « restaurer à tous les niveaux de la société togolaise et de l’état togolais la conscience professionnelle et la bonne gouvernance » qui faisaient la dignité et la fierté des togolais sous le soleil de l’indépendance ».
Puisse cette célébration de la fête du travail ce 1er mai 2022 nous permettre de mieux prendre conscience de toutes les potentialités de la valeur « travail » et de les exploiter pour commencer dès maintenant à travailler avec intelligence, créativité et persévérance à l’accomplissement de la mission exaltante confiée à chaque togolais par notre hymne national : « aimer, servir, se dépasser, faire encore de toi, Togo chéri, l’or de l’humanité ».
Lomé, le 1er mai 2022
Professeur Pascal Kossivi ADJAMAGBO
Président National du Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO)
Source : icilome.com