Le Togo imaginaire de l´ex-ambassadeur Sogoyou et le Togo réel de la dictature, des assassinats, des prisonniers et des réfugiés politiques

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«…Nous, on a une richesse illimitée, c´est notre paix et notre sécurité. On tient à cette paix et à cette sécurité, et il ne viendrait à la tête de personne de les remettre en cause. Car partout où la paix, qui a aussi longtemps duré, est remise en cause, c´est difficile après de retrouver la paix. Nous devons travailler en tant que Togolais pour renforcer ce sentiment de paix et de sécurité…» (Sogoyou Kéguéwé, ancien journaliste à Radio-Kara, ancien activiste pro-RPT à Kara, ex-ambassadeur du Togo en Allemagne).

«…Au final, compte tenu de toutes les similitudes dans l’histoire politique des deux pays, la fin du règne des Bongo met intensément les projecteurs sur le régime des Gnassingbé. Et, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est légitime de se demander si le régime togolais connaitra le même sort. Au-delà de cette interrogation, la question utile qu’il faut se poser est de savoir si le chef de l’Etat togolais peut avoir une fin de règne différente. Faure Gnassingbé peut-il éviter un coup d’Etat? La réponse est clairement oui. Toutefois, pour qu’il en soit ainsi, il lui faut d’abord renoncer au 5e mandat, après 20 ans de pouvoir…»  (Nathaniel Olympio, Président du Parti des Togolais).

Voilà deux déclarations juxtaposées émanant de deux personnalités togolaises sur la situation politique de notre pays le Togo. En lisant le premier extrait, surtout pour tout observateur étranger au Togo, le pays dont parle notre ancien ambassadeur, Monsieur Kéguéwé Sogoyou, serait un paradis sur terre en termes de liberté et de paix. À écouter l´ancien activiste, pro-RPT et pro-Éyadéma à Kara au début des années ´90, faire ses analyses sur „New World TV“, on aurait l´impression que notre pays est vraiment cet îlot de démocratie, où l´alternance au sommet de l´état, le respect des droits de l´homme, la liberté, la paix et le partage équitable des richesses à tous le citoyens sont une réalité.

Nous voulons rappeler à l´ex-ambassadeur du Togo en Allemagne que la situation politique des pays dont il feint aujourd´hui de supporter les militaires au pouvoir, est de loin meilleure à celle du Togo. Nous voulons parler du Burkina-Faso, du Mali et du Niger. De même, les pays de la CEDEAO dont il fustige les chefs d´état en des termes pas très propres, pour leur accointance avec la France, pour attaquer ce pays frère du Sahel, sont également une référence sur tous les plans pour notre malheureux pays, ballotté par la dictature des Gnassingbé depuis un demi-siècle. Il s´agit ici du Bénin, de la Côte d´Ivoire, du Nigeria et du Sénégal. Ce comportement incompréhensible de ces chefs d´état dans la crise nigérienne, que nous dénonçons tous, n´aurait rien à voir avec la situation politique intérieure dans leurs pays respectifs, que les Togolais, s´ils avaient le choix, n´hésiteraient pas une seconde à embrasser. Monsieur Sogoyou reste fidèle à sa logique du début de la démocratisaton dans notre pays à l´orée des années ´90, où il fut un farouche opposant à l´opposition togolaise. Il lui est aujourd´hui difficile de se débarrasser de sa carapace d´activiste pro-RPT, pour ne pas dire, de chef-milicien qu´il fut à Kara, en faisant la chasse à tout ce qui ressemblait à toute autre façon de gouverner que celle des Gnassingbé.

Aujourd´hui, 33 ans après le début de la démocratisation, l´homme semble n´avoir rien perdu de son mordant quant à son aversion vis-à-vis de la démocratie et de l´alternance au sommet de l´état. Pour Sogoyou Kéguéwé, le pouvoir politique devrait se décliner en termes d´ethnie et reposer sur la théorie de la raison du plus fort, comme la gouvernance Gnassingbé nous l´a démontré et nous le démontre depuis un demi-siècle. Sinon quel message l´ancien diplomate voudrait-il nous communiquer en parlant de «richesse illimitée» que seraient «notre paix» et «notre liberté» que nous aurions au Togo, alors que tout le monde connaît la situation plus que désastreuse sur tous les plans dans laquelle les Togolais, de toutes les régions, de toutes les ethnies, se débattent? Et ce qui est encore plus triste et lamentable, c´est que l´ancien journaliste à Radio-Kara, en tentant de peindre un Togo imaginaire de paix et de liberté, sait en son for intérieur que ce n´est pas vrai. Il sait bien que le Togo est une dictature où des prisonniers politiques, dont le demi-frère de Faure Gnassingbé, Kpatcha, se comptent en plusieurs dizaines. Il sait également que plusieurs Togolais, civils comme militaires, pour des raisons politiques, sont contraints à l´exil. Le corps du Colonel Toussaint Bitala Madjoulba, assassiné dans son bureau au camp militaire, le 04 mai 2020, se trouve toujours à la morgue.

Malgré ce sombre tableau dans le domaine du respect de la dignité et de la vie des autres citoyens, qui n´est possible que dans des régimes de terreur comme celui du Togo, quelqu´un qui se respecte et respecte ses concitoyens, peut-il avoir le culot de parler de paix et de liberté dans un tel pays? L´ex-ambassadeur  est-il vraiment en harmonie avec sa conscience en faisant de telles déclarations qui humilient et laissent tout Togolais conscient sans voix. Peut-il surtout regarder ses enfants, ses petits-enfants, son épouse et son entourage familial dans les yeux, après avoir proféré de tels mensonges pour protéger un régime en perdition et pour protéger ses avantages personnels ? Heureusement la deuxieme citation du début de notre texte de l´homme politique togolais de l´opposition, Monsieur Nathaniel Olympio, est là pour rafraîchir la mémoire au journaliste, à l´ancien activiste pro-RPT et à l´ancien diplomate Sogoyou Kéguéwé, en lui rappelant que le régime togolais est bel et bien un régime de dictature, hélas! Monsieur Sogoyou peut enfin se reveiller de son sommeil, ou plutôt de son cauchemar. Le Togo, «pays de paix et de liberté», «qu´il ne viendrait à la tête de personne de changer», n´existe pas depuis 60 ans.

En parlant de la fin du règne des Bongo au Gabon, et en faisant le parallèle avec le sort qui sera celui de Faure Gnassingbé au Togo, le président du « Parti des Togolais », Monsieur Nathaniel Olympio, avertissait dans une publication dans le quotidien « Liberté » la semaine dernière: « Forcer le passage sera pour lui très difficile à tenir, compte tenu du ras-le-bol des Togolais et des conditions qui prévalent actuellement en Afrique de l’Ouest avec la cascade de coups d’Etat…».

À bon entendeur, salut!!!

Samari Tchadjobo

Allemagne

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Source : icilome.com