Le Togo des futilités : Les gouvernants se contentent des prix douteux, le pays à la traine

0
338

Le Togo est devenu le champion des prix et distinctions. Cette année, plusieurs personnalités en ont reçu. Une chose saute aux yeux ; malgré la collection de prix par les Togolais, le développement n’est pas amorcé. Au contraire, tout semble s’enliser de jour en jour.

« Meilleur Leader Social Africain 2021 », «Meilleur Promoteur Africain des Œuvres Sociales 2021 » et « Grand Prix général Mathieu Kérékou » en 2022. La liste n’est pas exhaustive. Il s’agit bien là des distinctions honorifiques attribuées à Dr Michel Kodom, patron de l’ONG Aimes-Afrique. « Très ravi du choix porté à ma modeste personne pour recevoir cette nouvelle distinction…Je dédie ce prix à tous mes collègues médecins et surtout à ceux qui ont perdu leur vie dans la lutte et la prise en charge des patients atteints de COVID-19 », a-t-il confié, cité par des médias locaux. La dernière distinction lui a été décernée le samedi 10 décembre dans la capitale béninoise par l’ONG Etoile d’Afrik dont l’ambition est de faire la promotion de l’excellence. Une fierté pour la personne et son pays d’origine, le Togo. Il faut le dire, le médecin est un vrai « collectionneur de Prix ».

En dehors de cette personnalité qui œuvre dans l’humanitaire, bien que connue comme militant du parti au pouvoir, d’autres personnalités plus connues dans le monde politique se félicitent aussi de recevoir des distinctions. En ce dernier trimestre de l’année 2022, une pluie de distinctions s’est abattue sur le Togo. Bien avant, en août dernier, le ministre des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur, Prof Robert Dussey se réjouit d’avoir reçu le « Prix international des droits de l’homme ». Une distinction qui lui a été décernée depuis décembre 2021 par la Commission internationale des droits de l’homme, une organisation pakistanaise.    

Se félicitant de ce prix reçu « pour mes services rendus au plan diplomatique au service de l’idéal d’un monde plus juste, équitable, sûr, durable, bref simplement plus humain », le diplomate se dit convaincu d’une chose : « je peux encore et nous pouvons encore mieux faire pour la cause des droits de l’homme et de la paix dans le monde ». Ceux qui ne connaissent pas le régime sous lequel il sert croiraient qu’il est un champion des droits de l’homme.

Mi-septembre 2022, c’était au tour de Faure Gnassingbé de se voir décerner une distinction. Le chef de l’Etat est déclaré lauréat du « Grand Prix africain de développement ». « Cette distinction qui sera décernée au président Faure Gnassingbé, est le fruit de la stabilité dont jouit le Togo dans un contexte d’insécurité généralisée dans l’espace CEDEAO et l’engagement personnel du chef de l’Etat togolais dans la recherche de solutions aux conflits dans la sous-région ouest africaine notamment la crise malienne en qualité de médiateur en vue du retour à la paix mais également, pour les progrès considérables réalisés par le Togo en matière de création d’emplois et de construction d’infrastructures sans oublier la gestion exemplaire de la crise sanitaire de la Covid-19 », rapporte un confrère.

Fin novembre dernier, revoilà le ministre Robert Dussey qui reçoit le « Prix Africain Afrik Connexion » décerné par la Fondation Afrik’Orizon. « Moi, Professeur Robert DUSSEY, je considère le prix qui m’est décerné cette soirée, après le « Super Prix Diamant Alassane OUATTARA pour l’Intégration Africaine 2022 » à Abidjan ici même et le « Prix International des Droits de l’Homme 2021-2022 » au Pakistan cette année 2022, comme une exhortation à travailler encore davantage pour la paix en Afrique », a-t-il déclaré.

Ce 08 décembre 2022, ex-ministre et ministres de Faure Gnassingbé reçoivent à leur tour des prix. L’ex-ministre, c’est l’économiste Kako Nubukpo. Il lui est décerné le prix du meilleur économiste africain de l’année, dans le cadre des 5ème Financial Afrik Awards. L’ancien ministre de la Prospective et de l’évaluation des politiques publiques occupe actuellement le poste de Commissaire du Togo auprès de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Avec lui, deux ministres en fonction sont aussi auréolées. Il s’agit de Rose Kayi Mivédor (ministre chargée de la Promotion de l’investissement) et Sandra Ablamba Ahoéfavi Johnson (ministre, secrétaire générale du gouvernement en charge du climat des affaires). La première reçoit le « Prix spécial du Leadership Féminin » et la seconde, une double distinction, dit-on, en matière de promotion de la bonne gouvernance. A la ministre secrétaire du gouvernement sont décernés le « Prix Spécial pour le Développement Economique et la Promotion de l’Investissement Privé au Togo » et le «Prix du Leadership Féminin au Togo ».

Une moisson de prix. Si c’était aux jeux olympiques, on se serait réjoui parce que de telles distinctions équivaudraient à de l’argent. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Pire, des soupçons de favoritisme et de clientélisme décrédibilisent ces prix, à l’instar du précieux Doing Business tant prisé par le gouvernement togolais. Qu’est-ce que cela rapporte aux Togolais quand Faure Gnassingbé, Robert Dussey et les autres collaborateurs du régime reçoivent des prix sans valeur ajoutée pour le développement ?

Une chose est sure et certaine, on ne construit pas un pays en se basant sur les distinctions honorifiques. Un pays se construit à travers une vision, un programme, des projections dans un contexte d’union des fils et filles. Si les prix étaient la condition sine qua non du développement, avec eux tous, le Togo serait plus développé que les puissances économiques du monde. Au lieu de faire rêver les populations et faire croire que les distinctions servent à construire le pays, on ferait mieux de se concentrer sur ce qui fait le développement.

G.A. Liberté N°3759

Source : icilome.com