Hier très présent sur la scène politique, Christophe Badoumhèkou Tchao a presque disparu aujourd’hui des ondes. Comme par hasard, l’ « éclipse » du Président du Groupe parlementaire Unir intervient à l’heure où l’actualité politique est devenue plus animée. D’où justement toute la curiosité autour du silence actuel du natif de Sotouboua devenu, entre-temps, l’un des piliers du régime Faure Gnassingbé.
Christophe Badoumhèkou Tchao fait, malgré lui, partie des acteurs ayant plus animé la scène politique, ces dernières années. Choisi par ses paires Président du Groupe parlementaire Unir depuis 2013, l’ancien ministre des Sports et des Loisirs dans le deuxième gouvernement de Gilbert Fossoun Houngbo puis ministre du Tourisme dans le gouvernement de Kwesi Séléagodji Ahoomey-Zunu a fait, depuis le 19 Aout, feu de tout bois quand il s’est agi de défendre la position du pouvoir et de la majorité parlementaire sur la question des réformes politiques. Du parlement aux débats sur les médias en passant par les conférences publiques, il était bien présent.
« Pour nous, la loi doit être impersonnelle, pour permettre à tous les togolais, quel que soit leur bord politique, de compétir, une fois qu’ils remplissent les conditions », disait-il en Juillet 2017, expliquant, au micro de nos confrères de l’agence Savoir News, les raisons du blocage autour des différents projets et propositions de loi introduits depuis 2014 à l’Assemblée nationale, en faveur des réformes constitutionnelles et institutionnelles.
En clair, l’homme ne faisait pas de détour quand il s’agit de défendre la position et les intérêts du régime. Quitte à s’attirer, par moment, la foudre de l’opinion très souvent défavorable à lui. « On a publié nos noms et nos contacts sur les réseaux sociaux. On ne dort plus la nuit… A tout moment, ce sont des messages de menaces, d’insultes et d’intimidations. Mais aucun leader de l’opposition n’a levé le doigt pour condamner ces faits. Il faut que nous évitions l’intolérance politique », dénonçait-il il y a encore quelques mois.
Aujourd’hui, tout semble dire que le natif de Sotouboua n’a pu résister au résistant vent du 19 août 2017.
En effet, depuis les recadrages consécutifs dont a été objet le pouvoir togolais de la part de la communauté internationale d’Octobre à Novembre 2017, le Président du groupe parlementaire Unir semble avoir perdu de la voix, sinon emporté par la crise qui a finalement conduit au congrès du parti présidentiel fin novembre dernier. Chose encore plus étonnante, dans ses multiples défenses, le parti a plutôt choisi d’autres pions à l’instar de Christian Trimua et un certain Pacôme Adjourouvi, un parfait inconnu jusque-là pour mener, aux côtés de Gilbert Bawara, sa guerre de communication. De là jaillissent de l’opinion, des questions sur les motivations du silence bruissant de celui qui était, au début de la crise, l’homme de tous les dossiers au sein du parti Unir.
Des hypothèses n’excluent pas un début de mise en garage, comme c’est de tradition dans la maison bleu turquoise. Un pressentiment né du fait de la redistribution des cartes au sein de Unir qui, partant de la crise, semble se redéfinir une nouvelle feuille de route avec de nouveaux hommes qui émergent au sein du parti né sur les cendres de l’ancien parti Etat, le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT).
Doit-on donc en conclure que Christophe Tchao, amorce une descente aux enfers? Il sera intéressant d’en connaitre l’issue finale, tant l’homme demeure jusqu’à la fin de la mandature actuelle des députés, le Président du groupe parlementaire Unir. Qu’à cela ne tienne, ce défenseur de la thèse du «Togo pourrait brûler sur la question de l’alternance» doit pouvoir s’inspirer des cas de certains de ces compagnons de lutte qui, après avoir joué au vuvuzela, ont été par la suite laissés sur le carreau, au profit d’autres sang neuf. C’est une habitude de la maison et Christophe Tchao doit pouvoir se préparer à toute éventualité.
Cyrille Pessewu/Source : Fraternité No.272 du 06 juin 2018
Source : www.icilome.com