« Crains les adulateurs dont l’âme peu sincère ne vise qu’à tromper par un air imposteur. Le vrai ne sait se contrefaire, mais le déguisement suit partout le flatteur » (Denys Caton)
Le diplomate ghanéen Mohamed Ibn Chambas n’est plus en charge du bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Il sera remplacé le 1er avril prochain par le Tchadien Mahamat Saleh Annadif qui cède son poste de représentant spécial et de chef de la Minusma à Bamako au Mali pour devenir nouveau patron de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest. Quant à Mohamed Ibn Chambas, il prend un repos bien mérité après tant de bons et loyaux services rendus aux dictateurs africains.
Le Ghanéen a fait ses adieux lundi aux autorités togolaises à qui il avait apporté son soutien sans faille. « Je suis venu dire merci à Mme le Premier ministre pour les relations très étroites qu’on a eues. Nous avons eu à travailler ensemble sur plusieurs dossiers au niveau national et sous régional (…) Le Togo a donné un très bon exemple en matière de leadership féminin à travers la nomination du Premier ministre Mme Tomégah- Dogbé, l’élection d’une femme à la présidence de l’Assemblée nationale et la présence de plusieurs jeunes femmes ministres au gouvernement », a-t-il chanté.
Au revoir ou bon débarras, devrait-on dire ? Au demeurant, les Togolais ne le regretteront pas. Depuis que Faure Gnassingbé a fait effraction dans la vie des Togolais en 2005, dans la violence, la terreur, le flot de sang des centaines de morts et s’y impose depuis lors, Mohamed Ibn Chambas, représentant personnel du secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’ouest, s’est posé en soutien inconditionnel de la dictature au Togo. Depuis, le diplomate a toujours joué un rôle trouble aux côtés du régime togolais.
Le paradoxe avec Mohamed Ibn Chambas, c’est qu’il est originaire du Ghana voisin connu comme un modèle de démocratie sur le continent. Il a été plusieurs fois au gouvernement au Ghana entre 1987 et 2000. Avant de devenir Secrétaire exécutif puis président de la Commission de la CEDEAO entre 2002 et 2011. Il devrait être à même de comprendre la situation difficile que vivent les Togolais qui ploient depuis 54 ans sous la férule de la famille Gnassingbé. Ils sont le seul peuple dans la région ouest-africaine à ne pas connaître l’alternance. Mais le diplomate ghanéen a pris fait et cause pour la dictature au détriment des aspirations profondes des Togolais.
Mohamed Ibn Chambas a participé, œuvré en 2005 à l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé. Malgré les fraudes électorales qui ont émaillé la présidentielle à l’époque, les nombreuses victimes qu’elle a occasionnées, Mohamed Ibn Chambas et sa Commission (de la CEDEAO) s’étaient montrés très complaisants vis-à-vis du régime togolais en cautionnant les résultats du scrutin. Depuis, il est devenu un visiteur du soir au palais présidentiel. Il était fréquent de voir Ibn Chambas monter au créneau et essayer d’enjoliver l’image du régime vomi par tout le peuple. On apprendra que lui et Louis Michel font partie du réseau international de lobbying au profit du pouvoir togolais.
Lors des scrutins présidentiels de 2010, 2015 et 2020, Mohamed Ibn Chambas était régulier au Togo et affichait un soutien ostentatoire au régime de Faure Gnassingbé et cautionnait tous les coups de force électoraux. Il n’hésitait pas à monter au front et à organiser des conférences de presse ou des interviews dans les médias internationaux annonçant que « les élections étaient libres et transparentes ». Des manipulations et mensonges que reprenait par la suite le régime togolais pour s’en servir comme base à sa stratégie de communication.
De fait, notre pays est pris en otage non seulement par la famille Gnassingbé mais aussi par certains diplomates prompts à cautionner la falsification des processus électoraux.
Médard Ametepe
Source : Liberté
Source : 27Avril.com