L’opposition des agents de Togo Telecom et de sa filiale Togocellulaire contre le processus de transformation de ces deux (2) sociétés d’Etat, tel que proposé par la ministre des Postes et de l’économie numérique, Cina Lawson, gagne du terrain.
Après Aného, Tsévié, Tabligbo où les responsables syndicaux étaient il y a quelques jours pour restituer, échanger et partager avec les agents sur le caractère unilatéral de ce processus conduit par leur ministre de tutelle et les risques que cela comporte pour eux, c’est le tour de la région des Plateaux, notamment Atakpamé (167 km au nord de Lomé) et Anié(200 km au nord de Lomé),d’accueillir ces responsables.
Devant le secrétaire général du Syndicat des agents de Togo Telecom (SAT), Aminou Mouhamad Bacharou, le secrétaire général du Syndicat des télécommunications (Syntel), Edoh Agba, le secrétaire général des comités de délégués du personnel, Bodjona, le président des délégués du personnel, Samuel Adjoh et la trésorière général de SAT, Afi Dotchou, les agents de ces localités ont promis de jouer leur rôle au moment venu pour ne pas finalement être ceux qui vont ramasser les pots cassés.
« Nous avons commencé cette tournée après avoir vécu la fameuse journée du 24 juillet organisée par la ministre Cina Lawson pour lancer le groupe Togocom. La somme des messages que nous avons eus depuis le 13 mars 2015 en passant par avril et juillet 2016 qui sont les rapports d’étape du processus de transformation, a suscité en nous des inquiétudes qui ne peuvent pas être tues. Il va falloir que tous les agents des deux sociétés sur toute l’étendue du territoire partagent les informations qui nous ont été servies à Lomé et que nous prenions, en fonction de nos expériences diverses, l’orientation idoine afin que les travailleurs ne soient pas les perdants dans ce processus », a déclaré à Global Actu, M. Bacharou du SAT.
Que reproche-t-on à Cina Lawson ?
Le 13 mars 2015, la ministre des Postes et de l’économie numérique, Cina Lawson a lancé le processus de fusion de Togo Telecom et Togocel. Un an exactement après, le Comité de coordination (COCORD), un instrument mis en place par ses soins et composé de techniciens des deux sociétés, a produit des recommandations et un business plan. Lesdits travaux ont été félicités par elle mais depuis 15 mois, silence radio. Les problèmes de qualité des produits, de prix et d’environnement qu’elle veut régler en fusionnant les deux sociétés, ne relèvent plus de la compétence des agents, ni des ingénieurs nationaux dont regorgent Togo Telecom et Togocel.
De la fusion des deux sociétés pour obtenir le Groupe Togo Telecom, on parle de la transformation avec à la clé, la création d’une société Holding d’Etat et ses trois (3) filiales Infracom, Instalcom et Servicescom.
Selon les responsables syndicaux, elle (la ministre) a choisi de faire table rase de tout ce que ce comité a proposé et d’opter pour des recommandations de huit (8) cabinets étrangers cooptés par elle pour une bagatelle somme de 3,2 milliards de nos francs, en violation des règles de procédure des marchés publics.
Ce n’est pas tout. Mme Lawson, selon ces agents, a cédé le pôle infrastructure à des fournisseurs d’accès internet (FAI), fermant ainsi le droit à Togo Telecom de déployer les câbles qu’il a acquis et de louer les accès. La preuve, ont relevé les responsables syndicaux, deux (2) jours après la signature avec lui de la licence de FAI, le Groupe Vivendi Africa (GVA), filiale du Groupe Bolloré, l’un des deux (2) FAI écrit une correspondance à la direction générale de Togo Telecom pour demander à cette dernière, de le connecter au câble sous-marin à Afiadégnigban. « Ils ne se comportent pas comme des étrangers mais se sentent en terrain conquis », a souligné Samuel Adjoh.
« Tout ce qu’on leur concède comme prérogatives, ce sont des domaines réservés à des opérateurs traditionnels des télécommunications. Ce ne sont pas des prérogatives réservées à des FAI. Le comble, c’est que l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ART&P), nous enjoint deux jours après la cession de licence, de servir les FAI », a lancé le secrétaire général de SAT.
Autre faute grave, la ministre Cina Lawson cède la 4G encore à GVA à 200 millions de francs CFA alors qu’il y a quelques années, elle cédait à Togocel, par l’intermédiaire de l’ART&P, la 3G à 20 milliards de francs CFA. « Il faut qu’on nous montre un seul pays au monde où, la télécommunication appartient à un privé », s’est demandé M. Adjoh.
Et pour couronner le tout, il y a quelques jours, regrettent ces agents, la ministre se donne une prérogative d’engagement et nomme une responsable de la communication de Togocom avec un salaire de 2,5 millions de francs CFA, alors que, souligne-t-on, le Directeur général de Togocel est à 1,5 million de francs CFA mensuels.
Au demeurant, les agents des deux (2) sociétés ne savent plus où leur ministre de tutelle compte aller. On parle de réduction drastique du personnel. A la fin du processus de transformation, 700 des 1211 agents des deux sociétés seront remerciés. En tout cas, ces agents disent ne pas être prêts de subir ce même sort qui a été réservé à certaines structures comme l’Oficce togolais des recettes (OTR).
Ce que demandent les agents des deux boîtes
D’après les agents de Togo Telecom et de Togocel, la transformation de ces deux entités telle que proposée aujourd’hui, est très loin de ce qui avait été convenu. Se disant pour la transformation des deux (2) sociétés parce que pouvant permettre de rehausser leur niveau de vie, les agents soutiennent que cette transformation doit se faire « par les agents et pour les agents ».
La campagne nationale de restitution, d’échanges et de partage des informations se poursuit la semaine prochaine dans les régions Centrale, de la Kara et des Savanes. A la fin de la tournée, une synthèse des recommandations et des propositions sera faite et les agents des deux (2) sociétés aviseront de la démarche à suivre.
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