Les Togolais, après avoir perdu l’enthousiasme qu’ils avaient pour la démocratie, se voient mener en bateau par un héritier dynastique à la tête d’une autocratie intolérante. La colère et la tension sociales, la souffrance grandissante due à la misère, laissent impassible notre Manitou. Combien de temps restera t-il cache derrière son armée pour terroriser son peuple?
Faure Gnassingbé nous renvoie l’image d’un président par défaut qui ne sait pas pourquoi il occupe son poste. Visiblement, l’homme a une idée très limitée de l’État. Pire, de la vie humaine. C’est la seule explication plausible qu’on peut donner au profile bas qu’il fait sur toutes les questions, même les plus brûlantes. Comment dire la chose autrement lorsque les spectaculaires accusations de bradage des biens du pays qui remplissent les journaux ne l’émeuvent guère? Les Togolais ont ils réellement affaire avec un pouvoir responsable ou simplement une bande de voyous barricades?
Celui qui s’est emparé des rennes du pouvoir dans le sang en 2005 est un homme dangereux, comme l’est, en général, tout homme égoïste jusqu’à l’extrême, tout homme narcissique. Tenez. Le psychiatre Otto Kernberg, en 1984, avait décrit le narcissisme malfaisant comme étant un trouble psychologique qui, contrairement aux autres formes de narcissisme, est une pathologie grave. Il se caractérise par une absence de conscience, une grandiloquence accouplée avec une immense soif du pouvoir. Chez le « patient », la tendance au sadisme est vive. Lorsqu’un président se trouve dans un tel état, il faut, autour de lui, des conseillers chevronnés mus par un sens élevé du bien public. Ces proches doivent guider chacun de ses pas et le faire plier sur certains dossiers qui mettent en péril le grand public. Mais au Togo, à quoi assiste t-on?
On voit un conglomérat d’hommes et de femmes corrompus, pervers et infects, reconnaissables par un train de vie plutôt insultant qui n’a aucun rapport avec le pouvoir d’achat au ras du sol chez la majorité des citoyens. La bande a l’air d’une caste co-optée, et Faure Gnassingbé, « himself » est chargé de la barre du siphonnage des deniers publics, faisant de la corruption un sport national. Et, en la matière, il est un véritable timonier national. Il ne dit jamais rien, préférant se terrer dans un silence bavard qui parle pour lui. L’esprit qui le guide est des plus simples: « le peuple a beau gémir de sa misère, ma caravane passera ». Rien ne l’émeut ni le pousse à faire bouger les lignes de l’absurde. Un silence ostracisant et enrageant. A la fin, le Togo vit aujourd’hui sous une chape de plomb. Un pays exsangue totalement livre aux étrangers.
En matière de dégâts, un éléphant dans un magasin de porcelaine ne ferait pas mieux. C’est le pays entier, que le singulier aphone de président est en train de saccager avec inouï acharnement, avec une rare méthode. Il échoue chaque fois que sa crédibilité est testée par le moindre évènement. Conséquence, les Togolais, pour s’alimenter, se loger et se soigner, payent le prix du siècle prochain avec des salaires et revenus du siècle dernier. Voila l’image. Simplement hallucinant.
Mais, ce président s’en rend-il seulement compte? Certainement pas. Car, il croit dur comme fer que la culture de la peur que son système a installée dans le pays a définitivement pris le dessus, que l’opinion publique ne peut influencer en rien ses choix et actions et qu’il reste le seul maître à bord. Aussi le chef de l’État ne sent-il nul besoin de rendre compte ni le devoir de s’expliquer, même sur les scandales les plus effarants qui, ailleurs sur le continent, auraient menacé son fauteuil et obligé ses services à monter au créneau pour au moins calmer les esprits.
Aujourd’hui, les Togolais sont dans la rue pour exprimer leur ras le bol, n’en pouvant plus de supporter le prix exorbitant du train de vie d’un régime bon a rien. Encore et comme toujours, de pauvres hères vont tomber. Les autres révoltés, déçus d’une armée qui refuse de se civiliser, vont ravaler leur colère et retourner à leurs misères quotidiennes.
Mais le vrai danger qui mine le régime et qui forcement va provoquer son effondrement, ce danger, lui, va persister: il s’agit de l’ignorance que les dirigeants du Togo ont de ce qu’est vraiment un PEUPLE. Le peuple qui acclame le matin et conspue le soir. Lui qui, en dehors des origines de l’univers, est des plus complexes et insaisissables réalités qu’il soit. Ceci étant, Faure et ses sbires, dans leur fuite en avant, savent-ils qu’ils rencontreront, un jour, ce peuple souverain? Il n’y a pas de raison que cela soit autrement.
Kodjo Epou
Washington DC
USA
27Avril.com