Le peuple veut faire la paix avec l’armée, Yark s’y oppose

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La troisième journée des dernières manifestations de la coalition des 14 partis de l’opposition a été particulière. Mise à part la forte mobilisation de la population dans les rues de Lomé, cette manifestation, apothéose de la semaine écoulée, a été soldée par un geste symbolique. Les leaders politiques ont invité les corps habillés à jouer leur partition dans cette lutte pour l’alternance politique au Togo. C’est ainsi qu’au point de chute de la marche samedi dernier à la plage de Lomé, les manifestants et les leaders politiques ont tendu « des fleurs » aux forces de l’ordre en signe de paix et de réconciliation.

La situation politique actuelle au Zimbabwe inspire les forces démocratiques au Togo. Dans sa déclaration liminaire sanctionnant la troisième journée des manifestations, la coalition des 14 partis de l’opposition a lancé un appel patriotique aux corps habillés du pays. Ces derniers ont été invités à jouer leur partition dans ce combat pour l’alternance au Togo.

« Depuis quelques mois, la crise sociopolitique que connait notre pays est entrée dans une nouvelle phase marquée par une mobilisation accrue du peuple. Malheureusement, une fois encore de nombreuses victimes civiles et militaires sont à déplorer. Nous exprimons notre compassion et notre solidarité à tous et à la famille. Leurs sacrifices ne seront pas vains.

Dans cette lutte héroïque, le peuple togolais, civil et militaire sans distinctions, constitue un ensemble indivisible. Nos douleurs sont les vôtre et vos problèmes sont les nôtres. La lutte en cours ne peut être celle des civils contre les militaires ni celles des militaires contre les civils. Nous sommes tous victimes des abus d’un système caractérisé par la gourmandise d’une infime minorité au détriment de l’immense majorité des Togolais. Nous tenons donc à exprimer notre solidarité aux forces de défense et de sécurité. Vous êtes nos frères et sœurs. Nos sorts sont liés…

Vous êtes au service de la nation. Vous ne devez pas vous mettre au service d’un parti, mais de la nation toute entière. C’est de cette façon que les forces de défense et de sécurité feront corps avec la nation dont elles sont issues. Nous comptons sur vous pour éviter les dérapages, l’agression civils et les violations des droits de l’homme pour lesquelles les ennemis du peuple pourraient vous solliciter », lit-on dans la déclaration.

Et en signe d’invitation à l’armée togolaise, les responsables de la coalition et les manifestants ont symboliquement tendu des fleurs aux forces de l’ordre au point de chute de la marche.

Pour Brigitte Adjamagbo Johnson, Coordinatrice de la coalition des 14, cette opération baptisée « une rose pour chaque militaire togolais » a tout son sens.

« Une rose pour chaque militaire pour exprimer à notre armée que nous voulons faire corps avec qu’elle. Nous sommes tous des Togolais, notre armée est la nôtre. Nous avons les mêmes problèmes, nous avons les mêmes aspirations à la démocratie, les aspirations au bien-être. Nous ne voulons pas qu’il y ait une méprise entre nous et l’armée. Nous voulons finir ce combat avec notre armée dans l’intérêt de tous. Nous voulons que l’armée togolaise se batte aussi avec nous. Nous avons été émus de voir qu’au Zimbabwe l’armée et les populations civiles étaient tous dans la rue en train de danser et de montrer leurs aspirations au changement. C’est ce que nous voulons au Togo », a indiqué la Présidente du CAP 2015, membre de la coalition des 14 partis de l’opposition.

Même si ce geste est pavé de bonne intention, le ministre de la Sécurité et la Protection civile ne voit pas les choses de la même manière. Pour Colonel Yark Damehame, c’est utopique de vouloir rallier l’armée togolaise à cette lutte politique.

«La coalition veut que les militaires soient de leur côté ? Mais ils sont les premiers à dire que l’armée n’est pas républicaine. Ils veulent que les militaires soient de leur côté pour faire la marche ? Non, nous avons une armée républicaine. Elle est loyale aux institutions de la république. Il faut savoir ce qu’on veut. C’est une armée républicaine, elle est au service des institutions de la république. L’armée est fidèle aux institutions de la république. Donc qu’elle ne rêve pas que les militaires seront de leur côté », a souligné le Colonel Yark Damehame.

En analysant cette déclaration du ministre, l’on peut se permettre de croire que l’armée togolaise ne trahira jamais le régime cinquantenaire, qu’elle est prête à défendre la famille Gnassingbé jusqu’au bout. Mais, ce que le ministre Yark a oublié de mentionner, c’est que cette même armée est sous tension. Elles est divisée, même si les signes ne sont pas très visibles.

Selon certains observateurs, au regard des interpellations et des invites tous azimuts, c’est sûr et cela ne va plus prendre du temps. L’armée finira par lâcher et prendre position vis-à-vis du peuple.

KG.

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