« La violence, le chômage et les mauvais politiciens sont les plus grands obstacles pouvant empêcher un pays à se développer » (Richardson Pierre Louis)
Très bonne nouvelle pour le Togo. Dans quatre ans, d’ici à 2025, 35.000 emplois seront créés pour les Togolais, grâce à la Plateforme industrielle d’Adetikopé (PIA), une zone industrielle axée sur la création de chaînes de valeur pour le stockage, la transformation, la fabrication et l’exportation, inaugurée le 6 juin 2021. La nouvelle a semé une jouvence de sourire dans le cœur d’une jeunesse togolaise engloutie dans la crevasse béante du chômage et qui s’avance, transie, vers un avenir fumeux et vasouillard.
Le chômage, la misère, l’indigence sont des choses les mieux partagées au Togo. Depuis 16 ans, disons plutôt, depuis 54 ans pour être exact que le père et fils régentent le Togo, c’est la première fois que quelque chose de concret est proposé pour résorber l’épineux problème de chômage qui frappe de plein fouet les jeunes. D’où l’excitation et l’enthousiasme que cette annonce a suscités certains.
Mais habitués à la politique de l’enfumage, les gouvernants font croire que le taux chômage dans notre pays serait le plus bas dans la zone ouest-africaine. «Le taux réel de chômage au Togo tournerait autour de 5% », affirmait récemment Joseph Anala, Directeur de l’Emploi des jeunes au ministère du Travail. Bien avant, Faure Gnassingbé lui-même situait ce taux dans l’ordre de 3,4%.
Ce faible taux, synonyme d’absence presque de chômeurs au Togo, dénoterait l’abondance de débouchés et d’opportunités pour la jeunesse. Mais alors comment explique-t-on que lorsqu’un concours national de recrutement est lancé où un petit nombre de postes est visé, on assiste à un fourmillement de dossiers de candidatures qui atteignent parfois des sommets inqualifiables ? A titre illustratif, le concours de recrutement à l’Office togolais des recettes (OTR) lancé en octobre 2020 pour seulement 300 postes, a enregistré 13.400 candidatures.
Si l’offre est presque égale à la demande sur le marché de l’emploi, comment explique-t-on encore alors que la grande majorité des diplômés d’université se reconvertissent en conducteurs de taxi-moto dans notre pays ?
Plus cocasse encore, le ministre des droits de l’Homme et porte-parole du gouvernement, Christian Trimua l’avait ouvert grandement et annoncé à grands renforts de publicité que l’hypothétique Plan national de développement (PND) qui a un gros plomb dans l’aile aurait déjà généré 200.000 emplois. Où se trouvent tous ces milliers d’emplois pour que le service des passeports soit tant débordé par d’interminable files indiennes des jeunes qui suent eau et sang sous la canicule pour jouer la loterie, avec l’hypothétique espoir de gagner un visa aller simple pour les Etats-Unis ?
Il n’y aurait pas d’indicateurs plus crédibles pour interpeller les gouvernants sur la problématique du manque d’emploi au Togo. « Les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d’être torturés, finissent par avouer tout ce qu’on veut leur faire dire », disait l’économiste Alfred Sauvy. La manipulation des chiffres ou des statistiques pour maquiller les misères et faire bonne figure auprès des institutions ou organismes de notation est contreproductive et ne constitue pas la solution à la crise de l’emploi à laquelle les Togolais sont confrontés.
Médard Ametepe
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com