C’est en substance les instructions données par le gouvernement ghanéen via le ministère de l’Energie, afin de réduire l’approvisionnement irrégulier en courant que subit le pays depuis plus d’un mois déjà. Cette situation affecte aussi durement les pays voisins qui s’approvisionnent auprès du Ghana tel que le Togo qui connait une faible alimentation électrique, plongeant des villes dans obscurité pendant de longues heures.
La Volta River Authority, le grand fournisseur d’électricité du Togo, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso a été sujette à de vives critiques ces derniers mois eu égard aux délestages récurrents que les Ghanéens vivent depuis un certain temps déjà. Les acteurs du secteur énergétique du pays ne lâchent pas le zeste à la VRA en l’accusant d’exportation excessive de courant aux pays voisins, ce qui affecte sa capacité à fournir suffisamment d’électricité pour répondre à ses obligations nationales.
« Nous sommes actuellement en crise, les Ghanéens dorment dans l’obscurité, les entreprises ne peuvent pas fonctionner avec un approvisionnement en électricité garanti, il y a une pénurie d’approvisionnement, etc., ce qui rend l’hydrogénération bon marché accessible aux Ghanéens. Le contribuable est suprême et doit être une considération primordiale, quelles que soient vos préoccupations en matière de survie. Pourquoi des juridictions qui ne contribuent en rien à l’économie du Ghana devraient-elles prospérer grâce à une ressource bon marché ? Les Ghanéens paient des tarifs très élevés, en moyenne 14 cents/kWh, en particulier aux heures de pointe, tandis que les pays voisins bénéficient d’environ la moitié du tarif. Ce n’est pas juste pour le Ghanéen. La Commission de l’énergie sera considérée comme partiale à l’égard des autres acteurs du secteur si ces exportations ne sont pas stoppées immédiatement au profit des contribuables ghanéens. Nous sommes conscients des situations récentes dans lesquelles les délestages sont importants et dans le même temps, plus de 200 MW de capacité de production sont exportés, » a déclaré Dr Elikplim Kwabla Apetorgbor, le Directeur général de Independent Power Generators, Ghana (IPGG), qui, comme d’autres acteurs du secteur, revendique que les Ghanéens devraient avoir la priorité dans la distribution d’électricité.
Ils pointent du doigt les interconnections entre la VRA et les réseaux électriques nationaux de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) de la Côte d’Ivoire, (CEB) du Togo – Bénin et de la SONABEL du Burkina Faso via le système de transmission de GRIDCo.
Bien que la VRA s’est défendue en déclarant que depuis 1972, elle fournit de l’électricité aux pays voisins sans renier son mandat de fournir une électricité fiable et abordable au Ghana et que la cause de ces récurrents délestages ne se situent pas à son niveau. Mais ces justificatifs pas assez convaincants n’ont pas empêché le gouvernement ghanéen à suspendre les exportations en électricité de sa société, la VRA, créée en 1961, vers les pays de l’Afrique de l’Ouest.
Le Togo qui fait partie de la liste des rejetés, dispose d’une énergie électrique de 1 162 GWh, dont 744 GWh sont importés du Ghana et du Nigéria. Si le Ghana venait à lui soustraire son quota d’énergie, la distribution déjà chaotique en électricité que vivent les Togolais va s’empirer.
Le Togo ploie sous le poids d’une déficience énergétique depuis des années et la signature d’un contrat avec la société américaine Contour Global à coup d’environ 100 milliards de FCFA pour 25 ans de durée, ne convainc pas les Togolais qui indiquent que la société américaine en fonction depuis 2010 n’atteint pas sa capacité de production d’électricité requise. Le Togo doit se rabattre sur le Nigeria seul pour lui fournir désormais son quota d’énergie importé de l’extérieur.
Et si la suspension des exportations en électricité du Ghana n’est qu’une fuite en avant ?
C’est ce que pense Derrick Xatse, chercheur à l’Institut de sécurité énergétique au Ghana. Il estime que cette décision du gouvernement à l’encontre de la VRA laisse beaucoup à désirer. Selon ses explications, les exportations d’électricité du pays sont insignifiantes par rapport à la demande totale d’énergie du pays et que la suspension ne réglera point le manque d’énergie que subisse le Ghana dans sa consommation nationale. Le défi sera atténué mais le problème ne sera pas résolu.
« Si vous disposez de 3 600 mégawatts d’électricité par jour, ce dont tout le pays a besoin, et que vous envisagez d’exporter à peine moins de 300 mégawatts, vous pensez que c’est ce qui résoudra les crises énergétiques, alors vous manquez probablement la cible », a-t-il déclaré avant d’ajouter que le gouvernement doit s’attaquer à la véritable cause du problème, à savoir les problèmes financiers qui affligent le secteur.
Le chercheur ghanéen Derrick Xatse, a été soutenu par un autre acteur du secteur qui suggère aussi au gouvernement d’identifier la racine du problème au lieu de ces décisions superficielles.
« La VRA s’appuie sur la génération hydroélectrique pour desservir une population de moins de 5 millions de Ghanéens à la majorité non liée à la grille nationale et à quelques industries dans les années 1960. Ensuite, il y avait suffisamment d’énergie pour vendre aux pays voisins comme le Togo et le Burkina Faso. À l’heure actuelle, la population est de plus de 25 millions d’habitants plus lourds, mais avec peu d’apports à l’expansion au fil des ans. Nous n’avons pas prévu comme le premier président du Ghana », a-t-il déclaré.
Les factures de services publics non rémunérées, une mauvaise maintenance des infrastructures et une économie en difficulté concourent à la plongée de l’ensemble du pays dans le noir.
Cette crise d’énergie à l’échelle nationale affecte non seulement les consommateurs résidentiels, mais également de grandes et petites entreprises. Dumsor, terme du langage Akan du Ghana qui se traduit par « coupure de courant », continue de troubler le quotidien des ghanéens.
Source: lalternative.info
Source : 27Avril.com