Le coût d’une stratégie contributive au climat !

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Le réchauffement climatique et son lot de dégâts imposent aux Etats du monde des engagements supplémentaires en dépit des défis traditionnels auxquels ils font déjà face. Le Togo n’est pas du reste. Ce petit pays non pollueur d’Afrique de l’Ouest, s’est engagé en faveur du climat avec une stratégie axée sur l’adaptation aux effets de changements climatiques, une politique d’atténuation des émissions des gaz à effets de serre, le transfert de technologie et surtout le renforcement des capacités des acteurs. Un engagement qui nécessite environ 3,4 milliards de dollars US.

C’est à travers la Contribution Déterminée au niveau National (CPDN) que le Togo compte participer à la préservation de l’équilibre environnemental et climatique. La CPDN n’est pas théorique. C’est un document stratégique, réalisé avec l’appui technique et financier des partenaires en septembre 2015. Ce document décrit explicitement les actions prévues par le Togo dans la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC).

La politique d’adaptation aux changements climatiques

La CPDN indique qu’en 2010, le Togo n’avait que 0,05% des émissions mondiales des gaz à effets de serre. Et pourtant, la récurrence des températures extrêmes, le déséquilibre des saisons de l’année, les inondations, la fonte des glaciers et l’élévation du niveau de la mer…n’ont point épargné les populations togolaises ces dernières années, avec des effets dévastateurs qui troublent la quiétude des populations et portent un coup à l’économie nationale.

Face à l’ampleur des désastres, le Togo se devait de prioriser une politique nationale d’adaptation aux effets du réchauffement climatique, comme le confirme Mme Yao, chef division Lutte contre les changements climatiques à la Direction de l’Environnement à Lomé. La démarche retenue par le Togo est de mettre en œuvre un portefeuille de mesures et de projets en réponse aux enjeux de l’adaptation et des priorités nationales de développement, sachant que les options d’adaptation qui auront des impacts sur l’atténuation des émissions de GES seront privilégiées, dans la mesure du possible. Les secteurs prioritaires sont dans l’ordre : 1er : Energie ; 2ème : Agriculture ; 3ème : établissements humains et santé ; 4ème : Ressources en eau ; 5ème : Erosion côtière ; et 6ème : Affectation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie. Le tout est estimé à un montant de 1,54 milliards de dollars US sur la durée de 2020 à 2030.

Atténuation des émissions de gaz à effets de serre au Togo

L’objectif clé du CCNUCC est de maîtriser le réchauffement de la planète à 2°C à l’horizon 2030. Même avec seulement 0,05% de la pollution mondiale, le Togo ne lésine pas sur les moyens de diminuer toutefois ses émissions en GES. Le Togo met déjà en œuvre des activités en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre en particulier dans les secteurs de l’Energie et de l’Agriculture et l’Utilisation des Terres, Changement d’Affectation des Terres et Foresterie (UTCATF). Sous réserve de disposer des moyens nécessaires, le Togo vise un objectif de réduction plus ambitieux. Les gaz concernés sont le Dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4), l’hémioxyde d’azote (N2O). Cette contribution devrait être entamée en 2020 pour prendre fin en 2030 pour un coût total de 1,1 milliards de dollars US.

Renforcement des capacités et transfert de Technologies

La problématique du réchauffement climatique est complexe et nécessite des études pointues, des démarches sûres, surtout une technologie à acquérir et à maîtriser. L’insuffisance de données climatiques fiables pour une analyse et interprétation réaliste de l’évolution climatique ; la faiblesse des capacités techniques, institutionnelles et juridiques pour soutenir le développement de l’intégration horizontale de la dimension «adaptation» aux niveaux national, sous-national et local ; le manque de moyens financiers pour accompagner la mise en œuvre des initiatives d’adaptation et d’atténuation, sont autant de défis liés au renforcement de capacité, avec un besoin de financement de 400 millions de dollars US.

Quant au transfert des technologies, il revient à produire et vulgariser des foyers améliorés à bois, à charbon de bois et à gaz auprès de toutes les couches sociales du pays (un processus à amorcer par des subventions ou avantages fiscaux appropriés) ; promouvoir les énergies renouvelables (solaire thermique, photovoltaïque, micro hydraulique, éolien, etc.) en facilitant l’accès à ces technologies et en formant les populations à leur maîtrise et à leur gestion ; promouvoir les bonnes pratiques et les savoir-faire endogènes de sauvegarde de la couverture forestière et de lutte contre les feux de brousse. La facture revient à 500 millions de dollars US.

A l’horizon 2030, 3,4 milliards de dollars sont requis pour la contribution du pays à la lutte contre les changements climatiques. C’est presque l’équivalent du budget national en 2017. Pour un pays pauvre comme le Togo, c’est exorbitant. D’où le besoin du soutien des partenaires financiers et Institutions de soutien technique à savoir : la Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, Fonds International Développement Agricole, Banque Ouest Africaine de Développement, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO, l’Agence Française de Développement, l’Union Européenne, la FAO, le PNUD, BID, BADEA, GIZ, Chine, UEMOA, CEDEAO, PNUE.

Au-delà de tous ces partenaires, d’autres mesures techniques et politiques doivent être mises en place pour décourager de nouveaux foyers d’émissions de GES. Les nouvelles installations industrielles et énergétiques doivent être réorientées vers l’usage des énergies renouvelables, afin viser la protection de l’environnement immédiat.

A. Lemou

www.icilome.com