Au lendemain du 19 août 2017 les principaux partis de l´opposition vraie s´étaient regroupés au sein d´une coalition dénommée C14. Le but de ce regroupement, comme le souhaitait l´initiateur du nouveau réveil du peuple togolais Tikpi Atchadam, était l´unicité d´actions de l´opposition pour obliger le régime Gnassingbé à faire les réformes politiques. Aujourd´hui, plus d´un an après l´avènement de la C14 et de la lutte contre le régime de dictature, la crise togolaise reste entière. Le dialogue inter-togolais et surtout le rôle trouble de la médiation de la CEDEAO sont venus faire bouger les pions en faveur du pouvoir de Lomé qui organisa des éclections législatives unilatérales le 20 décembre 2018.
Devant une telle situation où l´opposition se retrouve à la case-départ en termes de lutte pour assseoir une vraie démocratie, il ne reste qu´une solution: mieux s´organiser pour une nouvelle mobilisation du peuple en vue de continuer la lutte, surtout quand on sait que la première manifestation de la C14 après la mascarade électorale du 20 décembre a fait flop, ou n´avait pas du tout eu lieu dans certaines contrées. C´est justement à ce moment critique où la coalition se trouve à la croisée des chemins que l´idée d´un conclave de l´opposition commence à faire son chemin. Initiative très louable pour une C14 qui semble au bout de son latin, car une telle rencontre permettrait de trouver de nouvelles formules pour qu´une mobilisation des grands jours soit encore possible. Mais à la vue de l´ordre du jour de la réunion, même les plus optimistes commencent à être sceptiques et à se poser des questions.
Pour les initiateurs du conclave l´ordre du jour devrait tourner autour de trois points: la structuration du groupe, les alliances électorales et la rédaction d´une charte.
La structuration voudrait dire l´élection d´un bureau avec cun président et tout ce qui suit. Certains partis politiques membres de la coalition n´en voient pas l´utilité pour des formations politiques qui se sont retrouvées pour un but précis, et qui devraient se séparer après que le but soit atteint. La forme dans laquelle la coalition a évolué depuis plus d´un an a plus ou moins marché et n´est en aucun cas responsable de l´enlisement actuel de la lutte.
Le deuxième point qui consiste à faire des alliances électorales semble ridicule et surprend plus d´un quand on sait que le combat n´est pas terminé et que les réformes politiques pour lesquelles la coalition avait vu le jour, ne sont pas encore faites. Alors la C14 se prépare pour les élections locales et présidentielles avec quelle loi électorale? Est-on donc satisfait du statu quo et qu´on devrait désormais penser aux élections? Est-ce une façon détournée de mettre fin à la lutte sans avoir atteint ce pourquoi on s´était mis ensemble?
Le troisième point de l´ordre du jour qui concerne la rédaction d´une charte pour une coalition conjoncturelle n´est pas non plus compréhensible. S´agit-il d´une charte pour la création d´un parti unique de l´opposition? Pourquoi laisser l´essentiel de côté et perdre son temps à rédiger une charte pour des partis politiques qui ne sont politiquement liés par rien? Tout ce tintamarre n´est-il pas l´illustration d´une fuite en avant et d´un manque de courage politique à prendre des décisions qui s´imposent pour la suite de la lutte?
À la réunion de la C14 le 02 février 2019 il fut décidé que les formations politiques qui ne se retrouvent pas dans ces trois points de l´ordre du jour, n´ont pas besoin de se présenter au conclave, et c´est pourquoi parmi les 14 partis de la coalition, seuls 9 participent à la rencontre dont les travaux ont commencé mercredi 20 février 2019. Il s´agit des formations: ADDI- ANC – CDPA – DSA – FDR –LES DÉMOCRATES – PARTI DES TOGOLAIS – PSR – UDS TOGO. Cinq partis, certainement pas convaincus de la pertinence d´une telle rencontre ou de son ordre du jour, ont décliné l´offre.
Si après plus de 12 mois de lutte la coalition de l´opposition se retrouve les mains vides, ce n´est nullement la faute à un manque quelconque d´une structuration ou d´une charte. La raison pour laquelle le but n´a pas été atteint malgré le sacrifice de beaucoup de togolais se trouve dans le manque de volonté politique de certains leaders de pouvoir mobiliser. On n´a pas besoin d´avoir passé par Sciences Po pour savoir qu´aucun régime de dictature ne peut résister face à une marée humaine en colère. Et les togolais sont en colère, il suffit de les organiser pour qu´ils deviennent cette arme terrible qu´ils constituent en réalité.
À moins que certains n´aient des agendas cachés, la nécessité d´un conclave de l´opposition ne s´impose pas dans la situation actuelle. Le cadre de la C14, malgré les dissensions, aurait largement suffi pour atteindre nos objectifs si tout le monde y avait mis de sa bonne volonté, et surtout si tout le monde avait eu en vue l´intérêt général.
Samari Tchadjobo
Allemagne
27Avril.com