Le ralentissement généralisé en Afrique subsaharienne s’atténue, et la croissance devrait passer de 1,4 % l’an dernier à 2,6 % en 2017, note le FMI dans son dernier rapport.
Un redressement de la production de pétrole et une bonne récolte au Nigéria, ainsi que l’atténuation des tensions dans le Delta du Niger, représentent plus de la moitié de la croissance supplémentaire.
L’environnement général a commencé à s’améliorer. Les déficits budgétaires se stabilisent et les déficits des transactions courantes se réduisent, en partie grâce à un léger rebond des prix des produits de base. L’environnement mondial est favorable aussi, avec une accélération de la croissance dans les plus grandes économies, une remontée des prix des produits de base après leur creux et une amélioration de l’accès des pays d’Afrique subsaharienne aux marchés de capitaux internationaux.
Mais si un tiers des pays d’Afrique subsaharienne continue d’enregistrer une croissance voisine de 5 %, le revenu par habitant augmentera à peine dans la région. Par ailleurs, dans 12 des 45 pays d’Afrique subsaharienne, qui comptent 400 millions d’habitants, soit environ 40 % de la population de la région, le revenu par habitant devrait baisser.
Au-delà de 2017, la croissance devrait avoisiner 3½ %, soit en deçà de la barre de 5 % atteinte pendant la première moitié de la décennie.
Les facteurs de vulnérabilité ont augmenté dans la région, notamment en raison de la hausse de la dette publique, des tensions dans le secteur financier et du bas niveau des amortisseurs extérieurs.
La dette publique est élevée non seulement dans les pays exportateurs de pétrole, mais aussi dans beaucoup de pays qui connaissent une croissance rapide. À la fin de 2016, la dette publique dépassait 50 % du PIB dans près de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne. Le coût du service de la dette devient un fardeau aussi, en particulier dans les pays producteurs de pétrole. En Angola, au Gabon et au Nigéria, il absorbe plus de 60 % des recettes publiques.
Cette augmentation de la dette s’explique par une combinaison de déficits budgétaires élevés, d’un ralentissement de la croissance et, dans certains pays, d’une dépréciation de la monnaie.
De plus en plus, les déficits sont financés par des banques intérieures, ce qui, en fin de compte, limite l’offre de crédit au secteur privé. Dans bon nombre de pays, les indicateurs de liquidité et de solvabilité des banques se sont détériorés, et les prêts improductifs ont augmenté.
En dépit d’une baisse des déficits des transactions courantes, les réserves de change se situent maintenant en deçà de leurs niveaux adéquats dans beaucoup de pays, en particulier ceux qui appliquent un régime de change fixe.
Ces facteurs de vulnérabilité sont aggravés par l’incertitude politique qui résulte d’un manque de clarté quant à l’orientation future de la politique économique, notamment dans certaines des plus grandes économies de la région, telles que le Nigéria ou l’Afrique du Sud. Cela pèse sur la confiance des consommateurs et des investisseurs.
Dans ce contexte, les grandes priorités de la politique économique pour la région consistent à s’attaquer aux facteurs de vulnérabilité budgétaires et aux obstacles à la croissance du.
La plupart des pays d’Afrique subsaharienne prévoient un ajustement budgétaire afin de limiter l’augmentation récente de leur dette. Mais, la dynamique de croissance étant faible, il est important que cet ajustement s’effectue, dans la mesure du possible, de manière à limiter les effets négatifs sur la croissance, tout en préservant un espace budgétaire pour les dépenses prioritaires.
Si l’assainissement des finances publiques est urgent dans les pays exportateurs de pétrole, d’autres pays peuvent saisir cette occasion pour chercher à accroître leurs recettes et à dégager une marge pour les dépenses de santé et d’éducation, ainsi que d’autres dépenses qui ont un impact social positif et des effets à long terme sur la croissance.
Cependant, le rapport note que tout report de l’ajustement budgétaire portera probablement la dette publique à un niveau insoutenable étant donné le rythme récent d’accumulation de la dette.
Il est clair qu’il est nécessaire de s’attaquer au déficit des infrastructures, même avec un espace budgétaire limité, grâce à des investissements bien planifiés et efficients, mais il est essentiel aussi de faire avancer des réformes complémentaires, telles que l’amélioration de la gouvernance, notamment en ce qui concerne l’état de droit et l’efficacité de l’État, des domaines où la région est à la traîne des autres pays en développement.
La diversification de l’économie constitue un moteur important de la croissance dans beaucoup de pays à faible revenu. Si, dans l’ensemble, l’Afrique subsaharienne a accompli peu de progrès à cet égard, avec une concentration accrue dans les économies basées sur le pétrole au cours des dernières décennies, plusieurs pays pauvres en ressources naturelles, tels que le Burkina Faso, le Rwanda et l’Ouganda, ont accompli des progrès considérables dans la diversification de leur économie. Les stratégies nationales de promotion de la diversification économique doivent s’appuyer sur les atouts existantes d’un pays et être adaptées aux problèmes propres à chaque pays.
Le rapport note que les politiques sectorielles auront aussi le plus de chances d’être efficaces si elles sont appuyées par des mesures visant à consolider la stabilité macroéconomique, à améliorer les résultats en matière d’éducation, à renforcer la gouvernance et la transparence des réglementations, et à développer les marchés financiers.
S’agissant des pays de l’UEMOA dont le Togo est membre, le FMI recommande le développement des PME et la mobilisation de l’investissement direct étranger. Le Fonds encourage aussi la diversification des économies de la zone pour consolider les performances économiques.
Dans cette perspective, il préconise le renforcement de la stabilité macroéconomique, la facilitation de l’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises.
Concernant la dette publique, le FMI, comme la Banque mondiale, invite les pays de la Cédéao à préserver la viabilité de la dette en réduisant le déficit budgétaire au minimum à 3% du PIB. Mais aussi, à renforcer la mobilisation des recettes, en élargissant l’assiette et en réduisant les exonérations.
Pour le Fonds, il est crucial pour les pays de l’UEMOA de mettre en œuvre des réformes nécessaires pour améliorer la pression fiscale dont la moyenne est à 16,3% en 2017 du PIB de l’Union.
Republic Of Togo