La traite transatlantique a fait plus de 15 millions de victimes essentiellement des hommes, femmes et enfants; à travers 4 siècles. A Lomé, un collectif de jeunes artistes commémorent la mémoire des illustres disparus dans ce qu’on peut appeler aujourd’hui « un crime contre l’humanité » à travers un projet : La voix du captif.
Le projet en est à sa 3ème édition. Ce matin, les populations de Lomé centre ont été témoins d’une performance baptisée la marche mémorial de l’esclavage ; une sorte de parcours des captifs, pieds nus, sous un soleil de plomb, affamés et assoiffés, entre tortures de leurs maîtres « négriers » et les chaînes encombrantes, sur la route de l’esclave.
Partis de la grande cathédrale de Lomé, les captifs ont parcouru les artères du quartier administratif, passés devant l’ambassade de France avant de chuter à la plage. Des lieux stratégiques d’autant plus que l’église avait beaucoup financé l’esclavage en connivence avec des puissances coloniales comme la France, l’Angleterre et le Portugal.
Pour Agboka Kossi, alias Ras Sankara, initiateur du projet, il faut d’abord rendre un vibrant hommage à la mémoire de nos ancêtres. Ensuite respecter l’histoire à travers l’éducation de nos sociétés sur ce qu’a réellement été la traite négrière, bien au-delà de la version introduite par le colonisateur dans nos livres d’histoire.
Il est aussi important de sensibiliser le public aux dangers actuels du racisme et des préjugés selon l’objectif des Nations Unies. Pour Agboka Kossi, le Togo est retard par rapport à ses voisins de la sous-région sur la commémoration des victimes de la traite transatlantique.
Le côté activiste du projet vise à atteindre les dédommagements et réparations, pas matérielles puisque, « Personne ne peut payer matériellement le prix du sang», a-t-il rajouté, précisant qu’il s’agit simplement d’une question de reconnaissance du tort causé aux autres cultures par l’occident, et une « reconsidération nette des relations entre les peuples ».
La Commémoration se poursuit avec des spectacles culturels, des contes et expositions d’œuvres d’art à la Case des Daltons à Lomé avec des artistes invités.
Rappelons que Ras Sankara est artiste plasticien, photographe et performeur, engagé pour la défense de l’histoire culturelle.
Le 25 mars de chaque année représente la journée commémorative des victimes de la traite transatlantique des esclaves. Une journée qui passe souvent inaperçue des populations africaines surtout, malgré le caractère fort de cette date dans l’histoire de l’humanité.
A. Lemou
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