Les organisation ivoiriennes de défense des droits humains, suivent de près les exactions sur les populations civiles mais aussi les revendications depuis le 19 Août. parti du constat que ce petit pays d’Afrique occidentale a « traversé une histoire singulière », la société civile ivoirienne se prononce à travers cette déclaration. Lire!
Les organisations de la société civile ivoirienne soutiennent les revendications légitimes du peuple Togolais
Le Togo, pays en Afrique de l’Ouest indépendant depuis 1960 a vécu une histoire toujours singulière. En effet, à peine 56,600 km2 pour environ 7 millions d’habitants et près de 2 millions dans la diaspora, ce pays a inauguré les premiers coups d’états postcoloniaux avec l’assassinat du président Sylvanus Olympio, père de l’indépendance du Togo, en 1963 et a vu s’installer depuis ce moment l’un des régimes à partis uniques les plus durs, répressifs et dictatorial de toute la région ouest africaine. Malgré une lutte acharnée de sa population pour s’inscrire dans une démocratie et une alternance politique régulière depuis 1990, le Togo reste l’un des seuls pays de la région à n’avoir pas connu d’alternance au pouvoir. Gnassingbé Eyadéma a dirigé ce pays de main de maître depuis 1967 jusqu’à sa mort en 2005 (38 ans), et remplacé par son fils Faure Gnassingbé qui est à son 3eme mandat (12 ans). Ce qui à juste titre les togolais appellent le règne cinquantenaire des Gnassingbé à la tête de leur pays.
Depuis le 19 Août 2017, le Togo revient aux devants de l’actualité internationale avec des mobilisations exceptionnelles de centaines de milliers de togolais qui appellent à des réformes institutionnelles et constitutionnelles dans leur pays. La situation sociopolitique est tendue avec des violations de droits humains perpétrées par les forces de sécurité sur des populations aux mains nues notamment dans les villes du Nord (Kara, Sokodé, Bafilo, Mango, Kparatao,…) et après les manifestations pacifiques à Lomé. On dénombre près de 8 morts dont la plupart sont des enfants, plus d’une centaine de blessés, plus d’une centaine de personnes arrêtées et détenues, et au moins 500 personnes réfugiées au Ghana et au Benin et d’importants dégâts matériels. Ce bilan témoigne de la nature de la répression en cours contre l’opposition au Togo et aussi des citoyens engagés pour leur nation. Ce qui se passe au Togo, ne peut laisser la société civile ivoirienne indifférente surtout que le Président en Exercice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est le Président Faure Gnassingbé. Et de ce fait, le gouvernement togolais a des engagements internationaux à respecter notamment les droits contenus dans la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples et les instruments internationaux garantis dans chacun des Etats membres de la CEDEAO.
Le débat de fond de toutes ces tensions est résumé dans la plateforme revendicative proposée par la Coalition CAP 2015-Groupe des six-PNP-Santé du Peuple-CAR à savoir:
Le retour à la Constitution originelle du 14 Octobre 1992 ;
La révision du cadre électoral y compris l’instauration du droit de vote pour les Togolais de l’étranger ;
Le déverrouillage des Institutions de la République et, La libération de tous les prisonniers politiques et de toutes les personnes détenues suite aux différentes manifestations de l’opposition.
Le gouvernement togolais a pris l’initiative unilatérale sans concertation politique avec l’opposition de faire adopter un projet de loi de révision constitutionnelle qui ramène la limitation des mandats à deux, des élections présidentielles à deux tours mais surtout n’applique pas ce projet de loi au mandat en cours. Le gouvernement prévoit organiser un référendum dans les prochaines semaines.
Au vu de la situation sociopolitique tendue, les organisations de la société civile ivoirienne et les amis du Togo en Côte d’Ivoire :
– apportent son soutien au peuple togolais mobilisé pour les réformes institutionnelles et constitutionnelles ;
– expriment sa solidarité avec la société civile togolaise mobilisée pour garantir le respect des droits humains et défendre la liberté et la démocratie ;
– lancent un appel aux autorités togolaises de respecter leurs engagements internationaux en mettant fin à toutes les exactions contre les populations civiles et à respecter les droits de manifestation pacifique et de liberté d’opinion ;
– demandent une enquête indépendante sur tous les abus et violations des droits humains perpétrés pendant ces derniers mois à Lomé et à l’intérieur du pays, et que les auteurs des crimes soient sanctionnés comme le prévoit la législation togolaise ;
– insistent sur une médiation internationale notamment celle de la CEDEAO qui devra prendre en compte les revendications populaires et accompagner le gouvernement et les autres institutions togolaises à organiser les réformes institutionnelles et constitutionnelles consensuelles permettant de ramener le Togo sur la voie de la démocratie et de l’alternance.
Fait à Abidjan, le 21 Octobre 2017
ADOUMANI PIERRE, Président de la LIDHO
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