Face au blocage dans la désignation du président de la commission électorale en RDC, des acteurs internationaux manifestent leur inquiétude, notamment Washington et l’UE. Cette implication ne doit pas conduire à s’ingérer dans les affaires de cet État africain, au détriment de sa souveraineté, alerte toutefois Moscou. Analyse.
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C’est une nouvelle preuve que les élections en République démocratique du Congo (RDC) ont toujours été un enjeu à la fois congolais et international. Plusieurs membres influents de la communauté internationale ne cachent plus leur inquiétude face au blocage relatif à la désignation du prochain président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dans ce pays d’Afrique central.
Les positions des parties sont si tranchées que l’on craint que ce blocage n’impacte l’organisation prochaine des élections en décembre 2023.
Mais cette inquiétude ne doit pas donner lieu à une ingérence dans les affaires du plus grand pays d’Afrique subsaharienne, ni à piétiner sa souveraineté. C’est ce qui résulte des propos tenus par l’ambassadeur de la Fédération de Russie en RDC, Alexeï Sentebov, le 5 octobre 2021, après son entretien avec le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’Kodia, un personnage clé dans la crise actuelle. Sentebov a certes interpellé les élus congolais, leur demandant de prendre leurs responsabilités afin que le processus électoral suive son cours normalement et que les élections se déroulent dans les délais.
Mais le diplomate russe ne s’est pas seulement limité à plaider pour l’organisation des élections dans les délais constitutionnels. Il a également mis en garde contre toute ingérence dans les affaires internes des pays africains, y compris la RDC. « Notre position est très claire. Nous sommes contre toute ingérence dans les affaires intérieures des pays africains, y compris la République démocratique du Congo », a-t-il indiqué lors de son entretien avec le président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso N’Kodia, avant d’ajouter : « Nous tenons à ce que les solutions aux problèmes que vous avez soient votre choix et dans tout le respect de la souveraineté de votre pays ». L’allusion aux États-Unis, dont l’ambassadeur à Kinshasa ne manque jamais une occasion pour s’immiscer dans les affaires internes de la RDC, est claire.
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Le ballet des diplomates
Rendant visite au speaker de la chambre basse le même jour, l’ambassadeur des États-Unis à Kinshasa, l’omniprésent Mike Hammer alias « Nzita », s’est dit préoccupé par le processus électoral en RDC et le retard pris dans la mise en place des membres du bureau de la CENI. Le diplomate américain, connu pour son implication jugée parfois très intrusive dans les affaires intérieures du pays, a lui aussi insisté sur la tenue des élections crédibles et transparentes dans les délais impartis par la Constitution.
Accompagné de quelques membres du bureau de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso s’est également entretenu avec une délégation d’ambassadeurs de l’Union européenne conduite par Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur du royaume de Belgique en RDC. Venue s’enquérir de la situation relative à la désignation des futurs animateurs de la CENI, la délégation de l’Union européenne a insisté sur la tenue des élections dans les délais constitutionnels, se disant disposée à accompagner le processus électoral en RDC.
Possible remake de 2018 ?
Au regard de ces éléments, il y a des raisons de croire que l’élection présidentielle de 2023 en RDC ne sera pas seulement une affaire congolo-congolaise. Le risque d’assister au remake de la situation post-électorale de 2018 est bien réel. Pour rappel, lors du scrutin hautement problématique de 2018 qui avait conduit à la victoire négociée et calamiteuse de Félix Tshisekedi, les États-Unis s’étaient montrés sceptiques face aux résultats du vote donnant l’opposant congolais gagnant. Des fonctionnaires du département d’État américain en charge de l’Afrique centrale avaient travaillé sur un projet de communiqué condamnant fermement la manière dont le scrutin s’était déroulé et les résultats qui en avaient découlé. Le texte prévoyait également des sanctions contre les auteurs de la présumée fraude électorale.
Au Conseil de sécurité, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni avaient condamné le processus électoral, jugeant que les élections n’étaient pas transparentes. Mais face à l’hostilité affichée par la Chine et la Russie, qui s’étaient fermement opposées à toute ingérence occidentale dans les affaires intérieures du Congo pendant la période pré et postélectorale, à la grande colère des chancelleries occidentales, Paris, Londres et Washington n’ont eu d’autre choix que d’accepter le fait accompli.
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S’il est vrai que, avec Félix Tshisekedi, les États-Unis ont réussi à retourner la situation en leur faveur et sont revenus en force dans le jeu politique congolais, il est tout aussi envisageable que les choses puissent changer à l’avenir. En effet, la fermeté affichée par Washington au regard de l’enjeu électoral de 2023 pourrait amener le camp Tshisekedi, qui ne semble pas très disposé à organiser les élections dans les délais, à réévaluer son partenariat avec une Amérique dont le soutien est loin d’être aussi acquis qu’on serait tenté de le croire. Si cela devait arriver, il faudrait s’attendre alors à ce que la Chine et la Russie, principales puissances rivales des États-Unis sur l’échiquier mondial en général et africain en particulier, aient leur mot à dire en 2023… comme cela fut le cas en 2018.
Absence de consensus
Cela fait en effet plusieurs mois que les responsables des confessions religieuses congolaises – au nombre de huit – chargées, selon la Loi organique portant composition, organisation et fonctionnement de la CENI, de désigner le prochain président qui doit piloter cet organe chargé de la gestion du processus électoral peinent toujours à s’entendre, en dépit de l’ultimatum de 72 heures lancé par le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’Kodia, le 1er octobre.
Le tandem constitué par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église protestante est fermement opposé à la candidature de Denis Kadima, perçu comme le candidat de la présidence de la République et soutenu par les six autres confessions religieuses.
Avec Sputnik
Source : Togoweb.net