Par Ayayi Togoata APEDO-AMAH
L’éternelle crise togolaise nous en fait voir de toutes les couleurs et met les nerfs des impatients à rude épreuve. Concevoir la lutte à partir de principes clairs, dénués de confusionnisme politique, vaut à ceux qui prennent le mal à la racine, d’être accusés à tort de semer la pagaille.
Quelle pagaille ? Les sages trop pressés, refusant la clarté, tombent dans le piège tendu par l’ennemi. L’ennemi, les Togolais le connaissent, il est prévisible, parce qu’il fait toujours la même chose. Quand, acculé par la fronde du peuple, il est obligé de négocier, il recourt à une stratégie éculée : freiner les négociations tout en imposant une date limite à l’opposition. Dans le même temps, des alarmistes, facilement manipulables, font pression pour contraindre les opposants à faire toutes les compromissions possibles, soi-disant parce que ce seraient les négociations de la dernière chance. Quelle dernière chance ? Et pour qui ? Ces dernières chances que l’on nous a brandies sous le nez comme une épée de Damoclès, il y en a déjà eu 26, en attendant la 27 ème en cours.
La pagaille, ce n’est pas la radicalité qui prend le mal à la racine, c’est la fausse sagesse qui cherche à mélanger les torchons et les serviettes. Cette complaisance a donné 26 accords foireux, jamais appliqués. Quand l’homme averti s’est cogné la tête contre un mur, lorsqu’il rencontre encore le mur, il l’évite. C’est cela la sagesse.
En réalité, l’erreur grossière des sages récidivistes, c’est de s’inscrire, sans s’en rendre compte, dans le compte à rebours de l’ennemi, parce qu’ils sont trop pressés et parce qu’on leur fait croire que c’est la dernière chance. L’ennemi joue avec leurs nerfs. Ils sont trop impatients. Or dans une négociation, le piège, c’est la précipitation qui fait le jeu de l’ennemi qui se prétend maître de l’horloge.
C’est le maître de l’horloge qui gagne une négociation en fixant une date limite arbitrairement ou en jouant la montre. La précipitation est mauvaise conseillère. La lutte est aussi psychologique. Notre lutte de libération en est le parfait exemple dès lors qu’il faut constamment mobiliser le peuple avec des mots d’ordre clairs pour prendre d’assaut la citadelle de la tyrannie et de l’obscurantisme. Pourquoi croyez-vous que les voleurs d’élections ferment l’Internet pour empêcher la mobilisation du peuple par la révélation des fraudes ? C’est un procédé de guerre psychologique : diffuser ou empêcher l’information. S’il vous plaît, messieurs, dames, vous qui êtes infiniment plus sages que nous, les écervelés, faites preuve de plus de patience, au risque de susciter un vent de panique.
C’est faute d’avoir entrepris 26 négociations bidon – sans principes clairs – avec plein de taupes au sein des forces démocratiques que la dictature perdure et nous nargue. Faisons preuve de caractère, bon sang !
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