Le Fils de Gnassingbé, bébé Gnass, Tohossou ( autiste ou roi des fleuves), fils de Klatchaa ( cadavre spirituel) Bodékoutou II ( dans la lignée des plus cruels tyrans des Républiques bananières)…appelez-le comme vous voulez ( car moi, je n’ai jamais su comment l’appeler, il n’a pas de vrai nom, encore moins de vrai titre ) eh bien, l’individu en question, paniqué devant les évènements auxquels il ne s’attendait pas vraiment, ahuri, incapable de définir et donc de contrôler le grand désordre qui s’est emparé de lui, qui l’agite, se loge tantôt dans son cerveau, tantôt dans son sexe, tantôt dans son ventre, court partout à la recherche de la formule. La vraie formule pour rester au pouvoir, car en dehors du pouvoir, il ne sait pas à quoi servirait sa vie. Pour être bref, un jour d’avril 2005, après qu’il a parjuré à la suite de la mort de son père, après que Gilchrist Olympio, devant Olusegun Obasandjo, complice de Chirac, l’a assuré de le confirmer dans son pouvoir, il aurait déclaré, rayonnant de joie, dans l’avion qui le ramenait d’Abuja à Lomé, entre deux coupes de champagne, virevoltant, tapant sur l’épaule à tous ces accompagnateurs dont Gilchrist Olympio : « Je vole de victoire en victoire ! ».
Aujourd’hui, face à l’évidence de la venue d’un homme au galop de son cheval et surtout, assistant impuissant à la perte de son propre pouvoir que ferait-il ? Sauterait-il pour saisir le pan des vêtements du cavalier ou plongerait-il comme un gardien de buts pour attraper les pattes de la bête afin de l’empêcher de galoper davantage ?
Et que dirait-Il ? Il dit encore : « Je vole… ».
Non seulement il vole (littéralement sautant d’un avion dans un autre à destination de différents pays d’Afrique en quête de soutien et de complicité avec les chefs d’État qui, comme lui voudraient s’éterniser au pouvoir) mais il s’agite, gesticule, voltige, saute, bondit…Les seules positions et attitudes dont il soit incapable sont celles d’un homme dont l’esprit et le corps sont vraiment au repos. Ainsi, saute-t-il, bondit-il, court-il, vole-t-il…mais d’échec en échec ! De rebuffade en rebuffade, de renvoi en renvoi, de camouflet en camouflet, d’humiliation en humiliation…comme un vulgaire…Boire la honte jusqu’à la lie, tel est désormais son sort. Irréversible !
Bébé Gnass, maussade, triste, perdu, pleure « Hin ! Hin ! Hin ! Papa m’a dit qu’il ne faut jamais lâcher le pouvoir quand on le tient ! Il ne l’a donc pas lâché jusqu’à sa mort. Moi aussi, je ne voulais pas le lâcher. Mourir au pouvoir une fois qu’on l’a conquis. C’est le principe à papa. Et moi, j’ai pourtant toujours cru pouvoir m’en tenir à ce principe, ou du moins posséder la formule pour y parvenir, faire comme lui. » Et sur le ton éploré de l’enfant gâté, il se mit à chantonner d’une voix pâteuse : « Papa m’a dit ! Papa m’a dit… que je dois mourir au pouvoir ! Papa a tué, j’ai tué, papa a massacré, j’ai massacré, papa a égorgé, j’ai égorgé, papa a noyé, j’ai noyé, papa a terrorisé, j’ai terrorisé, papa a torturé, j’ai torturé, papa a maté, j’ai maté, papa a bombardé, j’ai bombardé…Oui, même que j’ai comme papa bombardé d’argent journalistes, mercenaires, hommes politiques, diplomates, miliciens d’ici et d’ailleurs, prêtres de toutes religions… J’ai même purifié…papa n’a jamais purifié proprement. Mais, papa m’a caché la formule pour garder le pouvoir à vie… Pourquoi m’a-t-il fait ça, papa ?… » Et bébé Gnass boude tout le monde, crie, bave, s’agite, tremble comme un épileptique en crise, est pris de convulsion. Tous les gens de son entourage sont si effrayés qu’ils tremblent avec lui. Certains voudraient lui parler, le calmer, mais il refuse d’écouter qui que ce soit. Il ne veut qu’une chose : « La formule de papa ! ». Il fulmine contre tous : « Foutez-moi tous la paix ! Je veux encore deux mandats, deux bons mandats de sept ans…Il me faut la formule ! Si vous ne pouvez pas me trouver la formule de papa, vauriens, incapables, bouffeurs de billets de banque…Vous n’en voulez qu’à mon argent ! (car il croit que toutes les richesses du pays lui appartiennent)». Il refuse de dormir, de manger…
Les serviteurs de bébé Gnass zélés, anxieux et tremblants font venir l’une après l’autre les Jézabel. Et elles arrivent, bien qu’ahuries, dans leurs plus belles robes, leurs bijoux les plus clinquants, sexy, portant toutes le parfum qu’adore bébé Gnass, croyant pouvoir par leurs paroles et leurs gestes de tendresse, le rasséréner. Elles arrivent de partout, non seulement de différents pays du continent africain, mais aussi d’Europe, d’Amérique, d’Israël…en voitures de luxe les plus éblouissantes, avions… La Jézabel choisie ce jour, donc de service, splendide comme vous pouvez l’imaginer, se glisse dans son lit où il écumait toujours. Elle était convaincue qu’elle réussirait par son charme à lui ôter ses soucis et ses tourments. Mais elle ne l’intéresse pas. « Si je perds le pouvoir et tout mon argent avec, quelle Jézabel voudra encore de moi, moi qu’on appelle partout Tohossou ? On m’enverra peut-être au fond d’un cours d’eau boueux et sale, où moi-même j’ai envoyé des gens, pour régner sur les monstres de mon espèce », se dit-il.
Jézabel ? Dans la Bible, c’est cette féroce reine, épouse d’Achab ( 1Rois 21 : 1-21 ). Achab convoitait la vigne d’un de ses sujets, Naboth et en était devenu maussade et malade, comme bébé Gnass. Jézabel va lui promettre cette vigne et pour pouvoir l‘obtenir va fomenter un complot dans lequel Naboth, faussement accusé d’avoir maudit Dieu et le roi, sera lapidé et mourra. Rappelons que cette Jézabel avait massacré tous les prophètes de Dieu (1 Rois 18, 4) : symbole de cette incapacité pour certains hommes comme certaines femmes à supporter la vérité. Ici, les Jézabel de bébé Gnass, insatiable (épargnez-moi les détails) en tout sont légion. La maladie de bébé Gnass, comme nous l’avons vu, est d’être contrainte de renoncer au pouvoir. Donc, c’est à la Jézabel de service que l’entourage de bébé Gnass a recours pour tenter de le calmer. La Jézabel de service, la plus sexy de toutes arrive à faire parler un peu plus calmement bébé Gnass. Par tous les moyens, il veut rester au pouvoir. Elle lui demande expressément : « Bébé, veux-tu du lait rouge ? ». Dans le jargon, ( d’un humour macabre et cynique, il faut le préciser ) parlé à la cour des Gnass, tout le monde comprend ce que veut dire le lait rouge. Quand on y évoque le mouton de la fête qu’il faut consommer rôti, quelle que soit sa physionomie, cela signifie que l’on va brûler vifs les adversaires politiques, ou le mouton bouilli, cela veut dire que ces adversaires seront jetés dans un cours d’eau ou dans la mer. Remarquez donc que le mouton peut être mangé brûlé, égorgé ou bouilli. Jézabel propose toutes ces recettes à bébé Gnass. Il acquiesce. La formule se trouve peut-être dans le lait rouge, le mouton de la fête et le mouton égorgé servis abondamment à bébé Gnass. La Jézabel de service se fait son interprète auprès des ministres, militaires, responsables de son parti, miliciens, « intellectuels » véreux, vendant leurs sciences, leur juridisme surtout, prêtres intéressés monnayant prières, bénédictions, sacrifices aux dieux et aux mânes des ancêtres comme lors de la purification (n’est-ce pas cette purification plutôt des charlatans de tous bords mélangés, confondus, qui a porté malheur à bébé Gnass ?)…
Comme Naboth, atrocement et innocemment tué à coups de pierres… parce qu’il refusait de céder sa terre, son patrimoine héréditaire à Achab, même contre de l’argent, il faut tuer, massacrer, égorger, émasculer, brûler, bastonner quiconque vous paraît détenir la formule de papa. Que le sang coule, que les visages ruissellent de larmes, que les populations gémissent, râlent… que le sol soit jonché de cadavres, c’est peut-être là-dedans que se trouve la formule de papa. Inspiré par ces paroles, ou plutôt contaminé par le virus qu’a contracté bébé Gnassingbé, tout son entourage se lance aussitôt dans les actes les plus désordonnés, les plus sauvages, les plus meurtriers pour trouver la formule de papa Gnass. Cependant, Jézabel, toujours celle de service, s’approche timidement de lui et lui murmuret : « Bébé, mon bébé, tu as déjà la formule de papa. »
– Vraiment ? Je l’ai ? s’écrie bébé Gnass, fixant la Jézabel de service de ses yeux brillants d’espoir.
– Oui, tu l’as, mon bébé, mais, peut-être pas à la manière que tu croyais.
Bébé Gnass redevient sombre. L’espoir dans ses yeux s’est éteint. Il voit que comme les ministres, les militaires, les miliciens, les politiques, les diplomates et toutes les autres Jézabel, la Jézabel de service s’apprête à lui dire des paroles menteuses.
– Comment ça que j’ai déjà la formule de papa ? demande bébé Gnass, presque prêt à se jeter sur Jézabel devenue soudain laide à ses yeux, et à la dévorer.
Bébé Gnass se demande dans quelle eau il va nager ou, plutôt, il va être précipité. Il se voit déjà jeté au fond des eaux saumâtres d’un fleuve ou d’une mare, ce milieu des Nukpekpe dont il est issu…Cette image ne lui plaît pas et il pousse le cri le plus hystérique jamais entendu.
D’une voix faible et chevrotante, Jézabel lui répond : « Parce que tu as déjà bu autant de lait rouge, mangé autant de viande de mouton de la fête, de mouton égorgé et de mouton bouilli que lui…Pour être plus clair, tu as commis autant d’atrocités que lui…Si tu bois encore une goutte, mange encore un morceau de viande de mouton, tu éclateras… Nul, s’il n’a la formule…
Cette fois-ci, bébé Gnass n’en peut plus. Il bondit sur Jézabel, enragé et comme un fauve aux abois, s’acharne sur elle pour se défouler, la roue de coups.
Sénouvo Agbota Zinsou
27Avril.com