Si les autorités togolaises ont semblé apporter un semblant de réponse à la crise liée à la pandémie du coronavirus dans les premiers mois, le temps a montré que, de plus en plus, l’heure est au « retour sur investissement ». Et devant la situation des ménages, l’autorité avance sans état d’âme pour la satisfaction des besoins sociaux.
C’est en pleine pandémie de Covid-19 que ceux qui se disent représentants du peuple se sont accordés pour donner le quitus au gouvernement par le vote d’une loi de programmation militaire. C’était en décembre 2020. Pendant que les activités économiques étaient en berne, pendant que le secteur privé et celui informel recherchaient des bouffées d’oxygène pour ne pas couler, alors que les secteurs vitaux que sont la santé, l’éducation et la protection sociale étaient dans un état qui mérite qu’on s’y attarde, les députés ont voté une loi de programmation militaire permettant à l’exécutif de décaisser sur la période 2021-2025 un montant de 722 milliards FCFA pour…acquérir des armes et autres matériels militaires. Au nom de la lutte contre un terrorisme dont la source est plus profonde et plus importante à déterminer que les moyens militaires pour y mettre fin. On était en plein état d’urgence sanitaire.
Dans la foulée de ce vote qui témoigne de l’écart entre les aspirations du peuple –qui sont de manger à sa faim, se loger et se déplacer à moindre coût- et celles des gouvernants, on a assisté pêle-mêle à des augmentations de prix ou la création de nouvelles taxes : augmentation du prix des produits pétroliers ; augmentation et création de frais de péage alors que la structure du prix des produits pétroliers atteste de recettes couvrant largement les besoins de la SAFER pour l’entretien des routes, si tant est que c’est au nom de l’entretien des voies que ces nouvelles tarifications ont été imposées ; introduction d’une nouvelle taxe sur les véhicules à moteur (TVM) alors que cette taxe serait incorporée à la structure des prix des produits pétroliers selon le Groupe de réflexion d’action pour le dialogue, la démocratie et le développement (GRAD); augmentation de 400% des frais de légalisation de l’attestation de personne à prévenir pour l’établissement des pièces d’identité ; et plus récemment, le renchérissement du prix du ciment, alors que le pays en est producteur et est situé sur la côte ouest africaine.
La résultante de toutes ces mesures se ressent dans le panier de la ménagère métamorphosé en sachet de la ménagère. Les prix des denrées alimentaires ont connu des hausses. Mais les salaires demeurent plafonnés, de même que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Conséquence, le pouvoir d’achat s’érode au quotidien, éloignant le citoyen togolais des standards du bien-être reconnus universellement.
Si la crise est ressentie par le bas peuple, il n’en est pas de même au sein de la haute bourgeoisie qualifiée au Togo de minorité. Autrement, le problème serait perçu autrement par les gouvernants. Lorsque certains sont exemptés de certaines dépenses, lorsqu’ils disposent de bons de carburant à ne plus savoir quoi en faire, lorsque les salaires de certains n’ont rien de comparable avec le SMIG imposé dans le pays, on ne peut plus s’étonner que les cris de cœur dus à la faim ne soient pas entendus. Seulement, on a encore souvenance que des émeutes de la famine ont déjà secoué des parties du continent, allant même jusqu’à balayer des gouvernements ailleurs dans le monde.
L’Ong Oxfam dresse un tableau peu reluisant de la situation en Afrique de l’ouest qui risque de voir des millions de nouvelles personnes déversées sur la route de la faim. Avec des conséquences que personne ne peut prévoir. Ci-dessous le résumé de la situation.
Godson K.
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com