Le 13 janvier 1963, Sylvanus Olympio, le premier Président démocratiquement élu du Togo a été assassiné. Depuis, un régime militaro-civil a pris le pouvoir au Togo. Par des subterfuges divers et surtout avec l’appui équivoque, -voire parfois implicite-, de la Communauté internationale, un système autocratique et violent a été installé au Togo et se perpétue de père en fils, même si entre 1963-1967 une sorte de transition non sollicitée par le peuple togolais s’est imposée, non sans un téléguidage extérieur.
1. Une Communauté Internationale complice de la démocratie falsifiée ?
Des questions fondamentales n’arrivent pas à trouver de réponses officielles, même si personne n’est dupe au Togo :
- Mais comment croire que la responsabilité de la Communauté internationale, au rang de laquelle et en première ligne la France, ne soit pas au moins partiellement engagée ?
- Comment croire que le retour sur investissement attendu d’un territoire post-colonial doit nécessairement reposer sur la promotion de la médiocrité au pouvoir et de la force brutale pour la maintenir au Togo ?
- Comment croire que malgré les turpitudes d’une opposition togolaise empêtrée dans ses problèmes d’égo et d’absence de coordination pour la préparation d’une alternative crédible, la Communauté internationale n’ait pas utilisé le réseau des « syndicats des chefs d’Etat africains » pour consolider le régime autocratique au Togo ?
- Comment croire que la France qui est si fière de sa « Révolution de 1789 », réalisé dans un bain de sang indescriptible, puisse encore hésiter à soutenir des marches pacifiques pour une révolution non-belliqueuse d’une population togolaise soutenue par :
- Un réseau de coordination des partis politiques togolais les plus indépendants ;
- Un réseau de coordination des associations de la Diaspora togolaise qui a choisi de n’être pas aligné, ni silencieux mais indépendant ;
- Un réseau de coordination de militaires républicains togolais et autres personnalités spécialisées dans la sécurité ;
- Un réseau de citoyens togolais indépendants qui ont choisi d’exprimer haut et fort, leur exaspération et « ras-le-bol » d’un système inefficace en termes de gouvernance économique, arbitraire en termes d’équité et justice sociales et complexé culturellement au point de défendre d’abord les intérêts des multinationales étrangères principalement françaises aux dépens des populations appauvries du Togo.
Tout ceci a conduit, -pour ne pas dire forcer-, plus de 2,5 million de Togolaises et Togolais à vivre loin de ce pays -le Togo- où les esprits libres, indépendants ayant soif de démocratie et vérités des urnes sont considérés comme des étrangers ou des délinquants voire des criminels que le régime autocratique et cinquantenaire n’a jamais hésité à tuer, humilier, emprisonné, bref à marginaliser. Alors l’astuce consiste à :
- Nier les évidences en acceptant que des manifestations pacifiques de complaisance se tiennent au Togo selon les désidératas du pouvoir (lieu, itinéraire, date (pas en semaine), etc.) ; ou alors
- Charger avec brutalité les participants aux marches pacifique avec une force abjecte et opter pour la désinformation, quand les connections internet et téléphoniques ne sont pas tout simplement coupées.
2. Changer le rapport de force auprès de la communauté internationale
De nombreuses marches pacifiques du principal parti d’opposition togolaise, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) dirigé par Jean-Pierre Fabre et des partis et associations alliés se sont soldées par une absence de pression effective sur le pouvoir de Faure Gnassingbé et une difficulté à mobiliser en grandeur nature le Peuple togolais.
Depuis que le Président du Parti National Panafricain, Mr Tikpi Atchadam a réussi, avec courage, le 19 et le 20 août 2017 par une marche pacifique sauvagement réprimée par Faure Gnassingbé et ses services dits de sécurité non Républicains, à ne plus accepter la complaisance de certains y compris une certaine Communauté internationale, certains partis politiques, certaines associations soudoyées, certains militaires non-républicains, certaines entités religieuses subordonnées et une certaine Diaspora alignée, la Togolaise et le Togolais ont pris conscience du poids de leur patience accumulée depuis 1963 envers un régime militaro-civil cinquantenaire et bénéficiant des soutiens multiformes de la Communauté internationale, souvent inscrit dans des accords de défense secrets.
Alors, oui, il fallait dire « M E R . . 1» à cette Communauté internationale prônant les droits humains et économiques sur papier et agissant pour saborder ces mêmes droits et libertés au Togo, en passant par des relais et intermédiaires zélés, décrit par Frantz Fanon sous une célèbre qualification de « peau noire, masques blancs 2 ». Au-delà de l’indignation, c’est aussi la co-responsabilité de cette Communauté internationale, -française et africaine en particulier- qui est engagée.
Cette co-responsabilité est manifeste sous les formes visibles et invisibles de la Françafrique, une structure réelle et ésotérique qui a, par le passé, et continue aujourd’hui à s’organiser en réseau, pour saborder l’autodétermination du peuple togolais.
3. Un vice de procédure se corrige par une démission
Le Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015), le Groupe des Six, le parti national panafricain (PNP) et la formation politique Santé du peuple ont organisé des manifestations populaires pacifiques les 6 et 7 septembre 2017 pour réclamer l’application de la Constitution de 1992, adoptée par référendum par le Peuple togolais à une majorité écrasante. Ces marches risquent de se répéter car le problème du Togo n’est plus l’absence de réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales mais bien la personne et ses affidés qui en empêchent la réalisation, en premier lieu Faure Gnassingbé.
Mais les autorités civilo-militaires ont choisi de manière illégale, d’amender cette Constitution 1992 du Peuple togolais afin d’introduire la pérennisation de l’actuel système monarchique permettant :
- Une présidence à vie de Faure Gnassingbé,
- Une impunité totale à des militaires et autres forces dites de sécurité non-républicains, mais aussi
- La continuation de l’accaparement des richesses économiques du pays par une oligarchie d’affidés du système RPT/UNIR
Aussi, pour ce faire, il fallait absolument réaliser un vice de procédure en modifiant la Constitution de 1992 sans passer par la voie du Référendum afin de permettre au peuple togolais de se prononcer. Des décrets présidentiels, de projets de Loi renvoyant à un Parlement fondé sur la contrevérité des urnes ne peuvent accoucher de réformes constitutionnelles et institutionnelles garantissant l’autodétermination du peuple togolais, encore moins de la transparence et de la vérité des urnes.
Autant, une majorité écrasante de la population togolaise a décidé de manifester pacifiquement sur l’ensemble du territoire et dans les pays d’accueil de la Diaspora togolaise, pour exiger le retour à la Constitution de 1992, la révision du cadre électoral, l’instauration du droit de vote de la diaspora, ce dans le cadre d’une transition qui ne peut être dirigée par Faure Gnassingbé ou ses sbires déguisées en opposants modérés ou certains opportunistes connus au Togo et parfois plébiscités par une certaine Communauté internationale.
Alors pour corriger le vice de procédure lié à la modification unilatérale de la Constitution de 1992 sans référendum reposant d’ailleurs sur une accession du pouvoir par le sang et un coup de force militaro-parlementaire en 2005, Faure Gnassingbé devrait pacifiquement offrir sa démission pour permettre une transition démocratique au Togo.
En effet, la démission était due depuis 2015, mais la patience du peuple togolais l’a autorisé à faire un peu de « surplus », une pratique conviviale du peuple togolais.
4. Sortir le peuple Togolais de l’Apolitisme, un Subterfuge du Pouvoir RPT/INR
Mais comment ne pas manifester contre l’arbitraire et la répression illégale et sanglante des forces incontrôlées de Faure Gnassingbé qui avaient choisies, sans instruction de Faure Gnassingbé, de charger la manifestation pacifique publique du PNP dans plusieurs villes du Togo les 19 et 20 Août 2017 ? Comment oublier tous les prisonniers politiques du Parti National Panafricain et au-delà de tous les Togolaises et Togolaises républicains et démocrates qui ont été arbitrairement emprisonnés ou injustement et illégalement condamnés, car les droits de la défense n’ont pas été respectés ?
Le peuple togolais sort donc de sa léthargie d’apolitisme et de silence coupable qui n’est en fait qu’une preuve de patience infinie envers :
- Le système d’accaparement du pouvoir et des richesses par la force du réseau de coordination RPT/UNIR sous la Direction de Faure Gnassingbé soutenu par les militaires non-Républicains et les associations et organisations non gouvernementales fantoches et certaines entreprises multinationales étrangères ;
- La Communauté internationale coupable tout au moins de tolérance envers le système autocratique militaro-civil des Gnassingbé au Togo, ou tout au plus de soutien direct par la fourniture des nombreux équipements de répression doublés d’une désinformation stratégique et continue contre l’avènement de la vérité des urnes au Togo.
Le Peuple togolais n’accepte plus les techniques de subterfuge de Faure Gnassingbé pour gagner du temps et atteindre 2020.
5. Recommandations du CVU-Togo-Diaspora
Finalement, le CVU-Togo-Diaspora recommande d’accentuer la pression populaire et pacifique sur le pouvoir togolais, mais aussi envers une Communauté internationale qui veut faire du « légalisme » à partir d’une contrevérité des urnes en tentant de gagner du temps afin de permettre au régime togolais de tenir jusqu’en 2020. Un temps précieux qui pourrait permettre à certains de vider les caisses de l’Etat togolais pour qu’au moment de la transition et demain une alternance fondée sur la vérité des urnes, les nouveaux dirigeants du Togo soient muselés financièrement et économiquement.
En conséquence, les réformes constitutionnelles et institutionnelles issues de l’Accord Politique Global (APG) signé il y a plus de onze ans ne peuvent être confiées à Faure Gnassingbé, celui-là même qui a roulé tout le monde dans la farine de manioc afin de considérer que la démocratie et l’alternance politique au Togo relèvent du rêve et de l’illusion.
Pourtant, que ce soit en Allemagne (Berlin, Brême), au Gabon (Libreville malgré une répression manu-militari), au Ghana (villes frontalières au Togo) en Belgique (Bruxelles), les Etats-Unis (Washington et Chicago), en France (Paris) pour ne citer que ces pays, le réseau de coordination de la lutte pour la souveraineté retrouvée du Togo est en marche.
Il faudra observer si le Président français, Emmanuel Macron, le promoteur des « Républicains en Marche » pourra choisir de s’aligner sur le choix du statut quo de ces prédécesseurs ou alors de rentrer dans l’histoire en choisissant de considérer que les réseaux de Coordination de la lutte vers l’autodétermination du Peuple togolais n’est pas différent du mouvement « dégagisme » politique en France qui lui a permis d’accéder au pouvoir. Mais si la contrevérité des urnes avait prévalu en France et que les militaires non républicains avaient empêché les manifestations du mouvement « en marche » en France, Mr Emmanuel ne sera pas le Président d’une France libre et jaloux de son autodétermination et de sa démocratie.
Comment peut-on alors au nom des « intérêts de la France », continuer à hésiter à exiger de Faure Gnassingbé qu’il reconnaisse qu’il a illégalement modifié la Constitution de 1992 et que pour apaiser le Peuple togolais, il suffit d’invalider les modifications unilatérales de modification de la Constitution de 1992 par le système RPT/UNIR afin de :
- Retrouver le pouvoir libératoire de la Constitution de 1992 ; et par conséquent.
- Demander à Faure Gnassingbé d’accepter l’installation d’une transition politique puisque son règne légal à la tête du Togo s’est terminé en 2015, à la fin du deuxième mandat de 5 ans.
L’actuel Président en exercice de la Communauté Economique et de Développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’appelleFaure Gnassingbé, le Président du Togo. Si les chefs d’Etat africains de la sous-région, sur la base de tout ce qui peut de loin et surtout pas de près ressembler à une imitation de la démocratie, choisissent le Togo pour prendre pour un an les destinées de la CEDEAO, il faut croire que les principes de l’Etat de droit, la vérité des comptes et la vérité des urnes pourraient passer de l’exception à la règle générale et commune dans la sous-région. YEA.
Dr Yves Ekoué Amaîzo
Coordonnateur général du Collectif pour la Vérité des Urnes
CVU-Togo-Diaspora, Une association de fait financièrement indépendante et politiquement libre.
8 septembre 2017
cvu-togo-diaspora.org
Notes:
« Mercredi » pour ceux qui n’aurait pas trouvé.
Fanon, F. (1962), Peau noire, Masques blancs. Edition Point (réédition 2015) : Paris.
27Avril.com