Beaucoup d’internautes sur les réseaux qualifient d’aberrations les résultats des sondages de Koffi Sodokin qu’ils traitent d’inadmissibles et inappropriés pour un homme de sa carrure. Professeur d’économie, conseiller économique du chef de l’Etat depuis des années, l’on se demande finalement comment il a pu se hisser à un tel niveau. L’intellectuel frise souvent le ridicule avec ses propos dénués de sens, ses actes incompréhensibles et son comportement choquant. Resté dans l’ombre depuis quelques semaines, il revient sur la scène avec une tribune dans laquelle il fait une « analyse scientifique » plutôt controversée de la perception de la démocratie au Togo.
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Koffi Sodokin a l’habitude d’amuser la toile avec ses propos qui frisent l’imaginaire teinté de réalisme que certains qualifient de divagations. Dans la tribune publiée la semaine dernière, le professeur déclare apporter des éléments approfondis sur le rapport d’une enquête dont les résultats ont été publiés en 2019 (Enquête Régionale Intégrée sur l’Emploi et le Secteur Informel-ERI-ESI). Son analyse de ce rapport laisse dubitatif sur les conditions de réalisations de cette enquête et l’on se demande sur quelle population cette étude a été faite.
Il soutient que selon les résultats de l’enquête, les togolais ont une très bonne perception des principes fondamentaux de la démocratie au Togo. Il écrit en effet : « 91% des Togolais pensent qu’il y a une liberté d’expression et une liberté de la presse au Togo. 89% pensent qu’il y a une égalité devant la loi et 92% sont d’accord qu’il y a une liberté politique ». Ces pourcentages laissent perplexe. Quiconque côtois le peuple au quotidien reconnaîtra qu’il y a un écart énorme entre ces données et la réalité de ce que pensent et disent les togolais.
Dans un pays où des militants de l’opposition et des journalistes sont agressés, où des lois sont votées pour réprimer les manifestations de l’opposition et où les voix discordantes sont contraintes au silence, l’on doute fort que le peuple puisse s’estimer libre et de surcroît affirmer qu’il y’a une liberté d’expression et une liberté politique au Togo.
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Pis, il explique que selon les chiffres mis à jour, 89% de la population interrogée par l’enquête pense que les élections sont libres et transparentes au Togo et 90% indique qu’il y une absence de discrimination.
Ces données sont pour le moins irréaliste, quelques mois seulement après la présidentielle du 22 février qui a provoqué une vague de contestation et à l’issue de laquelle de nombreuses institutions à l’instar de l’ambassade américaine ont demandé la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote pour plus de transparence. Une requête qui n’a d’ailleurs pas été pris en compte par la commission électorale nationale indépendante (CENI).
Il est donc complètement absurde d’affirmer que 89% des togolais pensent que les élections sont libres et transparentes alors que le pays est secoué depuis plusieurs années par des crises politiques successives ; et alors que de multiples exactions sont dénoncées par les organisations de défense des droits de l’homme.
Ces pourcentages sont, pour certains analystes, inventés de toute pièce pour faire plaisir à Faure Gnassingbé et se conforter dans la mauvaise posture face aux contestations.
Les données avancées sont tout simplement ahurissant. Et si l’on veut croire que cette enquête a effectivement été réalisée, de toute évidence, le choix de l’échantillon n’aura pas été rationnel car il ne reflète pas la réalité de l’image que se font les togolais de leurs gouvernants. On a l’impression que la population ciblée par Koffi Sodokin et ses enquêteurs vient de son entourage ; des hommes à qui profite pleinement le système en place.
Il aura été de loin préférable pour ces enquêteurs de s’intéresser à des groupes de conducteur de taxi-moto, aux revendeuses dans les marchés ou aux milliers de petits commerçants que l’on peut trouver aux abords des routes, pour se faire une idée assez réaliste de la perception de la démocratie au Togo.
A l’image du taux de chômage à 3.4% publié il y’a de cela quelques mois, il semble évident que les études menées par cette horde de statisticiens dirigée par Koffi Sodokin visent à donner une bonne image du pays à l’international afin de se faire attribuer quelques points dans les innombrables classements au risque d’offusqué le peuple togolais.
Mais le peuple n’est pas dupe. Ces rapports hasardeux finiront par nuire à leurs concepteurs.
Koffi Sodokin a pour coutume de se faire remarquer négativement par son dévouement excessif au pouvoir en place. Et il vient encore une fois de s’illustrer par ses propos absurdes et son analyse fantasque.
Alfredo Philoména
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Source : Togoweb.net