Aujourd’hui jeudi 11 novembre 2021, ça fait exactement une semaine que notre compatriote de la diaspora togolaise vivant en Suisse, Jean-Paul Oumolou, est arrêté; ou plutôt enlevé manu-militari à son domicile, dans un quartier populaire de la capitale Lomé. Ne se reprochant rien, il avait tranquillement pris l’avion pour aller visiter sa famille, comme cela se fait dans une société civilisée. Jean-Paul Oumolou, étudiant déjà, avait eu maille à partir avec le régime Gnassingbé, et c’est l’une des raisons, sinon la raison qui l’a contraint à venir vivre à des milliers de kilomètres de son pays natal, comme beaucoup d’autres milliers de Togolais condamnés à l’errance à travers le monde. Notre compatriote est certes très actif sur les réseaux sociaux pour parler de son pays, pour dénoncer la dictature et ses malheureuses conséquences sur la vie des citoyens. Et en dénonçant, on met le doigt dans la plaie, on dit la vérité, on appelle les choses par leur nom, et surtout les choses qui fâchent; et c’est ça qui fait mal aux régimes autoritaires comme celui que nous avons au Togo. Des régimes comme celui de notre pays, appelés aussi régimes de dictature, n’aiment pas entendre la vérité. Ici, le petit dicton populaire, « la vérité blesse« , trouve tout son sens, malheureusement.
C’est un secret de Polichinelle que Jean-Paul Oumolou, d’après les activités politiques qui sont les siennes en tant qu’opposant au régime Gnassingbé, ajoutées à sa qualité de membre influent de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), ne serait pas en sécurité au Togo, vu les méthodes répressives que ce régime réserve à tous ceux qui pensent autrement. Mais l’opposant Jean-Paul, fidèle à son principe qu’il faut aussi et surtout venir remuer le baobab de l’intérieur, avait décidé de franchir le pas, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises; comme en octobre 2019 dont la vidéo circule sur les réseaux sociaux. En démocrate, Oumolou ne croyait avoir fait du mal à personne à travers ses nombreuses vidéos ou autres interventions sur la toile. Il n’avait fait que dénoncer ce qui ne va pas et demander un peu plus de liberté, un peu plus de démocratie pour son pays. Mais la loi du plus fort aidant, on ordonne son kidnapping, comme on le ferait pour un vulgaire bandit, sans qu’aucun organe officiel togolais de presse ne donne l’information.
Aux Togolais, comme d’habitude, il ne reste que les rumeurs, et chacun va de son petit commentaire. L’information non officiellement confirmée fait état du fait que notre jeune frère Jean-Paul, après son kidnapping, fût emmené au tristement célèbre Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC). Des informations, toujours non confirmées du côté officiel, nous apprennent que le kidnappé serait soumis à des interrogatoires. Que lui reproche-t-on? Que lui réserve-t-on? Comment savent-ils qu’il est à Lomé? Est-il descendu à l’aéroport de Lomé? …Voilà des questions que les Togolais se posent depuis exactement une semaine. Donc une incertitude totale règne autour de ce qu’on pourrait lui reprocher pour qu’il fût aussi brutalement cueilli cette matinée du 04 novembre 2021.
Aujourd’hui les choses semblent se préciser; les décideurs du régime togolais derrière cette arrestation de Jean-Paul Oumolou n’ont visiblement pas envie de s’arrêter à mi-chemin. Selon nos sources proches des conseils de l’infortuné, quatre chefs d’accusation seraient retenus contre notre compatriote de la diaspora suisse:
1- Appel au peuple et à l’armée à l’insurrection
2- Diffusion de fausses nouvelles
3- Apologie du crime
4-Outrage à l’autorité publique
Sincèrement entre nous, celui qui prône la violence pour un changement démocratique dans son pays, n’ose pas pointer son nez et fouler le sol de ce pays malgré toutes les mesures de prudence qu’il pourrait avoir prises. Jean-Paul Oumolou est certes connu pour ses sorties au vitriol contre le régime sur les réseaux sociaux. L’opposition défaillante n’est pas épargnée dans ses critiques. Mais l’accuser d’être un partisan des méthodes anti-démocratiques, voire violentes pour faire partir le régime que nous dénonçons tous, est un peu exagéré. Quant à la prétendue diffusion de fausses nouvelles, nous attendons impatiemment, et nous nous joyons à la défense de Monsieur Omolou pour qu’on nous en apporte les preuves. Si les choses se déroulaient de façon relativement correcte, si Jean-Paul n’était pas condamné d’avance, un chef d’accusation aussi fantaisiste comme l’apologie du crime s’écroulerait comme un château de cartes. Il paraît, d’après nos sources depuis Lomé, que Jean-Paul serait accusé d’outrage à une autorité publique. Il aurait, dans certaines de ses nombreuses interventions, fait outrage à une grande personnalité politique, Ministre influent dans l’actuel gouvernement togolais, très proche de Faure Gnassingbé, dont nous nous gardons de citer le nom, mais vous pouvez suivre notre regard.
C’est une habitude que dans les Républiques bananières, comme au Togo, on arrête, ou plutôt on kidnappe un opposant qui dérange, avant de lui chercher des chefs d’accusation. Dans le cas d’espèce, si ce qu’on reproche à notre compatriote Oumolou était juridiquement fondé, pourquoi ne pas faire passer l’information à travers les medias publics pour expliquer à la population les tenants et les aboutissants d’une telle action qui prive un citoyen togolais, qu’il soit de la diaspora ou pas, de sa liberté? En tout cas, nous sommes au Togo sous un régime décrié par tous. Et ce régime étant ce qu’il est, le travail des organisations des droits de l’homme, joint à celui de la diaspora, et de tous les Togolais épris de liberté, ne fait que commencer et s’annonce colossal pour faire libérer Jean-Paul Omolou et tous les autres prisonniers politiques dont Kpatcha Gnassingbé. Selon toujours nos informateurs proches du dossier, Jean-Paul Oumolou risque d’être transféré dans les heures ou jours qui viennent à la prison civile de Lomé.
Samari Tchadjobo
Allemagne
Source : 27Avril.com