Interview/Tata Avlessi, ancien président de la FTF : « Ce n’est pas une prophétie. Les signes annonciateurs de l’hécatombe d’Hayatou et ses sbires étaient visibles »

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Il a été l’un des membres très actifs de l’équipe de campagne du candidat Ahmad Ahmad pour la succession de Issa Hayatou à la tête de la CAF. L’ancien Président de la Fédération Togolaise de Football, Tata Avlessi avait prédi la débâcle du camp Hayatou. Aujourd’hui, c’est un homme très heureux et fier d’une mission accomplie avec l’élection du Malgache par un plébiscite 34 contre 20 voix. Au sortir du congrès historique du 16 mars 2017, à Addis Abeba en Ethiopie, M. Avlessi se prononce sur les contours de ce scrutin.

Le Correcteur : Depuis 2007, vous vous êtes engagés pour libérer le football africain de l’injustice et de la mafia. Aujourd’hui avec l’élection d’Ahmad à la tête de la CAF, comment vous vous sentez ?

Tata Avlessi : Tout d’abord, je voudrais vous remercier pour l’intérêt que vous portez pour l’évolution et le développement du football africain. Revenant à votre question, c’est un sentiment de fierté d’un devoir accompli. Je suis contre l’injustice et je me suis battu aux côtés d’autres hommes valeureux comme le Président Ahmad pour libérer effectivement et définitivement le football africain de la mafia d’Hayatou. Pour moi, c’est une mission accomplie même si Hayatou avait d’autres moyens de faire une sortie honorable après 29 ans.

Pourquoi avez-vous soutenu le Malgache et qu’est-ce qui a pu jouer en sa faveur ?

Je suis contre l’injustice. Lorsque vous êtes acteur de football et vous voyez ce qui se passe à la CAFdans la grande opacité, il y a nécessité d’opérer les réformes. Et après 29 ans, Hayatou et ses sbires ne peuvent plus porter ces réformes dont le football africain a besoin. Naturellement, lorsque le Président Ahmad a bravé la peur et les intimidations pour se porter candidat, cela va de soi que des gens comme moi lui apportent tout le soutien nécessaire. Connaissant aussi l’homme pour sa rigueur et sa détermination, je n’ai pas hésité à lui apporter tout mon soutien nécessaire. L’élection du Président Ahmad s’explique par la soif du changement. Avant les élections, je le disais qu’un 8ème mandat d’Hayatou sera une honte pour toute l’Afrique. C’est inconcevable. Dieu merci, l’Afrique a été épargnée de cette honte. Je voudrais sincèrement remercier tous ceux qui ont fait confiance au Président Ahmad à travers ma personne ici et ailleurs pour rendre possible cette alternance à la tête de la CAF, les présidents de fédérations, les soutiens connus et anonymes, je leur témoigne toute ma gratitude. Grâce à eux, tout le monde entier parle en bien de notre Afrique aujourd’hui.

Comment peut-on interpréter cette déculottée d’Issa Hayatou 20 voix contre 34 après ses 29 ans à la tête de la CAF ?

Vous savez, le Président Ahmad dispose d’un vaste réseau au Togo, en Côte d’Ivoire, au Maroc, en Europe, aux Etats Unis et dans bien d’autres pays qui ont commencé le travail de terrain depuis plusieurs mois. La candidature du Président Ahmad n’est pas un hasard. Un travail de fond a été fait en amont. Moi je le disais à qui veut l’entendre que Hayatou aura entre 19 et 21 voix. C’est pour cela d’ailleurs que je suis passé par un de ses proches pour lui dire de se retirer pour éviter une humiliation dans la salle du congrès. Cela a été pris à la légère, le résultat est là. 29 ans à la tête d’une confédération de 54 pays et aujourd’hui 55 avec l’arrivée de Zanzibar, c’est trop. Ce 8ème mandat est un mandat de trop. Il y a aussi un autre aspect. Hayatou avait commis la maladresse d’obliger les membres de la CAF à soutenir le candidat Cheik Salman contre les autres candidats lors du congrès de la FIFA. Ce n’est pas une prophétie, les signes annonciateurs de l’hécatombe d’Hayatou et ses sbires étaient visibles.

Selon vous, quels sont les premiers chantiers auxquels le nouveau Président de la CAF et son équipe doivent s’atteler ?

Dans ses premiers propos après son élection, le Président Ahmad a rappelé tous les engagements pris dans son programme. Pour lui, la CAF sera la CAF de tous et elle sera la CAF exemplaire, professionnelle, transparente, moderne dans toutes ses actions. Connaissant bien l’homme, je pense qu’il va tenir à ses promesses. La CAF ne doit plus être une chasse gardée d’un groupe d’individus. Il faut associer tous les membres à la gestion dans la transparence. Il faut travailler avec les compétences. Mais avant toute chose, il faut réaliser l’audit financier pour savoir là où on va. C’est très important. Je sais qu’il y a plusieurs dossiers qui accablent la gestion d’Hayatou. Mais pour le moment, nous n’en sommes pas encore là. Je demanderai aux uns et aux autres un peu de patience. Le Président Ahmad vient d’arriver. Nous allons faire le bilan à la fin de son mandat.

Le 11 mars dernier, cela fait 9 ans que le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) vous a blanchi dans l’affaire de tentative de corruption d’arbitre vous opposant à la CAF d’Hayatou. Etes-vous arrivé à toucher les indemnités ?

Par rapport aux préjudices moraux de cette cabale, le dossier est toujours pendant. Mon conseil travaille là-dessus et le moment venu, vous serez informé davantage.

Un message pour conclure

Je voudrais sincèrement remercier les Présidents de fédérations qui ont compris que tout change et l’Afrique ne peut pas rester en marge. Je voudrais aussi féliciter l’ensemble de l’équipe dynamique qui a travaillé dans l’ombre pour porter ce projet ambitieux du développement du football africain avec le nouveau Président. En 29 ans, le Président Hayatou a fait ce qu’il peut. Seulement, il a voulu faire un mandat de trop. Aujourd’hui, il a quitté la scène ni par la petite porte ni par les fenêtres mais par les clostra. C’est dommage pour un grand homme comme lui.

Je voudrais féliciter le courageux Président Ahmad qui a bravé toutes les humiliations, la preuve, l’organisation de la CAN des moins de 17 ans attribuée à son pays Madagascar, a été retirée sine die. Il a tout accepté pour sauver le football des mains des vautours. Je lui renouvelle mon soutien tout en lui souhaitant plein succès dans ses nouvelles missions.

Propos recueillis par Honoré ADONTUI

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