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Institutionnalisation du volontariat : le remède miracle contre le chômage ?

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Le Togo qui « innove ». Le qualificatif a été souvent utilisé pour encenser le gouvernement à la suite de certaines initiatives joliment décrites, mais qui pour nombre d’analystes servent simplement de mirage. Les innovations, il y en a encore. La dernière en date vient du ministère du Développement à la base, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes. Il s’agit de la volonté du gouvernement d’institutionnaliser le volontariat au Togo, du fait de sa « réussite ». « C’est un programme qui a tenu toutes ses promesses », s’est félicité madame le ministre.

Au cours de l’émission spéciale télévisée dans laquelle elle apparaissait dimanche, Mme Myriam Dossou-d’Almeida annonçait : « Aujourd’hui, avec cette expérience réussie qui suscite l’intérêt de la plupart des pays qui viennent voir et qui reconnaissent vraiment l’efficacité de ce programme, pour donner l’opportunité à des jeunes sans emploi ou en quête d’emplois de s’engager, d’apprendre et de se réaliser…,d’institutionnaliser ce principe pour que les jeunes puissent passer par là et faire le premier pas ».

En décidant cette institutionnalisation du volontariat, l’actuelle ministre ne fait que suivre la tradition au ministère du développement à la base. En effet, c’est l’un des ministères les plus créatifs en termes de projets et programmes. Ils ont l’imagination fertile dans ce département ministériel où les programmes et les projets ne manquent pas, surtout quand il est question de séduire la jeunesse et la gent féminine. Mais la principale interrogation qui fait suite à l’annonce de la ministre est de savoir les raisons pour lesquelles le gouvernement décide d’institutionnaliser la politique nationale de volontariat « mise en route depuis plus d’une décennie par le gouvernement afin d’assurer l’employabilité d’une partie de la population ».

En réalité, en faisant cette annonce, madame le ministre donne l’impression de faire du zèle et d’aller un peu trop loin dans l’embellissement d’un volontariat dont la mise en œuvre et les résultats sont loin de faire l’unanimité au sein de l’opinion. En une décennie, selon la ministre, le volontariat a accueilli cinquante mille (50.000) volontaires. Des emplois tous précaires. Mais alors, pourquoi parler de réussite ? Si le volontariat pouvait contribuer à la réduction du chômage, le gouvernement n’aurait pas cru nécessaire de mettre en place le Plan national de développement (PND) dont l’un des objectifs est la création d’emplois. Au lancement de ce fameux plan, il a été promis au moins cinq cent mille (500.000) emplois. On se rappelle que le ministre des Droits de l’homme, Christian Trimua avait affirmé que 200.000 emplois étaient déjà créés. On craint que le centième de ce chiffre n’ait pas été obtenu avant la mise sous éteignoir du PND.

Si le volontariat n’est pas la panacée, pourquoi vouloir l’institutionnaliser ? En fait, il s’agit encore d’une manière de leurrer la jeunesse togolaise qui se cherche et dont on dit qu’elle est battante et méritante. Une jeunesse de plus en plus qualifiée, on ne peut pas lui présenter un mirage. Depuis plusieurs années, le gouvernement a fait passer le volontariat au grade d’agence. A l’origine, on le désignait par Programme de volontariat national du Togo (Provonat). Avec l’arrivée de qui on sait dans le gouvernement Gilbert Fossoun Houngbo, le volontariat est devenu une agence avec la dénomination Agence nationale du volontariat au Togo (ANVT). Aujourd’hui, on nous parle d’une transformation en institution. Une première dans l’histoire du volontariat.

Le Togo n’est pas un pionnier en matière de volontariat. Des pays ont une longue tradition de la pratique, la France et les Etats-Unis, entre autres. Pour le premier pays, le volontariat est conduit par France Volontaires qui est une association. « France Volontaires est la plateforme française du volontariat international d’échange et de solidarité, créée en 2009 sous la forme d’une association et désormais groupement d’intérêt public « GIP France Volontaires ». Opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, reconnue comme un des acteurs de l’aide publique au développement de la France par la Loi du 4 août 2021, France Volontaires est le fruit d’une construction partagée qui réunit l’État, des collectivités territoriales et des associations autour d’une mission d’intérêt général : le développement et la promotion du volontariat international d’échange et de solidarité (VIES)», peut-on lire sur le site internet de cette association. Simple et digeste, n’est-ce pas ?

Aux Etats-Unis, le volontariat est piloté par le Corps de la Paix (Peace Corps) qui mobilise des milliers de citoyens américains. On le présente comme une agence indépendante du gouvernement américain qui fournit des volontaires aux pays, à la demande officielle de leurs gouvernements. Il a été créé en 1961 par le président John Kennedy. Malgré son importance, mais aussi sa puissance de mobilisation et son budget, il n’a pas été transformé en agence.

Mais au Togo, malgré l’impact quasi invisible du volontariat sur le quotidien du Togo et du jeune à la recherche de l’emploi, on annonce une institutionnalisation. Va-t-on le rendre obligatoire comme le service militaire dans certains pays ? Le gouvernement va-t-il passer d’agence à une institution ? L’heure n’est pas à l’extrapolation.

Il est tout de même curieux que ce soit à quelques mois d’échéances électorales (régionales et législatives) qu’on veuille convaincre la jeunesse que ce truc constitue une porte de sortie. Et encore, faut-il savoir combien on a longtemps payé ces volontaires. Apparemment le gouvernement ne perd pas le temps et cherche par tous les moyens à appâter.

G.A.

Avec Liberté

Source : Togoweb.net