Initiative Kpodzro : Au-delà des ralliements, voici quelques questionnements

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La
vague d’adhésion à l’initiative Kpodzro continue de prendre de l’ampleur sur la
sphère politique togolaise. Ainsi, AgbéyoméKodjo, le candidat unique désigné de
l’opposition n’a pas de soucis à se faire puisqu’au-delà de quelques critiques
venant des résistants au projet, ceux qui y adhèrent, nombreux, le font
volontairement. Mais la question qui mérite d’être posée, est de savoir jusqu’à
quel degré ces adhérents volontaires soutiendront l’initiative Kpodzro du
moment où il est établi que la quête de l’alternance est non seulement une
question d’engagement et de disponibilité, mais aussi et surtout de moyens et
de sacrifice?

Depuis l’annonce de la mission confiée à
AgbéyoméKodjo, candidat désigné de l’opposition pour les prochaines élections
présidentielles, les soutiens et les ralliements se font quasiment au
quotidien. Du Mouvement Gamessou de Pierre EkuéKpodar au Mouvement pour la Justice
Sociale de NaboudjaBouraïma en passant par des partis politiques, entre autres,
la CDPA de Brigitte KafuiAdjamagbo-Johnson, Le Togo Autrement de Fulbert
SassouAttisso, le Nid de Sassouvi Gabriel Dosseh-Anyron, les Démocrates
Socialistes Africains de TargoneSambrini, Coalition Les Rassembleurs de
Caiüs-SoterDovi… pour l’heure, tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes. Reste à tous ces soutiens de concert avec le candidat unique désigné,
de lancer véritablement le turbo pour la conquête du pouvoir et son exercice,
synonyme de l’alternance politique tant souhaitée par le peuple togolais. Mais
dans la pratique, comment cela sera fait ?

Au-delà
de l’engagement, les moyens ?

« L’argent ou les moyens, de manière générale, est
le vrai handicap de la lutte politique au Togo. Non seulement que l’argent est
le nerf de la guerre, mais aussi, il demeure indispensable si on veut faire
disparaitre la dictature, » lit-on dans un manifeste de Fulbert SassouAttisso
qui, poursuivant sa réflexion, a déclaré ce qui suit : «Tout le monde sait que
partout ailleurs, la conquête du pouvoir nécessite un investissement matériel,
qui n’est pas l’apanage des pauvres, dont le combat consiste à rechercher la
pitance de tous les jours ».

Cette
réflexion du président

du parti Le Togo Autrement, pourrait être comprise
autrement ou d’une autre manière, c’est-à-dire que si le régime Gnassingbé a pu
autant durer au pouvoir, c’est parce que les patrons successifs du régime, de
Gnassingbé Eyadema à Faure Gnassingbé se sont donné les moyens de leur
politique ou qu’ils ont mis de gros moyens pour pérenniser leur bail à vie sur
la République Togolaise.

Ainsi, de l’analyse de la situation actuelle avec
les barons du régime RPT-UNIR qui se jettent corps et âme avec tous les moyens
dont ils disposent dans la lutte politique, notamment dans la bataille
présidentielle pour sauver et conserver le pouvoir, il est donc clair qu’il
faut pour l’opposition togolaise, de grands moyens afin d’arriver à bout de la
monarchie rampante au Togo. Mais une question se pose : Où cette opposition
ira-t-elle chercher les moyens ou qui aujourd’hui au sein de l’opposition
togolaise, a les moyens pour la conquête du pouvoir qui, faut-il le souligner,
nécessite un investissement matériel conséquent ?

Dans une réflexion primaire, presque normale puis à
l’instinct, tout le monde dira Agbéyomé. D’ailleurs, plusieurs pourront
justifier cela par le fait que dans sa carrière, AgbéyoméKodjo a occupé les
premiers postes politiques au Togo, et dirigé de grandes régies financières. Il
a été, faut-il le rappeler, Premier ministre, ministre, président du Parlement,
Directeur commercial de la Sonacom, Directeur du Port Autonome de Lomé, etc.
Bien normal qu’il ait beaucoup d’argent, concluront-ils. D’autres, pour couper
court, peuvent dire que AgbéyoméKodjo a un carnet d’adresses bien fourni et,
encore qu’il est investi candidat unique de l’opposition, il a la
responsabilité de surfer sur ses relations à travers le monde pour trouver les
grands moyens de la lutte.

Tout cela ne souffrirait d’aucune ambiguïté sans
qu’on ne puisse aussi oublier que AgbéyoméKodjo a connu l’exil (beaucoup
verront le rapport) et à son retour, il a poiroté pendant plus d’une dizaine
d’années sans aucun portefeuille ni responsabilité nationale avant de retrouver
récemment le siège du Parlement. Alors, at-il encore des moyens financiers
suffisants pour le combat pour l’alternance ? Se lancer dans cet exercice pour
découvrir la vérité, c’est se perdre dans le questionnement du sexe des anges,
dira-t-on. Qu’à cela ne tienne, il faut absolument trouver les moyens de la
lutte. Que faire ?

Dans son initiative, Mgr Philippe FanokoKpodzro a
tout planifié. Aperçu en terre béninoise, il y a quelques semaines, il a
justifié sa présence par la mission d’y ouvrir un compte bancaire dans le cadre
de la conquête du pouvoir : « Je suis venu à Cotonou ouvrir un compte et nous
serons également à Accra, pour le même exercice. Il y aura des comptes en
Europe et en Amérique pour que tous les Togolais et les amis du peuple togolais
puissent mettre la main à la poche afin que nous puissions avoir de quoi
vaincre la fatalité et continuer la formation du peuple togolais pour que
l’alternance soit une habitude chez nous » a déclaré le Prélat au confrère de
Le Soleil Bénin Info. Pour les dons et souscriptions pour la réussite de la
mission, voici le compte BGFI BANK BENIN/N°: 010016868011.

Seulement, la majeure partie des Togolais de
l’Extérieur, c’est-à-dire ceux qui contribuent le plus, refuse une quelconque
participation de l’opposition au prochain scrutin présidentiel afin de pas
légitimer le 4e mandat de Faure Gnassingbé. Ils dénoncent un processus bancal
et vicié dont le but ultime est d’utiliser l’opposition comme béquilles à un
pouvoir tétraplégique. Pour preuve, sur près de 2 millions de Togolais de
l’Extérieur, seuls 348 se sont faits enrouler dans le processus. Alors, qui
pourra soutenir financièrement la mission d’alternance du mois de Février 2020
? La question demeure même si c’est une évidence que Mgr Kpodzro a l’art de convaincre
ses compatriotes. Son passé de Prélat exemplaire, juste et intègre, milite
toujours en sa faveur.

Mais en attendant l’évolution de la situation, en
attendant les mécènes du candidat désigné, la seule alternative possible
aujourd’hui, est que l’opposition togolaise, notamment la branche qui se fond
dans un creuset national par l’acte de ralliement, que cette opposition se
soutienne infailliblement et financièrement dans la lutte pour l’alternance et
le changement. Mais cela serait-il possible aujourd’hui, vu le statut despartis
qui se rallient ? Du retour des cendres de la Coalition des 14 partis de
l’opposition, C14 version originelle, l’on s’est rendu compte que les partis
d’opposition qui étaient à jour dans les contributions au plus fort temps de la
crise politique provoquée par le PNP, ces partis ne se comptaient que sur le
bout des doigts d’une main. Le PNP luimême n’a jamais contribué. D’ailleurs,
certains leaders ont fait publier à dessein la liste des contributions de la
C14, histoire de prouver à l’opinion nationale que les autres ne sont,
peut-être, pas de vrais partis d’opposition, capables de cotiser pour la lutte
politique et pour l’avènement de la démocratie. Alors où trouver les moyens ?

L’évidence est qu’au-delà des ralliements quasi fréquents
à l’initiative Kpodzro, les adhérents doivent avoir la lucidité nécessaire pour
comprendre que l’engagement et la disponibilité ne suffisent pas pour la
conquête du pouvoir, qui plus est, entre les mains d’une dictature. Le
sacrifice a consenti dans ce cas, passe inévitablement par la définition des
formules pour trouver les moyens de la lutte. A défaut, on peut tout donner,
tout du courage, tout de l’engagement marqué par une grande disponibilité à se
sacrifier, mais l’essentiel échappera toujours. Car, non seulement l’argent est
le nerf de la guerre, mais il demeure indispensable si on veut faire
disparaitre une dictature. Ceux qui comprendront cela aisément, seront les
heureux de demain.

Sylvestre
BENI

Source :
LA MANCHETTE

Source : TogoActu24.com