Dans une gouvernance cosmétique basée sur l’élevage et la surveillance du bétail électoral, les décideurs n’en ont cure des besoins et du bien-être du peuple. Comment mener des acrobaties pour se garantir la sympathie de la fameuse communauté internationale ? Ce n’est qu’ainsi qu’on peut pérenniser son argent de poche, ces interminables mécanismes de financements internationaux dont on ne constate l’efficacité que dans les rapports et les discours.
C’est ainsi qu’au Togo, dans le secteur de l’environnement, l’administration de Faure Gnassingbé ne veut pas être isolée en ce qui concerne certaines réglementations. Après le coup de diversion sur les sachets plastiques non biodégradables, place à un décret laconique sur les vieux véhicules importés.
Mercredi 10 janvier, en Conseil de ministres, Faure Gnassingbé et son gouvernement adopte un décret qui, selon les termes du communiqué, « permettra de limiter à l’avenir l’âge des véhicules d’occasion importés au Togo. En adoptant ce décret, le conseil entend assainir le parc automobile togolais et surtout sauvegarder la vie des citoyens, victimes de l’insécurité routière liée entre autres à l’état délabré de ces véhicules d’occasion ».
On n’en dira pas plus sur cette réglementation. Sûrement, on remet ces détails à plus tard. Et pourtant, Faure Gnassingbé et son gouvernement sont conscients que c’est une question de vie et de mort, puisqu’ils reconnaissent que « l’importation incontrôlée de véhicules d’occasion, hors normes, et leur utilisation porte préjudice à la sécurité routière (enjeu majeur de santé publique et de protection des personnes) puis engendre la dégradation précoce des infrastructures routières ainsi que des coûts énormes pour l’entretien routier.
Par ailleurs, sur le plan environnemental, ces véhicules d’occasion engendrent des nuisances considérables et émettent des substances polluantes, exposant ainsi les populations à des risques de maladies respiratoires aigües.»
Au Ghana, on y avait pensé depuis 2003. Le Bénin et La Côte d’Ivoire ont tout comme le Togo accusé un peu de retard, mais quand ces deux pays s’y sont mis, c’est avec précision et détermination.
Le mercredi 06 décembre 2017, deux décrets portant importation et exploitation des véhicules sur le territoire ivoirien ont été adoptés. L’âge d’importation des véhicules personnels et de transport en commun de type taxi est fixé à cinq ans. 07 ans, c’est l’âge requis pour les minicars de 9 à 34 places et les camionnettes allant jusqu’à 5 tonnes. Désormais, les bus de plus de 34 places ne peuvent plus excéder 10 ans, de même que les camions de 5 places.
« S’agissant des durées d’exploitation des véhicules affectés au transport public ou privé des personnes ou marchandises, celles des véhicules d’occasion à usage de taxis ne devront excéder 7 ans. Les minicars de 9 à 34 places et les camionnettes allant jusqu’à 5 tonnes d’occasion sont limités à 10 ans d’exploitation. Les camions de plus de 5 places seront limités désormais à 20 ans. Enfin, les cars d’occasion de plus de 34 places auront un maximum d’exploitation de 15 ans », détaillait le gouvernement ivoirien qui a fixé un délai moratoire de 3 mois avant l’entrée en vigueur du décret. C’est là qu’on pourrait dire qu’en Côte d’Ivoire, il n’a jamais été trop tard pour bien faire.
Certes, ces pays ne sont pas parfaits. Quand on observe leurs politiques sociales, il y a moins d’improvisation qui porte préjudice au peuple que sur la Terre de nos Aïeux. Dans un Togo, champion concepteur des lois et décrets de réglementation, de ratification d’accords et conventions internationales, la mise en application n’en fait pas partie.
Janvier 2011-Janvier 2018 – L’impossible application de la loi portant interdiction de la production, l’importation, la distribution et la commercialisation des sachets et emballages plastiques non biodégradables
Qui ne s’émeut pas du spectacle désolant qu’offrent ces fameux sachets plastiques la plupart nantis d’un durée de vie de 400 ans dans notre environnement ? Et pourtant, le décret portant interdiction de cette matière sur le territoire adopté en janvier 2011 s’est heurté à plusieurs intérêts jugés plus importants que la vie et la santé des populations, à tel point que son entrée en vigueur sur papier n’eut lieu qu’en fin 2017. Sur le terrain, c’est autre chose.
C’est dans cette ambiance que Faure Gnassingbé et ses ministres ont encore fabriqué un nouveau décret, non des moindres : la réglementation de l’importation des véhicules d’occasion qui se heurtera peut-être à d’autres lobbys.
Le port Autonome de Lomé menacé
Alors que le Trafic au PAL est déjà en baisse ces dernières années, on imagine ce que sera ce port lorsqu’il s’agira de filtrer le type de véhicules à importer via les eaux profondes de la côte togolaise qui se veut bras de mer des pays du Sahel. Quand on jette un regard sur l’étendu des parcs de ventes des véhicules automobiles d’occasion dans la zones portuaires, les taxes douanières plus élevées sur les nouveaux véhicules, bref quand on sait que les Togolais nantis d’un des plus maigres pouvoir d’achat dans la sous-région ne pouvaient que se contenter des vieux véhicules automobiles importés, on ne peut que réaliser combien chaotique peut s’avérer l’effectivité d’un tel décret lancé dans l’air sans mesures d’accompagnement mûries.
Heureusement que ce n’est qu’une décision politique dans l’air, juste un coup médiatique de Faure Gnassingbé et son équipe, un clin d’œil à la communauté internationale qui doit bien comprendre que Faure Gnassingbé ne s’amusait pas à Paris en 2015 quand il disait qu’il faut passer des discours aux actes en matière de réponse aux changements climatiques.
Les médias visiblement en manque de sujets en font déjà leur choux-gras, le Togo réglemente l’importation de véhicules automobiles d’occasion, même si cela ne s’arrêtera que dans les tiroirs politiques de Lomé II.
A. Lemou
Source : www.icilome.com