Hôpital Saint Pérégrin : la honte d’un Projet politisé et mal ficelé

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Un projet présidentiel qui peine à se réaliser. Vendredi 15 février 2019, Faure Gnassingbé pose la première pierre de ce qui a été présenté comme le futur hôpital de référence à Lomé répondant à tous les standards internationaux en la matière. Saint Pérégrin, tel est son nom, sera un hôpital construit sur 4 niveaux pour un coût total de 17 milliards FCFA. A la manette des travaux, Mme Ingrid Awadé, Directrice Générale de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Près de deux ans et demi après, ce projet ambitieux mal conçu est toujours à l’étape de réalisation.

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Dans un boucan qu’on connait au régime, il a été dit que le projet innove surtout en alliant la qualité des soins à l’abord du coût, dans un dispositif sanitaire national ainsi renforcé, pour desservir en soins de santé de qualité la plus grande masse de la population. « Il apporte également une solution durable aux carences du plateau technique national pour la prise en charge des victimes d’accidents du travail et des maladies professionnelles dont les coûts d’évacuations sanitaires dans des cliniques privées extérieures portaient un préjudice financier important à l’institution », avaient soutenu les initiateurs de ce projet.

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Emporté par l’euphorie du moment, Jean-Luc Sarrasin, qui représentait le Directeur Général de l’hôpital Américain de Paris où il occupe le poste de Chef de Service Radiologie et Imagerie médicale déclarait : « Je crains même qu’un jour, les européens ne copient cette référence togolaise ». Cette exagération doit certainement faire sourire ses collègues. Des flagorneurs de cette trempe, le régime en a recruté à tour de bras pour tromper la vigilance des populations.


Très vite, le chantier de l’hôpital Saint Pérégrin a été atteint du syndrome de tous les chantiers présidentiels du Togo. Les travaux n’ont jamais été livrés au temps convenu. Malgré les incantations du ministre et porte-parole du gouvernement, Christian Trimua, les travaux piétinent toujours. «Quand il évoque l’hôpital Saint Pérégrin, c’est un discours stéréotypé. L’hôpital a été lancé formellement en février 2019. Les travaux ont commencé en mai pour douze mois, c’est-à-dire mai 2020. Les intempéries du mois de septembre ont fait un mois de retard. L’hôpital sera livré début juillet (2020, Ndlr) », répondait-il lors d’une émission sur la chaîne Africa 24. Malheureusement, juillet 2020 est passé et nous voilà en juillet 2021. Près de deux ans et demi après le lancement des travaux, on en est toujours à l’étape de la pose de l’armature de l’ouvrage.

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Tout montre en effet que Saint Pérégrin, même s’il s’agit d’une initiative ambitieuse, demeure un projet mal ficelé. D’abord sur le choix de l’emplacement. Les premières pluies qui ont suivi la cérémonie de pose de la première pierre ont mis à nu l’amateurisme de ceux qui ont initié le projet. Tout le site est devenu une grande piscine « olympique ». Comment une équipe présidentielle peut-elle se permettre cette légèreté de choisir une zone parfaitement inondable pour un tel projet ? Il y a ensuite le choix de la localité d’Agoè pour abriter ce projet qui semble conçu pour répondre à des besoins plus politiques que sociaux. A trop vouloir politiser ses actions, le gouvernement finit pas tomber dans le ridicule. Et c’est ce qui arrive dans le cadre de cet hôpital. Selon des sources proches du dossier, Faure Gnassingbé voulait procéder à l’inauguration de cet hôpital dans le sillage de sa campagne électorale de février 2020, un an après le lancement du projet.


Enfin, il est difficile de comprendre la logique du régime de Faure Gnassingbé en se lançant dans cette aventure de construction d’un hôpital de référence à Agoè. Il est vrai que les organisations syndicales de la santé ont toujours plaidé pour une amélioration de leurs conditions de travail, mais ce qui est récurrent dans leurs revendications, c’est la nécessité d’équiper d’abord les hôpitaux et centres de santé existants. Le CHU-Sylvanus Olympio est à l’abandon et les patients y meurent de maladies dont ils ne devraient pas mourir. Dans l’enceinte de cet hôpital, il y a des bâtiments inachevés qui doivent être rénovés et équipés pour soulager les départements existants. Au lieu de s’atteler à cette tâche moins onéreuse, Faure Gnassingbé décidé de laisser ces bâtiments inachevés s’effondrer et de construire un nouvel hôpital. Du gâchis pour un pays qui peine à sortir du sous-développement et dont la principale quête est celle des financements étrangers.

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C’est seulement dans un régime à bout d’innovations qu’on peut voir le gouvernement lancer un chantier de construction en abandonnant des bâtiments inachevés dont la rénovation et l’équipement reviennent moins chers. Au lieu d’économiser pour réaliser un autre projet, on préfère commencer un nouveau qui finira par coûter plus cher que prévu.


Aujourd’hui, le gouvernement semble ne plus vouloir évoquer le sujet, pour éviter peut-être de donner une date qui ne serait pas respectée. On comprend pourquoi devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, Christian Trimua n’a pas donné de date butoir pour la relecture de la loi sur les manifestations.

G.A.

Source : Liberté N°3419 du Lundi 05 Juillet 2021

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image buzzducameroun.com

Source : Togoweb.net