« A qui appartiennent ces bagages ? Tu vois bien écrit Fermé puisqu’on n’a pas payé les impôts… Ramasse tes colis, nous voulons ouvrir la boutique », c’est ainsi que nous surprenons une discussion houleuse entre un Ibo (Nigérian) et une dame, la cinquantaine, dans les environs du marché de Hédzranawé la semaine dernière, alors que tout le monde s’activait ce soir-là pour rentrer à la maison.
Elles sont nombreuses à guetter la fermeture des boutiques pour trouver une place où poser leur tête la nuit. Après le phénomène des enfants de la rue qu’aucune solution n’est arrivée à régler, un autre aussi vieux que le premier prend de l’ampleur. Ces femmes qui quittent, pour la plupart, les préfectures environnantes de la capitale pour « se chercher à Lomé ».
Vogan, Tabligbo, Anfoin, etc. tels sont les noms des contrées qui reviennent la plupart du temps quand on pose, à ces femmes, la question sur leurs lieux de provenance. Parfois, c’est avec la complicité des détenteurs de boutiques le long du marché de Hédzranawé que ces femmes dorment à la belle étoile. Puisque ces propriétaires de boutiques ne veulent généralement plus engager un agent de sécurité pour leur magasin.
La plupart d’entre ces femmes ne sont venues qu’en aventure à Lomé avec l’espoir de trouver un job, surtout comme portefaix ou revendeuse. Attirées par le mirage et celles qui étaient les premières à venir, elles sont également là pour tenter leur chance de s’insérer dans la capitale. Seulement ici, c’est où poser sa tête qui est le véritable problème.
« Je vends pendant la journée des noix de coco et la nuit je reviens me coucher à la devanture des magasins », relate Yawa qui raconte venir de Vogan et arpente les ruelles du marché avec son commerce.
Il suffit de jeter un regard curieux pendant le jour pour remarquer de petits colis dans un coin devant ces magasins. Ces colis contiennent tout le nécessaire : habits, ustensiles de cuisine, etc. La nuit sur ce tronçon, déjà à partir de 22 heures, le marché et les boutiques une fois fermés, celles-ci retrouvent très vite leurs abris de fortune.
« Là j’ai deux ou trois pagnes, une casserole et deux assiettes. Je ne peux pas apporter tout ce que j’ai ici au risque de me faire renvoyer si les bagages occupent un grand espace », relate Kossiwa (nom d’emprunt). La seule casserole sert à faire la sauce, préparer la pâte et chauffer de l’eau pour la douche.
Les week-ends aux abords de ce marché, dans l’alignement de la petite poste, c’est le ménage. Des habits sont séchés sur des barres le long du trottoir.
Pourquoi ne louent-elles pas une pièce pour vivre convenablement? « Nous avons essayé avec quelques amies. Nous avons trouvé une piaule derrière le marché. Seulement quand nous avons expliqué au propriétaire que nous sommes 6 et aussi deux de mes camarades ont des gosses, celui-ci a refusé ». Et d’ajouter : « Qui veut d’une chine populaire dans sa maison pour une pièce ». Alors nous sommes revenues ici.
Ces femmes qui squattent les abords du marché de Hédjranawé ne sont pas les seules dans le cas. Des zémidjans, des enfants, des badauds n’attendent également que la tombée de la nuit pour dormir à la belle étoile avec l’espoir d’un lendemain meilleur.
Magnim
Source : www.icilome.com