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Gouvernance au Togo : Faure Gnassingbé seul face à son destin

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Faure Gnassingbé est au pouvoir depuis presque deux décennies, à la suite de la mort de son père en 2005, après avoir piétiné un tapis de cadavres. A moins de deux ans de la présidentielle, prévue entre février et avril 2025, ses partisans claironnent déjà fièrement qu’il peut encore s’octroyer cinq années supplémentaires. Habile manœuvre, alors que la concentration des pouvoirs est passée progressivement entre les mains de l’Exécutif.

Une fois installé dans le fauteuil présidentiel, il consolide son pouvoir
Hésitant dans ses premiers pas de chef d’Etat, il a progressivement dilué et éteint au fil des années l’influence que pouvaient avoir sur lui, ceux qui l’ont fait roi. Des généraux de l’armée aux civils caciques du régime, le nouveau maître du Togo a méthodiquement dépouillé ces barons de leurs privilèges, voire de leur capacité de nuisance. Pour différents motifs, ils sont tous passés à la trappe les uns après les autres, chacun regardant passivement l’autre tomber en restant persuadé qu’il serait épargné. Hélas ! ils ont perdu la protection des institutions qu’ils ont eux-mêmes fragilisées volontairement, se mettant ainsi pieds et poings liés à la merci de leur protégé d’hier.

Aujourd’hui, Faure Gnassingbé est le seul maître à bord. Il fait et défait des carrières, promeut et dégrade des personnalités. En s’octroyant tous les pouvoirs d’Etat, et en reléguant les autres acteurs institutionnels à des rôles de figurants, il s’érige en responsable principal de la déliquescence de l’Etat et du pays.

Le tribunal de l’Histoire
Quoi qu’il fasse, et aussi longtemps que puisse encore durer son pouvoir, le régime de Faure Gnassingbé a dépassé son apogée et plonge dans son déclin, en cheminant inexorablement vers sa chute. Elle surviendra, dans le délai qu’il faut, d’une façon ou d’une autre, envers et contre tout. Et alors, le tribunal de l’Histoire sera ponctuel au rendez-vous, impartial, implacable et uniquement factuel. Sans devoir répondre des 38 ans de règne de son père, même s’il en a assuré la continuité, il devra assumer la part qui le concerne.

Grâce au travail des experts et des universitaires, l’Histoire lui rappellera alors comment il a déstructuré et affaibli l’Etat, en violant constamment la Constitution et en dépouillant les institutions de leurs prérogatives. Les conséquences directes sont multiples. C’est la privation de jouissance des libertés dont les Togolais ont souffert. C’est aussi l’absence d’Etat de droit entretenue par une justice instrumentalisée qui protège les puissants et jette en prison, ou pousse à l’exil, des opposants, des journalistes et des leaders de la société civile, à cause de leurs opinions.

Et bien sûr, l’Histoire ne passera pas sous silence la corruption généralisée. Telle une pieuvre, elle a infiltré tous les secteurs et favorisé une minorité ayant spolié le pays de ses richesses. Parallèlement, le système a maintenu avec cynisme la majorité de la population dans une précarité économique et un dépouillement social. Il en découle un état de défaillance caractérisée des systèmes éducatif et sanitaire.

Lors du réquisitoire contre ses années de pouvoir absolu, le vide sera abyssal autour de Faure Gnassingbé. Courtisans et amis de circonstancie auront disparu, si ce ne sont des proches qui retournent leur veste contre lui, comme on le voit fréquemment en pareilles circonstances.

C’est alors qu’il se souviendra des lamentations du peuple qu’il faisait réprimer avec violence ou simplement des propos de son ami grand footballeur, Shéyi Adébayor, demandant à son régime d’« arrêter de vendre des rêves aux gens ». Mais, est-ce inéluctable que les choses se terminent ainsi ?

Tout cela reste une perspective
En effet, la trajectoire actuelle de la gouvernance mène à cette perspective. Toutefois, Faure Gnassingbé est toujours au pouvoir et tient fermement les manettes. Il dispose de toutes ses facultés et c’est un homme intelligent. Aucune fin de règne n’est écrite d’avance. Il a encore l’opportunité de choisir. Autant il a décidé sa manière de prendre et de conserver le pouvoir, autant il peut faire le choix de la façon dont il le quittera.

Dans les 18 mois qui viennent, il peut donc donner au tribunal de l’Histoire d’autres arguments qui joueront en sa faveur. A cette fin, devra-t-il commencer par renoncer au 5e mandat. Ensuite, l’élection présidentielle de 2025 devra être transparente et équitable, ce qui impose un fonctionnement éthique et républicain de la Cour constitutionnelle et de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Enfin, en remettant le pouvoir de manière pacifique à un président élu dans un scrutin sincère, et non à un poulain désigné par une fraude électorale massive.

Tout cela sera une première. Et le chef de l’Etat imposera de facto au tribunal de l’Histoire, de surtout poser le regard sur l’acte final de son pouvoir et non sur les travers de son parcours de chef d’Etat.

C’est la grande espérance de la majorité des Togolais. Cela va-t-il se produire ? Nul ne le sait, si ce n’est Faure Gnassingbé uniquement. Il a encore le temps, la liberté et la lucidité de prendre la bonne décision, dans l’intérêt du Togo et du sien.
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Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais

Avec Icilomé.com

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Source : Togoweb.net