Depuis quelques heures, les performances du Togo dans le domaine d’exploitation des phosphates sont relayées par des canaux officiels qui se basent sur une étude du Comtrade des Nations Unies, un référentiel qui donne un accès gratuit à des données détaillées sur le commerce mondial, à travers des statistiques officielles du commerce international et des tableaux analytiques pertinents.
Selon les données, le Togo a réalisé des performances en termes de volume de phosphates exportés, et ce depuis deux ans. On apprend que l’extraction du phosphate a repris de plus belle. De 1,3 million de tonnes en 2020, elle est passée à 1,45 million l’année suivante. Une performance de production qui, dit-on, n’a plus été réalisée depuis l’année 2003. « Cette augmentation annuelle de 10% intervient alors que les cours mondiaux du minerai, principal ingrédient dans la fabrication des engrais, a presque doublé l’an dernier, passant de 88 dollars la tonne en février 2021 à 176 dollars en décembre. Une bonne nouvelle pour le Togo qui a vu également ses ventes progresser en volume. Les ventes de phosphate ont atteint 1 389 811 tonnes. C’est le niveau de ventes le plus élevé depuis au moins 1999 », analyse Togofirst.
Le site souligne que sur le marché, les conditions restent favorables à l’export, d’autant que sur le premier semestre de l’année en cours, le prix du phosphate est passé de 173 dollars en janvier 2022 à 287 dollars en juin, son plus haut niveau depuis 2009. « Selon la base de données des Nations-Unies, Comtrade, les recettes ont atteint 205 millions de dollars US pour les exportations togolaises de la catégorie « Sel, soufre, terre, pierre, plâtre, chaux et ciment», à laquelle appartient le minerai de phosphate selon la nomenclature du commerce international », rapporte-t-on.
Dans un article consacré au sujet sous le titre : « Au Togo, le phosphate reprend des couleurs », le portail officiel de la République togolaise exprime son optimisme, soulignant que « la tendance devrait d’ailleurs demeurer à l’optimisme, d’autant plus que sur le marché, les conditions restent favorables à l’export ».
1,45 million de tonnes de phosphates vendues en 2021 au prix de 173 dollars US la tonne, cela représente 250.850.000 dollars US. Converti en francs CFA, ce montant fait environ 125 milliards. Ce sont les chiffres officiels. Mais avec l’opacité qui marque la gestion de la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT) et la mafia israélienne qui s’y est établie, il est indubitable que les vrais chiffres soient dissimulés.
Malgré ces performances, les conditions de vie et de travail de ceux qui créent cette richesse sont des plus misérables. L’absence d’équipement de protection individuelle pour tous les travailleurs tant dans les mines qu’à l’usine est couplée d’un traitement salarial sans cesse dénoncé par les syndicats. A la SNPT, une grande partie de la main-d’œuvre est employée à titre saisonnier et ne bénéficie pas de couverture sociale. Pourtant, le danger y est permanent et les accidents de travail presque une routine. Pour avoir travaillé dans des conditions déplorables, nombreux sont ces contractuels qui sont handicapés à vie.
Et que dire des populations dont les terres ont été arrachées et rongées d’année en année pour l’exploitation des phosphates ? En réalité, ce sont-elles, les premières victimes de cette manne. Peu recrutés au sein de cette société, les riverains sont le plus souvent utilisés comme des métayers, sous-payés à la journée. A Vogan, aucune infrastructure ne reflète la richesse du sous-sol. Aux difficultés liées à l’absence d’hôpitaux, écoles, routes, eau potable, etc. s’ajoute un chômage endémique, à l’image du Togo tout entier.
Dans notre précédente parution, nous évoquions les dons, il y a quatre ans, d’ambulances tricycles aux populations de cette préfecture par le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé lorsqu’elle occupait le poste de directrice de cabinet de la présidence de la République qu’elle cumulait avec celui de ministre chargé du développement à la base, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes. L’image même de tricycles déguisés en ambulances suffit à elle seul pour traduire le niveau de pauvreté dans la préfecture de Vo. Elle fait pourtant partie des préfectures les plus riches du Togo en termes de ressources minières.
A quoi sert alors l’embellie ? Ce n’est un secret pour personne, depuis des décennies, la nationalisation de ces minerais a servi à enrichir une minorité de Togolais. Et cela se poursuit.
G.A.
Source : Liberté
Source : icilome.com