Etat de la corruption au Togo : Les propos scandaleux de Essohana Wiyao

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Etat de la corruption au Togo : Les propos scandaleux de Essohana Wiyao

Le vendredi 09 décembre 2017, les Nations Unies ont célébré la journée mondiale de lutte contre la corruption. Au cours d’une activité, dans le cadre de cette journée, le Président de la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions assimilées (Halcia) a tenu des propos pour le moins scandaleux sur la situation de la corruption au Togo.

Près d’un an après le vote de la loi portant création de l’institution, les membres de la Halcia ont été nommés et ont prêté serment devant la Cour Suprême en jurant « de remplir mes fonctions dans le respect de la Constitution et des institutions de la République avec probité, neutralité, intégrité ». C’était en Janvier dernier. Depuis onze (11) mois qu’el le a pris corps, la Halcia n’a pas encore mis un seul dossier sur la table du Procureur. D’ailleurs, elle n’a toujours pas communiqué sur ses moyens d’actions et ses stratégies pour venir à bout de la corruption qui gangrène l’administration publique et plusieurs autres secteurs. Ce qui freine le développement économique et social du pays. En lieu et place, la Halcia et son président Essohana Wiyao, pour une de leur rare sortie, annoncent qu’ils n’auront pas grand-chose à faire. Puisque à en croire, le président Wiyao, « la situation au Togo n’est pas aussi alarmante que ça, du point de vue corruption ». Des propos plus que scandaleux quand on sait combien les corrupteurs ont rivalisé d’ardeurs ces derniers temps dans notre pays.

Pour justifier ces propos surprenants, M. Wiyao s’appuie sur les progrès réalisés par le Togo pour être éligible au « Millenium Challenge Account », un fonds mis en place par les Etats Unis pour accompagner certains pays du Sud au terme de long processus de conformations. « Nous avons pu passer la maîtrise de la corruption, les efforts faits ont été reconnus suffisants. Le Togo a réalisé 12 sur les 20 indicateurs, y compris la maîtrise de la corruption qui est comme une question éliminatoire. Les Etats-Unis ne sont pas n’importe qui, quand ils disent que vous avez fait des efforts, tout le monde accepte », a justifié le patron de la Halcia, avant d’ajouter « Ce qui veut d ire que le Togo n’est ni premier pays le plus propre, ni le premier pays le plus corrompu. Nous luttons pour qu’il progresse vers les pays les plus propres ».

Scandaleux et inquiétants…

Dans plusieurs de ses précédentes parutions, le journal Fraternité a eu à dénoncer et démontrer, en long et en large, combien la corruption pourrisse les quelques efforts faits par les autorités pour endiguer ce fléau. Surtout que parmi les autorités, il y en a qui doivent faire l’objet d’une enquête minutieuse. En effet, ce qui se passe sur les dossiers de grands travaux financés par l’Etat, dans les bureaux du palais de la justice, dans les régies financières de la République, sur les postes frontières maritimes, aériens et terrestres n’est que la partie visible de l’iceberg. Les pots de vin ont érigé domicile dans les ministères. Et pour illustrer nos analyses, nous avons notamment cité le ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de l’hydraulique et le ministère des Infrastructures et des transports.

Le premier que dirige le Colonel Agadazi est « un spécialiste » des projets qui finissent en queue de poisson avec la disparition des fonds alloués et l’attribution de certains marchés dans des conditions des plus opaques. Le second, est le symbole de cette corruption à défiance dans l’exécution des travaux publics. La réhabilitation de la voie, Lomé-Vogan-Anfoin dans laquelle une dizaine de milliards de FCFA ont disparu est une illustration parfaite. Nous n’avons pas évoqué les impôts et les banques.

Ces quelques exemples montrent combien les propos du président du Halcia jettent de sérieuses inquiétudes sur sa volonté à assumer sérieusement la mission confiée à son institution. En effet, si le Président du Halcia minimise l’état de la corruption au Togo, cela signifie qu’ils ne se gêneront point à inquiéter ces Barrabas de la République que les citoyens connaissent si bien. C’est d ire qu’en leur sens, la mission qui les attend n’est pas aussi immense qu’on pourrait le penser. Pourtant, lors de la prestation de serment des membres du Halica, c’est le contraire qu’a soutenu le président de la Cour suprême, Akakpovi Gamatho. « Vous vous trouvez en face d’un vaste chantier », a souligné le président de la Cour suprême.
En outre, il ne suffit pas d’apporter des corrections techniques aux lois luttant spécifiquement contre la corruption, ce que note le Millénium Challenge Account pour élire les pays bénéficiaires du fonds. Ce qu’il est urgent de faire, ce sont de profondes réformes systémiques qui compensent le déséquilibre croissant du pouvoir et des richesses en habilitant les citoyens à mettre fin à l’impunité généralisée de la corruption, à demander des comptes aux puissants et à avoir véritablement leur mot à d ire dans les décisions qui affectent leur vie quotidienne.

Ces réformes doivent inclure la divulgation, par le biais de registres publics du nom des propriétaires d’entreprises, ainsi que des sanctions pour les facilitateurs professionnels qui se rendent complices de transferts transfrontaliers des flux d’argent obtenus de manière frauduleuse.

Créée par la loi N° 2015-006 du 28 juillet 2015, la Halcia à pour charge de promouvoir et de renforcer la prévention et la lutte contre la corruption et les infractions assimilées dans les administrations, les établissements publiques, les entreprises privées et les organismes non étatiques. A moins qu’on veille l’utiliser pour régler des comptes politiques comme Fraternité a eu à le souligner dans sa parution N°224 du 19 avril 2017, cette institution doit véritablement œuvrer pour sortir le Togo de la situation actuelle. Selon le rapport Transparency International sur la corruption en 2016, le Togo est classé 23ème en Afrique et 116ème sur le plan mondial.

Source : www.icilome.com