Par Serge Lemask, togo-online.co.uk
J’ai lu, dans le jeune Afrique paru cette semaine, une interview complète donnée par le président Faure à ce journal. Et hasard du calendrier ou effet recherché, il y a la déclaration des chefs d’Etats de la CEDEAO à l’issue de leur sommet. Je vais être honnête avec vous, comme je le fais souvent, nos marges de manœuvre se réduisent, et pas seulement pour ceux qui manifestent, mais pour toute l’opposition.
Les déclarations de Macron, qui avait été interpellé par le président du PNP, étaient déjà inquiétantes. Confirmation ou alternance démocratique, avait-il dit, si le cadre électoral respectait les critères internationaux. Ce qui montrait déjà que sur la crise togolaise, l’ancienne puissance coloniale n’avait pas de parti pris.
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Les deux dernières sorties (Président Faure et CEDEAO) portent à mon sens la dernière estocade. Faure Gnassingbé, dans un rare exercice de communication, a répondu à toutes les questions d’un François Soudan plutôt inspiré.
Je retiens trois points.
Le premier est que Faure assume pleinement son statut de chef de l’Etat, garant des institutions et de l’unité nationale. Droit dans ses bottes, il indique la voie du dialogue. Pour nous qui lui avons demandé depuis le 8 octobre de prendre l’initiative du dialogue et de s’adresser au Togolais, on ne peut pas s’en plaindre.
Le second est la disponibilité de dialoguer. C’est essentiel, car un dialogue est un rendez-vous du donner et du recevoir. La crise actuelle nous oblige à nous asseoir et discuter. Il n y’a malheureusement aucune autre issue possible.
Le troisième est la menace perpétuelle du référendum. Nous continuons à être opposés à ce référendum. Il faut que le dialogue conduise à une révision constitutionnelle à l’assemblée nationale. Voila pourquoi tous les partis parlementaires sont nécessaires à ce dialogue.
Du coté de la CEDEAO, des acteurs politiques avaient semblé expliquer que cette organisation aurait une autre lecture de la résolution de la crise togolaise. La semaine dernière, nous avons été vilipendé pour avoir accepté le rendez-vous du premier ministre, contrairement ( c’est ce qu’on nous a dit) aux engagements de la médiation ghanéenne. Au même moment, la coalition demandait à la CEDEAO d’intercéder dans la crise togolaise. La réponse des chefs d’Etats est plutôt rude: (quelques extraits)
38-La conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement lance un appel aux acteurs politiques togolais à s’engager pleinement et dans les plus brefs délais dans un dialogue inclusif dans un esprit de compromis pour parvenir à une approche partagée dans la mise en œuvre des réformes politiques, dans le respect de l’ordre constitutionnel et des institutions démocratiques.
39- La Conférence réaffirme sa disponibilité à continuer de suivre et d’accompagner le Togo et les acteurs politiques togolais dans le processus de dialogue et de réformes constitutionnelles engagé par le gouvernement togolais.
On ne peut donc plus s’abriter derrière une quelconque médiation de la CEDEAO pour éviter le dialogue, qui bien entendu devrait être inclusif.
Les gens nous accusent parfois de nous en prendre à l’opposition. A raison, il est vrai, parfois. Nous sommes rentrés en politique parce que nous étions fatigués de voir notre pays pris en otage par deux logiques inefficaces: D’un coté, la prédation systématique du pouvoir, et de l’autre la quête désespérée de ce pouvoir. S’attaquer au pouvoir Unir sans tenter de corriger ce qui rend notre combat à ce jour vain, ne donne aucun sens à notre engagement. Nous avons fait une première tentative de l’intérieur (Arc-en-ciel et CAP2015) et le résultat, c’était la dictature de la pensée unique qui nous a conduits à quitter les regroupements. Puis nous avons tenté une seconde approche, qui consistait à faire des propositions par des tiers (parfois par courrier) ceux que nous considérons ayant le meilleur positionnement pour apporter l’alternance, mais dont l’aveuglement nous maintient malheureusement dans le statut quo. Sans succès non plus.
Aujourd’hui, nous nous contentons d’exprimer librement nos positions sans aucune influence, ni de l’opposition, ni du pouvoir.
Quelle issue donc? Il faut avoir le courage de le dire, en dehors du samedi où les manifestations sont fortes (nous avions fait la proposition des samedis depuis le 4 septembre) le reste de la semaine mobilise moins. Et même si c’était le cas, l’organisation sécuritaire du Togo peut difficilement être ébranlée par les manifestations de rue. Depuis le 7 septembre où le mot de dégagement de Faure par la rue a été avancé, nous avons, suivant l’expérience que nous avions des forces de défense de ce pays, dit à nos amis de ne pas rêver. Nos forces actuelles sont pour l’ordre constitutionnel et défendront la présidence jusqu’au bout. Ce qui est plutôt une bonne chose. Notre présidence ne peut pas être vulnérable à toute menace venante. C’est tout de même l’un de nos pouvoirs régaliens. La première institution de la République.
Que faire donc? Pour nous, la solution est toute simple. Asseyons-nous et dépolluons entièrement notre constitution. Les conclusions du travail de la commission des réformes de Awa Nana peuvent éventuellement être explorées. On ne peut pas faire un référendum pour 4 articles. Allons en profondeur et donnons de l’universalité à notre constitution.
Ensuite, que toutes les irrégularités relevées dans notre code électoral puissent faire l’objet d’une analyse complète. Qu’on prenne le temps qu’il faut, mais toilettons notre code électoral pour l’intérêt général.
Maintenant si dans cette noble tâche, on se rendait compte que UNIR ou le gouvernement bloque les discussions, en ce moment, que tous les partis politiques qui se revendiquent de l’opposition quittent la table de négociation pour appeler le peuple togolais à occuper de nouveau la rue.
On dit souvent que quand quelqu’un fait semblant de mourir, il faut faire semblant de l’enterrer. Allons, dialoguons, et testons la bonne foi de ceux qui nous y invitent.
Une chose est évidente et certaine. Faure Gnassingbé et son gouvernement sont décidés à revenir aux fondamentaux de la constitution de 1992 avant les élections majeures de 2018. La question est de savoir si nous voulons lui laisser à lui seul le privilège de passer pour un réformateur, où nous voulons nous associer à cette action salvatrice qui, même si nous n’y participons pas, s’imposera tout de même à nous, du fait de sa légalité.
Togolais viens, bâtissons la cité.
#Dialogue Au Togo
Gerry Taama
Togo-Online.co.uk