Monsieur Jean**, un Togolais résidant aux États-Unis depuis plus de 10 ans avait perdu son emploi dès les débuts de la pandémie du Covid -19 en mars 2020. Il fut contraint de postuler pour les allocations chômage. En septembre 2020 en pleine pandémie, ayant perdu un parent au Togo, il prend le vol et atterrit à l’aéroport de Lomé.
Après avoir accompli les formalités de test Covid, il reçoit un kit téléphonique pour les besoins de traçabilité. Il installe la puce dans l’un des téléphones portables qu’il utilisait en Amérique. Pendant son séjour, il utilisera cette puce tantôt sur l’un tantôt sur l’autre des deux téléphones qu’il avait avec lui.
À son retour aux États-Unis en novembre 2020 et n’ayant toujours pas trouvé de boulot, Monsieur Jean postule en ligne pour l’allocation chômage en utilisant son téléphone portable, mais sa demande est rejetée, et ce à plusieurs reprises.
Le motif invoqué par l’agence des allocations chômage est plus que surprenant : les données informatiques sur la source de la demande indiquent que Monsieur Jean réside en Israël, et ne peut donc pas faire la demande, car il faut être physiquement présent sur le territoire américain pour postuler. Il essaie avec son deuxième portable ; même chanson : Jean réside en Israël. Il prend alors le téléphone d’un de ses enfants, et parvient à faire la demande assez rapidement. Pendant 5 semaines, il est obligé de toujours renouveler sa demande hebdomadaire à partir du portable de son enfant, parce que ses deux téléphones qu’il avait utilisés au Togo indiquent toujours qu’il est… en Israël.
Monsieur Jean se rend dans sa compagnie de téléphonie et demande un diagnostic de ses deux téléphones. Le verdict : ses téléphones sont infectés d’un logiciel espion (spyware) très sophistiqué. On lui demande quel boulot il exerce, s’il travaille pour le gouvernement, s’il a des problèmes avec la justice, etc. Pour couper court, il leur a dit de garder les téléphones et de lui permettre de les échanger contre des nouveaux.
Réponse de la compagnie : non merci ; il peut reprendre ses 2 téléphones, car les techniciens n’ont pas été en mesure de détecter la nature exacte des dommages compte tenu du niveau de sophistication du virus. Mr. Jean se voit donc obligé d’acheter un nouveau téléphone. Partout où il est allé pour réparer ses deux téléphones, la chanson est restée la même : le virus qui a infecté ses téléphones a causé des dommages et siphonné des données. Il est préférable qu’il abandonne ces téléphones carrément, ce qu’il finit par faire.
C’était plus de 9 mois avant que n’éclate le scandale de Pegasus, un logiciel espion israélien acquis par le régime militaire togolais pour espionner ses propres citoyens. Les cas d’attaques par Pegasus rapportés par la presse ne concernent que les Togolais vivant au Togo ; le nombre est certainement plus élevé parmi les Togolais de l’étranger ayant séjourné au pays, surtout pendant cette pandémie du Covid-19.
A. Ben Yaya
7 novembre 2021
**Jean est un nom d’emprunt.
Source : icilome.com