« C’est la grande sagesse du peuple, voyez-vous. Les gens ne se dérangent que pour les élections qui ont un sens » (Jean-Christophe Rufin)
Des scrutins sont prévus pour cette année 2023. Il s’agit des élections régionales et législatives. Mais le contexte sociopolitique et les conditions d’organisation ne militent pas en faveur de la sérénité qui devrait régner durant la période électorale. La composition des institutions impliquées dans ces scrutins montre déjà que la contestation sera malheureusement au rendez-vous.
Les Togolais ont eu droit, le 31 décembre 2022 au discours de Nouvel an de Faure Gnassingbé. L’allocution qui a duré une vingtaine de minutes a été retardée, suscitant des questionnements chez les internautes qui voulaient entendre ce qui allait être prononcé. Finalement, ils l’ont entendu.
Pour la nouvelle année, difficile de dire ce qui sera fait dans le concret. Néanmoins, il faut reconnaître que Faure Gnassingbé a fait des promesses sur lesquelles personne n’a d’éléments pour le juger. Des promesses trop vagues pour être quantifiables. Bien malin qui pourrait, à la fin de l’année 2023, établir un bilan sur la base de ces promesses « bateau ». Mais l’un des points importants de ce discours, c’est l’annonce, disons plutôt la confirmation de la tenue de scrutins dans le pays.
2023 sera une année électorale. C’est bien ce qui ressort du discours de Faure Gnassingbé. «L’année 2023 sera également une année électorale. Les préparatifs par la Commission électorale nationale indépendante et les autres institutions impliquées sont en cours (…) Les conditions sont ainsi réunies pour des élections apaisées. Je forme donc le vœu que chacun puisse jouer son rôle dans le respect du cadre républicain fixé, pour la réussite de ces deux scrutins », a déclaré Faure Gnassingbé.
D’emblée, il convient de rappeler qu’au Togo, le fait même d’évoquer des élections suscite des peurs, le passé douloureux du pays ressurgissant. Au pays de Faure Gnassingbé, les élections pacifiques n’existent pas. Tout est toujours tendu, socialement et économiquement, sans oublier le politique. Dans l’histoire récente du pays, l’année 2005 a été la plus sanglante. En voulant faire croire qu’il y a eu consensus autour de l’organisation de ces scrutins, Faure Gnassingbé n’a fait que rappeler les antagonismes. Et pour cause, la Concertation nationale entre acteurs politiques (CNAP) à laquelle il a fait allusion a été une initiative contestée puis boudée par ceux qui y avaient accordé de l’importance. Ensuite, le Cadre permanent de concertation (CPC) qui en a découlé a été rejeté par une grande majorité des formations politiques de l’opposition.
Il y a aussi le fait qu’au Togo, les institutions en charge de l’organisation, la gestion du contentieux électoral et la proclamation des résultats sont inféodées au pouvoir en place. Il faut de vraies réformes au niveau de la Cour Constitutionnelle et de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), de véritables moulins à fraudes. D’ailleurs, la composition même de la CENI est le souci premier des partis politiques de l’opposition et les électeurs qui voient régulièrement leurs votes détournés. Feu Abass Bonfoh, ancien président de l’Assemblée nationale a dénoncé en 2018, l’attribution de sièges revenant à UNIR au parti politique NET, allié fidèle du régime au sein de l’opposition.
Si c’est avec les institutions acquises au pouvoir et sur la base des travaux de la CNAP et du CPC que les élections seront organisées, il ne faut pas s’attendre à des résultats incontestables. 2023, année d’élections, s’annonce tendue.
Avec Liberté
Source : Togoweb.net