Depuis quelques années, le campus universitaire, temple du savoir, baigne dans une ambiance délétère faite de menaces, d’intimidations, de répression, bref de toutes les dérives. Sous prétexte d’avoir entamé quelques travaux de rénovation aux contours d’exécution flous, le maitre des lieux, un certain Dodji Kokoroko s’est mué en un véritable autocrate. Il ne se passe pas de jour qu’il ne prenne une décision controversée pour polluer l’ambiance sur le campus universitaire, et parfois au-delà.
Il est loin, très loin, le temps où le jeune étudiant Dodji Kokoroko pourfendait le régime RPT, et surtout le règne des Gnassingbé de père en fils, au point de vouloir en découdre avec des moyens non conventionnels. Il est devenu aujourd’hui le plus grand soutien du régime qu’il dénonçait avec hargne hier. Le nouveau « Debbasch » ne manque aucune occasion pour faire appel à ses notions de droit pour justifier un règne à vie de son nouveau maitre et bienfaiteur Faure Gnassingbé à la tête du pays. Il n’a pas hésité à rassembler l’année dernière à Lomé une clique d’«intellectuels faussaires» en un colloque sur la Constitution togolaise avec une curieuse conclusion : « le retour à la Constitution intégrale de 1992 n’est plus d’actualité ».
Convaincu d’avoir le soutien total de Faure Gnassingbé, il se croit Dieu sur Terre et se permet toutes les dérives. Ce Jeune homme de 42 ans qui a connu une ascension fulgurante grâce à des réseaux obscurs ne jure que la force. Curieux pour un professeur d’université, n’est-ce pas ? Quiconque se met au travers de sa route est systématiquement écrasé. Le seul et unique chef de l’université, c’est lui, et son autorité ne doit souffrir d’aucune contestation, ni de la part des étudiants, encore moins de ses collègues.
Pour asseoir son règne, il s’est équipé de structures spéciales. Il a d’abord créé une police universitaire dotée de matériels de répression pour réduire au silence les étudiants récalcitrants. Le monde entier a pu voir sur les vidéos la barbarie de cette police universitaire aux côtés des forces de l’ordre, elles aussi sollicitées régulièrement par le tout-puissant. Après avoir mis en déroute les étudiants et leurs responsables dont plusieurs sont sous inculpation, le petit « Mussolini » du campus s’est maintenant tourné vers ses collègues enseignants chercheurs qui refusent de manger à la soupe UNIR comme lui. Et ses cibles sont connues, reste à imaginer les moyens sordides de les atteindre. Et c’est le cas depuis une semaine, avec cette histoire rocambolesque d’allégations de trafic de notes à la Faculté des Sciences de la Santé dont il est le principal maitre d’orchestre dans l’ombre.
L’activisme du Professeur David Dosseh et certains de ses collègues aussi bien à l’université que sur le plan de la société civile devenait pour lui un acte de guerre. C’est ainsi qu’il est arrivé à ses fins en autorisant la Gendarmerie à se saisir d’une affaire purement académique. Les franchises universitaires, le sieur Dodji Kokoroko n’en a cure. Tout en niant en public être l’auteur de cet acharnement, en privé il n’hésite pas à trouver normal l’humiliation faite à ses collègues et trouve même que ceux qui se disent opposants aujourd’hui et qui avaient été cités dans les dossiers de trafic de notes en 1990 avaient dormi à la Gendarmerie. -suivez nos regards. A ceux qui, vendredi dernier après le sit-in, se sont rendus à la présidence de l’université pour lui demander de faire libérer les deux professeurs avant 16 heures, sinon tous les enseignants marcheront sur la présidence au lycée de Tokoin, il a répondu d’un ton arrogant qu’ils ne franchiront pas les portes de l’université qu’ils seront proprement gazés. Eh oui, lui, il ne connait que le langage de la force brute.
Dans sa volonté de détruire les autres, c’est-à-dire tous ceux qui ne pensent pas comme lui, il a poussé ses collègues et leurs progénitures dans la gueule du loup. Le Professeur Majesté Ihou Wateba a fait une grave crise et se trouve actuellement en soins intensifs. Même dans ces conditions, il est sous la surveillance des agents du SRI postés au Chu-Campus. Quant à son collègue David EkueDosseh auditionné pendant des heures, son fils est pris en otage depuis vendredi par la Gendarmerie nationale. Un père ne pouvant pas laisser son fils à peine majeur suivre une telle épreuve traumatisante, il a décidé, avec des amis et des parents, de faire la garde devant les locaux du SRI et ce depuis 72 h, à la merci des intempéries. Il n y a rien de plus traumatisant pour un père de famille que de voir son fils pris en otage pour une affaire sans tête ni queue. C’est certainement le moyen le plus efficace d’atteindre le Professeur David Dosseh, à défaut de l’atteindre directement. Et c’est bien lâche comme méthode.
Le sieur Dodji Kokoroko doit être royalement fier de cette humiliation infligée à ses collègues. Ceux qui poussent le bouchon de la méchanceté loin au point de franchir des limites pensent-ils vraiment à demain ? Certainement pas, puisqu’ils sont convaincus qu’ils règneront éternellement. Au-delà de l’affaire qui défraye actuellement la chronique, le Professeur Dodzi Kokoroko est au centre d’autres décisions qui suscitent la colère sur le campus. Un contrat signé le 21 mai 2004 par le président Nicoué Gayibor permettrait aux ATER (Attaché temporaire d’enseignement et de recherche) regroupant des doctorants et diplômes équivalents de donner des cours et faire des TD (Travaux dirigés) contre une rémunération de 80 000F CFA renouvelable deux fois. Le tout-puissant Dodji Kokoroko vient de mettre fin à ce contrat de manière unilatérale le 30 décembre 2016, privant ainsi d’une part les étudiants des TD indispensables dans certaines facultés comme le Droit, la FASEG etc. et d’autre part les doctorants qui ne peuvent plus faire les recherches. Toutes les démarches entreprises par les doctorants vers le tout-puissant président n’ont pas abouti. C’est hors du campus que certains doctorants font aujourd’hui les TD aux étudiants qui en ont besoin.
Un autre sujet non moins polémique est l’augmentation des frais pour l’inscription en thèse à 301 000 FCFA par an. Après trois ans de recherche, il faut soumettre la thèse en instruction et évaluation, là aussi pour un montant de 300 000 F CFA. Cette décision controversée a créé des remous et les dossiers des postulants sont toujours bloqués à la DAAS (Direction des affaires académiques et de la scolarité). Et comme si cela ne suffisait pas, depuis quelques jours, DodjiKokoroko a interdit le port des toges pour les docteurs après leur soutenance, provoquant la colère des enseignants. Selon lui, le port de toge est réservé aux enseignants de rang (Maître-assistant, Maître de Conférences, professeurs).
Comment peut-on terminer le chapelet de dérives de ce monsieur sans évoquer le cas du docteur Yaovi Madou, le premier non-voyant togolais à soutenir une thèse de doctorat en droit public à Poitiers. Le sieur DodjiKokoroko qui était dans le jury avait qualifié l’étudiant de militant de l’opposition en pleine soutenance, après avoir jeté le discrédit sur son travail, au grand étonnement des autres membres du jury qui étaient des Blancs. Le tort du jeune homme, c’est d’avoir soutenu une thèse dont le sujet porte sur la fonction présidentielle. Dans ses travaux de recherches, il a critiqué les régimes dictatoriaux, leurs dérives et les coups d’Etat constitutionnels. Assez suffisant pour provoquer la colère de Kokoroko qui y a trouvé un militantisme au profit de l’opposition.
Depuis son retour au pays, le dossier d’intégration de Yaovi Madou est bloqué par le tout- puissant président malgré l’intervention de certaines personnalités, notamment le Premier ministre et le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. En moins de quatre ans à la présidence, DodziKokoroko est devenu le plus grand diviseur du campus universitaire, une vraie menace pour le temple du savoir. Il a réussi à dresser les étudiants les uns contre les autres; aujourd’hui il fait de ses collègues des cibles, pensant que c’est en agissant ainsi qu’il pourrait obtenir d’autres faveurs auprès de son nouveau maitre Faure Gnassingbé.
Il est connu de tout le monde que les régimes autoritaires et despotiques ne tolèrent pas les leaders d’opinion, les intellectuels libres, les universitaires prolixes, etc. Mais utiliser un président d’une université pour réduire au silence d’autres universitaires, c’est le comble. « Ce jeune homme est en train de se fourvoyer, il a de grands diplômes mais il lui manque l’école de la vie. Il tisse du mauvais coton et cela risque de lui jouer un sale tour. Il est trop jeune pour connaitre ce pays et le système qu’il a décidé de servir. Dommage que personne dans son entourage et surtout dans sa famille ne le raisonne », a déclaré un enseignant chercheur qui n’a pas dissimulé sa colère. Il ne fait pas bon de critiquer le roi DodjiKokoroko. En tout cas, jeudi dernier il a chargé un avocat de dire au Directeur de Publication de L’Alternative qu’il lui enverrait le SRI le lendemain et lui collerait un procès après. Il en faudrait plus pour nous faire taire surtout lorsqu’on a en face un danger public comme lui. Nous reviendrons sur les notes sexuellement transmissibles qui est une pratique courante à la Faculté de Droit ainsi que les réseaux qui délivrent les recommandations aux étudiants fainéants pour poursuivre les études à l’Université de Poitiers en France. Bon à suivre !
Source : www.icilome.com