« La gestion des archives a essentiellement pour objet d’assurer la conservation des documents possédant un intérêt durable et d’en faciliter l’utilisation. La conservation des archives ne se justifie que dans la mesure où sa finalité est de mettre un jour les documents conservés à la disposition d’utilisateurs: les pouvoirs publics, les particuliers qui y rechercheront la preuve de leurs droits et de leurs prérogatives, les utilisateurs primaires, dont les recherches et les écrits repoussent les limites de la connaissance et du savoir de l’homme, et, indirectement, les utilisateurs secondaires, pour qui les travaux des utilisateurs primaires seront une source d’enrichissement éducatif et culturel »,expliquait déjà en 2011, Junior K. Holonou DANKLOU, Consultant-Expert en Communication, Marketing et Gestion documentaire. Pourtant.
A Lomé, non loin du Musée national, et du Centre administratif des services économiques et financiers (CASEF), se trouve la bibliothèque publique qui abrite les archives nationales. Cette structure qui est la mémoire collective du Togo est malheureusement dans un état vétuste et crasseux. De la salle de documentation aux bureaux du personnel et des responsables, le désordre côtoie le manque des outils technologiques modernes, de la reprographie et de la numérisation. Les lieux sont mal entretenus. Tout est dans un délabrement total. Au bureau d’un responsable adjoint de cette structure, des sachets plastiques d’emballage de nourriture partagent les rayons avec les documents envahis des dépôts de poussière.
Outre le désordre et l’état de délabrement des infrastructures, ceux qui s’y rendent pour la documentation sont mal orientés. Un étudiant en communication a confié qu’il y était pour consulter des mémoires mais n’a pas pu faire sa recherche pour manque de répertoire.Ce problème est récurrent et démotive les étudiants ou les chercheurs. Il est même la cause de moins de visite aux archives nationales. Beaucoup préfèrent s’abonner à d’autres bibliothèques privées dans le cadre de leurs recherches. Ceux qui ne peuvent pas ou qui sont obligés d’aller à la bibliothèque nationale doivent se résigner face à la lourdeur des services et à l’odeur de renfermé d’une vieille cave que renvoient certains rayons des archives nationales qui restent désertes souvent à longueur de journée à part les lecteurs de journaux qui y ont trouvé un moyen de ne pas payer la presse pour s’informer.
Même si de par leur nature, les archives nationales du Togo sont des conservatoires des œuvres pour la plupart « anachroniques », elles doivent s’adapter au temps par rapport au service qu’elles rendent. Aujourd’hui, il y a des techniques nouvelles d’archivage et il est inconcevable qu’une telle structure qui représente une partie de la mémoire collective soit dans cet état de délabrement et peine à s’adapter. Mais, ce souci de faire de la bibliothèque nationale, un établissement qui répond aux défis de l’heure a été ressenti par l’ambassade des Etats-Unis au Togo. En effet, il y a quelques mois, dans le cadre d’un séminaire de renforcement des capacités du personnel sur la numérisation, elle a offert à la Direction de la Bibliothèque et des Archives nationales (DBAN) des matériels composés de deux statifs de reproduction, un appareil photo caméra, un ordinateur de bureau, cinq ordinateurs portatifs, quatre lampes de table ; le tout estimé à 6.000$ soit environ plus de 3 millions cinq cent mille F CFA.
Comment se fait-il que ces matériels ne sont pas utilisés ? Il y a certainement un mystère. Mais cela ne doit pas étonner ceux qui connaissent l’administration togolaise. Très souvent, les dons se retrouvent chez les directeurs et même chez des ministres qui en font leurs propriétés privés. La lourdeur administrative est à l’épreuve de ceux qui confondent biens publics et biens privés. Les archives nationales du Togo apparaissent donc comme un cas parmi tant d’autres
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