Que de milliardaires seulement en 13 ans de règne de Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005. Ici et là, ils poussent comme des champignons. Une nomination à un poste est accueillie comme une aubaine pour s’enrichir. La seule exigence est d’agir sur ‘’instruction personnelle’’ du Prince pour se couvrir. Puisqu’au Togo, les crimes économiques ne sont pas punis. Et c’est une brèche ouverte pour toute sorte de magouilles. Alors qu’on s’attendait à des poursuites judiciaires, comme sous d’autres cieux, sous les tropiques, des personnalités cotées dans des scandales ne sont pas traquées. Mieux, elles bénéficient de la magnanimité du Prince et sont promues. Pendant que les détournements et les dilapidations des fonds font écrouler les sociétés d’Etat. Les ministères, les services publics, etc. sont gangrenés de corruption.
Au ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et du Cadre de vie, c’est la grande magouille qui continue. Depuis plusieurs mois, une affaire de ristourne crée la tension. A l’ère du défi de l’aménagement des villes togolaises où elle est plus attendue, la Direction Générale de l’Urbanisme et de l’Habitat est secouée par une affaire de mauvaise gestion financière. Son activité principale étant la régularisation des lotissements effectués de façon inappropriée, elle nécessite des ressources financières.
« Sa réalisation se fait par les cabinets de topographie régulièrement installés dans le pays. Ces cabinets font l’état des lieux spatial, c’est-à-dire la restitution de la situation des constructions présentes au temps T du projet dans la zone concernée en vue d’une proposition d’un plan de régularisation auquel doivent se conformer les citoyens pour se faire délivrer les trois tampons du plan de leur terrain. C’est cette activité qui a permis d’avoir les plans d’Adamavo, Anfamé, Bè-Kpota, Vakpossito, etc, pour ne citer que ces zones. Ce sont des efforts salutaires que l’Etat a consentis durant une période pour améliorer le cadre de vie des populations de ces zones », confie-t-on. Alors que son budget d’investissement et d’équipement suffit à peine, il faut compter avec des magouilles.
Au commencement de la gestion catastrophique, était BALI KossiBassimssoué, à l’époque Directeur général jusqu’en mars 2016. En complicité avec le régisseur M. AZOVIDE Inyeza, il est accusé d’avoir été à l’origine de la mauvaise gestion de la ristourne que la Direction Générale du Trésor a régulièrement versée. « De juillet à décembre 2017, elle a réalisé une recette dont le montant s’élève à 57 410 025 F CFA, avec une ristourne de 11 482 005 F CFA. Selon un arrêté du 3 juillet 2018 du ministre de l’Economie et des Finances, la ristourne est répartie comme suit: 60% pour le fonctionnement et l’amélioration du cadre de perception et 40% pour l’intéressement des agents en charge du recouvrement. Malheureusement sa gestion pose problème. Nonobstant la mise en place en 2017 d’une Commission de Gestion des ristournes, les choses refusent de se faire à la normale. Sur des documents fournis par le régisseur, des anomalies sont constatées. Les dates de versement et les montants sur les bordereaux ne sont pas conformes à ceux du trésor public », avions-nous écrit dans l’une de nos récentes parutions.
En janvier 2015, constatant la magouille, le personnel de la dite direction a adressé une pétition au Ministre Me FiatuwoKwadjo SESSENOU de l’Urbanisme, de l’Habitat et du Cadre de vie. « C’est suite à cette pétition que le Ministre, dans sa tentative de règlement du différend, s’est rendu compte de l’existence d’une manne qui est mal gérée. Durant le processus du règlement, le Ministre a privilégié plutôt le financement de la régularisation des lotissements mal faits par les géomètres, afin de soulager la peine des citoyens mal desservis par les voies. Le triste constat est que, depuis juin 2015 qu’il a fait cette promesse, le Ministre a ordonné via le Directeur Général des retraits qui n’ont jamais servi à faire les régularisations », a expliqué une source proche de ladite direction.
Pendant que les ristournes sont détournées, les matériels de travail et surtout les planches d’études sont obsolètes et ne tiennent plus. Difficile de répondre aux demandes sans cesse croissantes en temps réel. Du coup, au niveau des géomètres, c’est le mécontentement. Il est donc décidé de passer à la numérisation avec la phase du scan des planches d’études en état de dégradation avancée. « Ce scan a coûté trois millions (3 000 000) francs CFA pour ne faire que des photocopies illisibles des planches qui n’ont servi à rien. Le scandale pour le premier semestre est qu’il y a eu trois retraits. Le premier retrait, opéré le 13 mars 2018, qui se chiffre à neuf millions huit cent mille (9 800 000) francs,ds n’a pas été destiné à la fameuse régularisation privilégiée par M. le Ministre. Idem pour les deux autres retraits de un million six cent mille (1 600 000) francs et un million cinq cent mille (1 500 000) francs les 03 mai 2018 et 29 juin 2018, au moment où le personnel observait de répétitives cessations de travail », révèlent nos sources.
A quoi ont servi ces retraits effectués par le patron de ce ministère ? En tout cas, c’est la grande interrogation. Puisque dans la boîte, les choses ont du mal à s’améliorer. Et surtout qu’il est reproché au ministre de détourner des fonds pour d’autres fins. Ministre, mais aussi étudiant à l’Institut Supérieur de Droit et de l’Interprétariat (ISDI), inscrit en Master option Marché public, délégation des services publics et Partenariat public-privé, Me FiatuwoKwadjo Sessenou est soupçoné de recouri au service de certains camarades étudiants qui lui reprennent le cours dans son cabinet. Il s’agit de M. HarimKamaa, Mlle TchamouzaTchilalo à qui il a créé des postes au sein du ministère. Selon des indiscrétions, ces derniers seraient rémunérés sur les ristournes. Autre soupçon,les ristournes de la Direction Générale de l’Urbanisme et de l’Habitat auraient servi à financer la sixième université francophone de perfectionnement des géomètres tenue à Lomé les 7, 8 et 9 mars 2018.
Source : www.icilome.com